A chaque crise, la requête d’annulation partielle de la dette extérieure de pays pauvres du continent resurgit. Nombre de dirigeants africains ont à nouveau ressorti cette demande au motif que cela devrait libérer des ressources nécessaires qui seraient affectées à la lutte contre la pandémie du Covid-19 et ses conséquences sociales. En réponse, ils ont obtenu un moratoire du service de la dette, annoncé le 15 avril 2020 par le G20.
Sincèrement, ces créanciers ne pouvaient aller plus loin car la solidarité ne doit pas être un lubrifiant de l’irresponsabilité de nos gouvernants. Oui, la crise du Covid-19 aggrave encore la faible capacité budgétaire dans les pays africains, mais elle n’est que l’arbre qui cache la forêt des problèmes structurels. Pour financer les dépenses publiques, il n’y a pas trente-six solutions : l’impôt et la dette. Or, l’écrasante majorité des pays du continent ont une très faible capacité de mobilisation de recettes fiscales.
Dans les pays de l’OCDE les recettes d’impôts représentent en moyenne 34,3 % de leur PIB. Les pays d’Amérique latine ont une capacité beaucoup plus faible à cet égard, avec une moyenne de 23,1 % du PIB. La capacité des pays africains est encore plus faible, avec 17,2 %. Et encore, il s’agit d’une moyenne. C’est par là que nos dirigeants devraient commencer à travailler plutôt que de multiplier des déclarations où ils quémandent des annulations de dettes.
Très éloignés des marchés financiers internationaux faute de capacité d’endettement et de solvabilité, plusieurs pays, essentiellement des PMA (pays les moins avancés), comme le Burundi, le Mali, l’Ouganda, le Niger, le Tchad, la RDC, etc pourraient connaître de grosses difficultés à se remettre de la crise du Covid-19. Pour ceux-là, les analyses les plus optimistes assurent que l’activité économique répartirait au moins deux ans après le reste du monde.
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