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LeBrief : Avant de commencer notre interview, en accord ou en désaccord avec notre précédent article, pensez-vous qu’il faille censurer certains points de vue, que Le Brief n’aurait pas dû interviewer le Professeur Nabil Adel ?
Me. Khadija El Amrani : Tout le monde a droit à la parole. Moi, je pense, et c’est très personnel, qu’on a le droit de dire ce qu’on ce qu’on pense, même si ce n’est pas logique, même si c’est controversé. Je suis contre la censure. Au nom de la liberté, au nom de la liberté d’expression non, je suis complètement contre la censure.
LeBrief : Le Professeur Nabil Adel avance le fait, qu’en termes démographiques, le retard de l’âge de mariage, le nombre d’enfants par femme diminue considérablement, qu’en pensez-vous ?
Me. Khadija El Amrani : Tant mieux. Je pense qu’il est grand temps qu’on réfléchisse avant de faire un enfant. Aujourd’hui, je pense que l’on s’oriente davantage vers plus de sens de responsabilité. Pour donner naissance à un enfant, il faut y réfléchir, et c’est tant mieux. Il faut savoir que c’est un très bon indicateur. Au lieu de faire trois, quatre, cinq enfants, il vaut mieux en faire un ou deux. Mais avec des parents conscients, des parents qui sont là pour donner le meilleur à leurs enfants.
LeBrief : Il y a toutefois un risque de vieillissement de la population, comme ce qui est observé en Europe…
Me. Khadija El Amrani : Je pense que la raison n’est pas dans le mariage tardif, à croire qu’on se marie à 35 ans ou 40 ans. Non, non, pour l’instant, c’est entre 26 et 27 ans. Et à choisir entre 16 et 18 ans, autant repousser à 18 ans. Au contraire, c’est la santé de ces mamans-enfants qui sera protégée. Parce que finalement, on s’est rendu compte que faire un enfant avant 20 ans est très mauvais pour la santé de la maman.
LeBrief : Santé psychologique ou physique ?
Me. Khadija El Amrani : Les deux. On s’est rendu compte que c’était un réel massacre pour ces petites filles qui accouchent très tôt. Au contraire, la population ne peut que mieux se porter, au contraire, aujourd’hui on doit s’orienter vers plus de responsabilités des parents. C’est évident, avec la nouvelle Moudawana, on va responsabiliser les parents. On ne fera plus d’enfants sans y réfléchir.
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LeBrief : Le Professeur Nabil Adel a aussi soulevé le point du travail à 16 ans, on peut travailler à l’âge de 16 ans, sans aucune autorisation préalable, qu’en pensez-vous ?
Me. Khadija El Amrani : Pour moi, la priorité doit être donnée à la santé de l’enfant. Quand on parle d’un enfant qui doit enfanter ou d’un enfant qui doit travailler, ça me paraît trop jeune. Ça me paraît trop jeune que des enfants de cet âge-là soient responsabilisés si tôt. Ils vont s’user très vite, je trouve que c’est un gâchis, on en voit beaucoup qui démarrent très très jeunes, dans nos sociétés, parce qu’il y a des gros soucis pécuniaires et forcément, ce n’est pas évident. La subsistance économique fait qu’ils sont obligés de travailler très tôt…
LeBrief : Est-ce que ça se joue à quelques années près ?
Me. Khadija El Amrani : Je pense qu’au contraire, on va s’orienter vers une société plus responsable, plus logique. Si chacun connaît son rôle et sa responsabilité, moi je pense que ça ne peut qu’être une démarche d’éveil et de construction. Pour moi, on n’ira que vers quelque chose de meilleur.
LeBrief : L’on dit aussi que la liberté d’une femme, c’est de lui donner le choix, en tant que femme et en tant qu’avocate, que pensez-vous de la polygamie, la voulue, comme la subie ?
Me. Khadija El Amrani : Je vais être très claire avec vous, je vais même vous parler sur le plan expérience personnelle. Avant de pratiquer ces règles, avant de connaître la pratique, j’étais opposée à ces questions de polygamie, j’étais contre la polygamie. Mais la réalité sociale, malheureusement, a fait que personnellement, j’ai vu une autre réalité dans laquelle j’ai compris que la polygamie est quelque chose qui parfois est une nécessité. J’ai déjà eu des femmes qui m’ont dit : « Madame, écoutez, moi s’il me divorce, je n’ai pas d’argent, je n’ai pas fait d’études, je n’ai rien à manger. Laissez-le se marier, franchement. Vous ne pouvez pas lui dire non ».
Ça relève d’un autre problème. C’est une contrainte économique. Parfois, c’est une solution. C’est malheureux de le dire parce que nous sommes des femmes et on ne devrait pas dire des choses comme ça. C’est triste, mais c’est une réalité. C’est réellement une réalité. Pour sauvegarder l’intérêt économique de plusieurs personnes à la fois. De plusieurs femmes, oui.
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LeBrief : Quid de la Tunisie, qui l’a entièrement interdite ?
Me. Khadija El Amrani : La polygamie est une culture africaine. Tant mieux qu’elle ait été compliquée avec une constitution, mais je ne sais pas si la Tunisie a bien fait de l’enlever, parce que finalement, les Tunisiens se rendent dans d’autres pays, et ils se marient en deuxième noce, en Algérie. La douleur est énorme pour la femme qui subit cela.
En termes de polygamie, je pense qu’il y a un grand décalage entre le principe théorique et la réalité sociale.
On peut être complètement opposé sur le principe et c’est le cas, mais malheureusement lorsqu’on voit la réalité sociale, on change complètement d’avis et on se dit finalement… C’est une solution. C’est la réalité sociale, beaucoup de femmes peuvent se retrouver divorcées dans la précarité totale. Ce n’est pas du tout une solution. C’est très fréquent. Croyez-moi que la polygamie c’est très très fréquent. Le matin, quand je me rends au tribunal pour passer des dossiers de divorce, ils commencent d’abord par les dossiers de polygamie. Vous n’imaginez pas, les quantités énormes. C’est beaucoup plus qu’on le croit.
LeBrief : Et justement, puisque vous parlez de précarité économique, le professeur Nabil Adel a proposé une reconnaissance du statut de la femme au foyer, avec un salaire dédié, selon le nombre d’enfants qu’elle, qu’en pensez-vous ?
Me. Khadija El Amrani : C’est difficile. Est-ce que l’État a un budget pour donner ces salaires-là ?
LeBrief : Mais pensez-vous que l’idée est louable, comme ce qui se fait en Europe, sorte d’allocation pour chaque enfant que la femme toucherait ?
Me. Khadija El Amrani : Réellement, c’est une question de budget. Je ne pense pas qu’on ait les budgets pour. Je pense qu’on doit conjuguer avec une diversité. Je suis pour le compromis social, à savoir que nous devons faire des lois qui vont s’adapter à toutes les visions des choses. Nous ne partageons pas les mêmes visions des choses. Même notre vision de notre propre religion est différente. Et la bonne nouvelle, c’est que c’est possible, on retrouve, dans la loi, cette diversité de solution, pour ceux qui veulent divorcer, ceux qui penchent vers polygame… Qu’on puisse trouver toutes les solutions qui feront que chacun y trouvera son compte.
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Polygamie encore !!! Mais dans quelle ère nous vivons ?
L’AUDACE oui l’audace voilà ce dont nous avons besoin.
Une volonté politique et gouvernementale de prendre en charge une ou deux générations de femmes divorcées à cause de la Polygamie pour palier aux problèmes économiques qu’engendre ce genre de situation. Et pour les générations à venir instruire, éduquer et former hommes et femmes. Oui l’éducation est la clé, c’est la solution pour une citoyenneté accomplie, réelle.
Si hommes et femmes sont égaux devant leurs droits et obligations, nos foyers seront sains, équilibrés, nos enfants protégés !!!
Non à la Polygamie !!!!
Oui à l’éducation !!!!!