Mondial 2030 : comme si nous y étions déjà
Nous y sommes. La sixième candidature a été la bonne pour le Royaume. Mercredi après-midi, alors que personne n’attendait la nouvelle avant 2024, le Conseil de la FIFA a annoncé que la candidature déposée conjointement par le Maroc, l’Espagne et le Portugal serait «l’unique candidature» retenue pour l’organisation de la Coupe du monde 2030. Un rêve pour le Maroc qui a commencé son périple en 1994, mais également pour tout le continent qui verra, pour la seconde fois, le gotha du football mondial fouler le sol africain.
Les cinq autres candidatures ont, dans les faits, constitué autant d’expériences dont le Maroc s’est saisi pour parfaire son profil et le rendre FIFA «compliant». Car non le Maroc n’apporte pas uniquement son lot d’exotisme, mais bel et bien sa part de contribution dans l’histoire. Madrid et Lisbonne ont déjà récolté certains avantages lors du vote. Mais ce sont 53 États africains qui se sont ralliés derrière le Royaume, sans oublier les mastodontes du Golfe et notamment le Qatar qui a, lui, su organiser, jusqu’à date, l’une des éditions les plus mémorables en près d’un siècle.
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L’année 2030 promet d’être hautement symbolique : pour la première fois depuis ses débuts en juillet 1930, le Mondial sera disputé sur deux continents, sans oublier le continent sud-américain honoré d’abriter trois matchs pour célébrer le centenaire de la grand-messe du football. Au grand bonheur des aficionados, ce sont six Nations qui verront leur économie prospérer avec l’accueil de certains matchs. Mais avant d’espérer en récolter les bénéfices, l’heure est au travail sérieux !
Dans un monde divisé, la FIFA et le football unissent
Le premier pas est d’emblée franchi : la candidature du trio, et de fait le dossier marocain, a été acceptée. Si les détails ne sont pourtant pas encore fixés, ceux-ci ne sauraient tarder à l’être. Les prochaines réunions seront décisives, notamment celle prévue courant du mois à Rabat. «Pour ce qui est des détails de l’organisation des matchs, nous les traiterons dès le 18 octobre à Rabat. Il y aura d’abord l’annonce officielle de l’organisation tripartite, puis la poursuite des travaux déjà initiés», a révélé Fouzi Lekjaa, président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) et président du Comité de la Coupe du Monde 2030, nommé par le Souverain, au lendemain de l’annonce.
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Des discussions qui prennent déjà forme puisque le Maroc a formulé, par la voix de Lekjaa, le vœu de «vivre une finale mémorable dans un stade d’exception, à Casablanca». Le futur grand stade de Casablanca ambitionne, en effet, devenir le plus grand stade d’Afrique. Mais si ce projet de grande envergure, voulu depuis près de 15 ans, tarde encore à voir le jour, d’autres infrastructures sportives répondant aux normes exigées par la FIFA sont, elles, déjà existantes.
«Dans le cahier des charges, le minimum, c’est 14 sites et le maximum 18. Il y a des villes que nous avons déjà choisies, d’autres pas encore. Celles qui sont connues sont Agadir, Marrakech, le futur Grand Stade de Casablanca, Rabat, Tanger et Fès. Nous prendrons prochainement des décisions au sujet d’autres sites», a indiqué jeudi le patron de la FRMF. Selon les premières informations, encore incertaines, le Royaume compterait mettre à contribution, pour le Mondial de 2030, ces six stades, l’Espagne neuf et le Portugal trois.
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Des investissements avant les revenus
En premier lieu, faisons un point sur ce que coûterait l’organisation du Mondial au trio. «Tenant compte du coût moyen d’organisation d’une Coupe du monde, l’édition 2030 devrait coûter au total entre 15 et 20 milliards de dollars pour le trio Maroc-Espagne-Portugal», estime Sogécapital Gestion (SKG), filiale du groupe Société Générale Maroc, dans une étude publiée en juin dernier. La part du Maroc dans ce budget d’organisation, elle, devrait se situer aux alentours de 5 à 6 milliards de dollars (soit jusqu’à 60 milliards de dirhams).
Les hypothèses formulées par l’organisme prennent en compte les effets de l’inflation et les attentes plus importantes en termes de budget suite à l’édition organisée en 2022. En effet, les auteurs de l’étude notent : «pour l’édition de 2030, nous avons essayé de quantifier l’enveloppe budgétaire que le Royaume devra mobiliser pour faire face à ces investissements, intégrant un certain nombre d’hypothèses, notamment celles relatives à la modernisation des normes de construction, aux effets de l’inflation et aux attentes plus importantes suite à l’édition Qatar 2022».
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Il ressort des analyses de SKG que «le solde budgétaire pourrait se détériorer légèrement, mais que le financement devrait se faire sans pressions supplémentaires sur les finances publiques». En revanche, indiquent les auteurs, «nous devrions enregistrer un creusement à court terme du déficit du compte courant en raison de l’augmentation des importations de produits finis et semi-finis». Une tendance qui devrait néanmoins se renverser à moyen et long termes grâce notamment à l’augmentation des recettes touristiques.
Concernant les impacts macroéconomiques de ces financements, Sogécapital estime que le financement devrait se faire sans pressions haussières sur les taux sur l’horizon 2024-2030. Le compte courant devrait néanmoins se creuser sur cet horizon en lien avec l’augmentation des importations de produits finis et semi-finis (aux alentours de 25 milliards de dirhams, soit 1,5% du PIB).
La célébration du football
«L’annonce du Roi Mohammed VI le 16 mars dernier à Kigali concernant cette candidature conjointe revêt une grande importance tant sur le plan civilisationnel que culturel dans le bassin méditerranéen. Depuis lors, nous avons travaillé pour élaborer une vision adéquate afin de réaliser l’honneur d’organiser la Coupe du Monde en 2030», avait confié Lekjaa à la presse, à l’issue de la première réunion des ministères impliqués dans la candidature du Maroc pour l’organisation de la Coupe du Monde 2030.
Pour faire le topo, nous avons choisi de nous appuyer sur le Bid Book déposé par le Maroc en vue d’obtenir l’organisation du Mondial 2026. Dans ce document, le Maroc faisait état de 12 villes emblématiques sélectionnées pour accueillir les matchs. Selon les premières révélations de Fouzi Lekjaa, ainsi que les hypothèses émises par SKG, six stades sont pour l’heure concernés où devraient être disputés 30 matchs. Notons que la note octroyée par les inspecteurs de la CAF, pour s’enquérir de l’état des infrastructures sportives, hôtelières, routières, logistiques, sécuritaires et autres du Maroc, candidat à l’organisation de la CAN 2025 (85 points/100) est un bon indicateur des atouts dont dispose déjà le Royaume.
À date, cinq de ces stades sont construits, mais doivent connaître des travaux de rénovation ou d’expansion notamment. Il s’agit des terrains de Marrakech, Agadir, Fès, Tanger et Rabat, tous gérés par la société Internationale de réalisation et gestion des Stades (SONARGES). Selon des sources citées par Médias24, le stade de Tétouan pourrait être inclus dans la liste. Ceux-ci seront entièrement rénovés pour répondre aux exigences dictées par la FIFA : nombre de places assises et normes en matière de sièges, couverture complète des tribunes, mise à niveau et rénovation complètes de tous les espaces (zones des joueurs, salons d’accueil et aux loges), alimentation électrique, éclairage, informatique et autres technologies, équipements, climatisation, accessibilité, installations sanitaires et parking.
Seul le Grand stade de Casablanca serait donc à construire. SKG estime, dans sa mise à jour après l’annonce, à 17 MMDH la construction et la rénovation des stades. Par ailleurs, une enveloppe budgétaire de 8 MMDH devrait être allouée aux coûts relatifs aux quelque 130 centres d’entraînement : 61 centres existants devront être rénovés et autant à construire. Ce sont, au total, 25 MMDH de charges relatives aux infrastructures sportives. Une somme qui devrait être intégralement supportée par l’État dans son budget sur l’horizon 2024-2030.
Grand stade de Casablanca. Objet d’une convention-cadre en 2008, le projet a ensuite disparu des radars, avant d’être relancé à l’occasion de la candidature du Maroc pour la Coupe du monde 2026. Si le Bid Book faisait état d’une fin des travaux au dernier trimestre 2025, force est de constater que rien, aujourd’hui, n’indique que la réalisation de cette infrastructure soit imminente. Karim Glaibi, membre du Conseil municipal de Casablanca, a toutefois indiqué fin juin que le projet faisait l’objet d’un accord en cours de signature entre plusieurs parties impliquées. Mais si plusieurs réunions ont été tenues, aucune n’a pour l’heure abouti à la validation explicite et officielle. Principaux freins : le coût du projet estimé à 6 MMDH (initialement seuls 2 MMDH étaient prévus) et d’autres problématiques liées à l’accessibilité du site. Le stade, une fois construit, devrait accueillir jusqu’à 93.000 personnes. Une capacité qui devrait lui permettre d’organiser, selon les normes de la FIFA, un match d’ouverture ou de finale de la Coupe du monde.
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Stade Prince Moulay Abdellah de Rabat. Initialement, si l’on se réfère encore une fois au Bid Book Maroc 2026 les travaux de rénovation auraient dû prendre fin en décembre 2022. Seulement, voilà quelques semaines à peine que les travaux de démolition se sont achevés pour laisser place à la construction des nouvelles tribunes. Aux dernières informations, il s’agirait donc d’une reconstruction, plutôt d’une rénovation. Selon les estimations initiales de SKG le budget devrait avoisiner le milliard de dirhams. Si aucune communication officielle n’a été faite, certaines séquences vidéo et photos sur les réseaux sociaux attestent des travaux déjà en marche. Objectif : arriver à une capacité d’accueil de 67.000 places assises. La FRMF avait même indiqué que le match d’ouverture de la CAN 2025 devrait se jouer sur la nouvelle pelouse du stade. Concernant le Mondial 2030, la capacité d’accueil du terrain pourrait permettre à Rabat d’abriter des matchs de demi-finales.
🔴 Update: The construction of the new stands at the 𝗥𝗮𝗯𝗮𝘁 stadium is progressing well.
This stadium will have a capacity of nearly 70,000 seats, making it the third-largest Moroccan stadium in the tripartite bid for hosting the 2030 World Cup.
Prior to that, it will… pic.twitter.com/79C3V5cCEj
— Le Maroc moderne (@Lemarocmoderne) October 1, 2023
Grand stade de Marrakech. Doté d’une capacité de 42.000 sièges numérotés, le stade «a accueilli depuis son ouverture en janvier 2011, plus de 900 événements, dont 35 manifestations internationales», avait révélé plus tôt dans l’année son directeur, Rachid Naifi. Avec les travaux de rénovation, dont la fin était initialement prévue en mars 2024, le stade devrait être doté d’une capacité d’accueil de plus de 60.000 places assises. Un second stade qui pourrait donc abriter des matchs de demi-finales. SKG estime le montant de la rénovation à près d’un milliard de dirhams.
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Stade de Fès. Le terrain de la ville de Fès est aussi de la partie. Fouzi Lekjaa avait mis en avant ses atouts, notamment sa capacité de plus de 40.000 sièges, précisant que les matchs de la CAN 2025 y seront disputés. Si le programme de rénovation devait être achevé en juin 2023, nos confrères du Desk ont révélé il y a à peine quelques mois que les travaux ont été confiés à l’architecte Fikri Benabdellah.
Stade Ibn-Battouta de Tanger. Alors que le Bid Book Maroc 2026 prévoyait la fin du plan de rénovation pour juin 2023, les travaux d’élargissement du terrain ont été finalement lancés le vendredi 28 juillet 2023. Censés durer un an, ils porteront la capacité de l’enceinte sportive à 85.000 places, la capacité actuelle étant de 65.000 sièges. Selon les informations relayées par Le360, le stade de Tanger deviendrait le premier stade marocain couvert dans son intégralité. 500 panneaux solaires couvriront également une partie de l’extérieur du stade. Une société sud-coréenne aurait été sollicitée, entre autres, pour réaliser la toiture en question. Le stade, sous sa nouvelle allure, devrait être inauguré dans un an avec notamment un match des Lions de l’Atlas.
Stade Adrar d’Agadir. Avec une capacité de 42.000 places assises, ce complexe sportif dispose de tout ce qu’un stade a besoin pour répondre aux normes internationales. Il s’agit du stade le plus récent construit par le Royaume. Les travaux de rénovation, tels qu’indiqués dans le dossier de candidature marocain 2026, envisagent de donner un cachet unique au stade. «Le toit est inspiré de tentes berbères», lit-on sur le document. La couverture des tribunes est, en effet, une des obligations énoncées dans les normes de la FIFA.
Des dessertes généralisées
L’économiste expert en méthodes quantitatives et professeur habilité en sociologie à la faculté de Lettres et des Sciences Humaines de Fès, Saadeddine Igamane, expliquait en 2018, en lien avec le Mondial 2026, que la candidature marocaine était un point positif pour le pays «qui sera obligé non seulement de mettre à niveau les infrastructures sportives, mais hors du sport également». Aujourd’hui qu’il a décroché l’organisation, avec l’Espagne et le Portugal, de la Coupe du monde 2030, il devra doper ses infrastructures routières, sportives et hôtelière.
Dans ses estimations, la filiale de Société Générale Maroc fait état d’un budget de 17 milliards de dirhams alloué pour mettre à niveau les réseaux autoroutier et ferroviaire. L’investissement porterait également sur le développement du réseau de transport internes des villes hôtes : bus, tramway, routes, … Le financement, lui, devrait être supporté par les SEGMA à travers des crédits bancaires et/ou recours au marché de la dette privée.
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Sans surprise, le BTP sera l’un des principaux bénéficiaires de cette compétition. «Les capacités installées pour la production de ciment (22MT contre 14MT de consommation actuelle) et fer à béton seraient suffisantes quant à la demande. Les différents projets devraient accroître le carnet de commandes des sociétés du BTP cotées en bourse (Aluminium du Maroc, TGCC, Jet Contractors, …)», prévoit SKG.
Selon l’étude, le secteur serait « »drivé » pendant plusieurs mois, voire des années, par les projets d’envergure (stades, infrastructures, routes, etc.), renforçant ainsi le taux d’utilisation des opérateurs». Ainsi, la grande partie du coût d’organisation, soit près de 20 milliards de dirhams, devrait se diriger vers le secteur.
Dans son rapport intitulé «Comment les transports peuvent-ils stimuler le progrès économique et social dans un monde au bord de la récession ?», le Forum économique mondial (WEF), a attribué un indice de 4,5/7 au Royaume pour la qualité des infrastructures routières. Un score qui conforte sa place dans le top 5 dans la région MENA, le plaçant dans la même catégorie que des pays comme le Qatar, le Bahreïn ou encore l’Arabie Saoudite. Mais il n’est pas question de s’asseoir sur ses lauriers.
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Le département de Nizar Baraka a accéléré ses projets d’infrastructures routières et prévoit le passage à un taux de «bonnes routes» de 62% à 66% à fin 2023. Dans son intervention à la Chambre des Conseillers (janvier 2023), le ministre a rappelé que le Royaume dispose d’un réseau routier important d’environ de 50.000 km, dont 1.800 km d’autoroute et 1.600 km de voie express.
Aux dernières informations, voici la liste des projets lancés par le ministère et leur état d’avancement à même de soutenir le développement économique des régions :
- Les travaux du triplement de l’autoroute Casablanca-Berrechid sur une longueur de 20 kilomètres, pour un coût globale de 970 MDH. La mise en chantier est imminente selon Anouar Benazzou, directeur général de la société nationale des Autoroutes du Maroc (ADM). Elle s’étendra sur quatre ans avec une fin de chantier prévue pour 2026 ;
- Le triplement de l’autoroute de contournement de Casablanca sur une longueur de 30 kilomètres, pour un coût de 900 MDH ;
- Le lancement du projet de construction de l’autoroute continentale Rabat-Casablanca sur une longueur de 60 kilomètres, initialement lancé en 2016 et dont le coût d’investissement est estimé à 5 MMDH ;
- Le lancement de la deuxième phase l’étude pour la construction de l’autoroute Marrakech-Fès via Béni Mellal sur une longueur de 180 kilomètres ;
- Le projet de contournement Nord-Est du Grand Agadir, sur un total de 40 kilomètres, enregistre, lui, des avancées importantes ;
- L’aménagement de la voie express urbaine à Agadir, dont la réalisation de trémies au niveau de la ville, sur une longueur de 20 kilomètres.
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Les projets précités sont les chantiers routiers les plus importants pour accompagner les travaux de préparation à l’organisation de la Coupe du monde 2030. Toutefois, il ne s’agit pas pour l’Exécutif de délaisser les autres régions. Notons que dans la liste qui suit, la voie express reliant Tiznit à Dakhla, un mégaprojet qui affiche un taux d’avancement de plus de 80% pour un coût global de 8,8 MMDH (une rallonge a été opérée en mars dernier), est l’ossature du programme de développement des provinces du Sud. Ce projet permettra de doter les provinces du Sud d’un axe routier aux normes internationales et contribuera à réduire la durée des déplacements et constituera un levier important pour l’investissement. Cela impactera positivement et directement une grande partie de la population.
- La construction de l’autoroute Tit Melil-Berrechid sur une longueur de 30 kilomètres, pour un budget de 1,7 MMDH ;
- La construction de l’autoroute Guercif-Nador sur une longueur de 104 kilomètres, pour un investissement de plus de 5,5 MMDH, est débloquée ;
- Le lancement de l’appel d’offres pour la réalisation du tronçon Guercif-Saka sur une longueur de 32 kilomètres ;
- Le lancement de l’étude pour la construction de la voie express El Hajeb-Rissani sur une longueur de 105 kilomètres ;
- Le lancement du projet de construction du tronçon reliant le Port de Safi au réseau autoroutier sur longueur de 18 kilomètres ;
- Les études préliminaires réalisées pour la construction d’une autoroute liant le réseau autoroutier à la voie Express Tiznit-Dakhla, sur une longueur de 85 kilomètres ;
- Les études géophysiques et géotechniques lancées pour le tunnel d’Ourika sur une longueur de 10 km avec l’aménagement de 80 km de routes et la construction de 10 ponts.
Par ailleurs, grâce à l’expansion du réseau ferroviaire, 87% de la population sera reliée, à horizon 2040, au rail, contre 51% actuellement. Le calendrier de mise en œuvre du Plan Maroc Rail, mené par l’Office national des chemins de fer (ONCF), est toutefois lié à la disponibilité du financement nécessaire, estimé à 375 MMDH. En janvier dernier, le ministre du Transport et de la Logistique, Mohamed Abdeljalil, a indiqué que ce projet ambitieux «nécessite de trouver des solutions de financement novatrices basées sur le partenariat public-privé, outre l’implication des collectivités territoriales».
Le plan ferroviaire «ambitieux» comprend 1.300 km de lignes à grande vitesse, qui relieront Tanger à Agadir d’une part, et Oujda à Rabat de l’autre. Ajouté à cela, plus de 3.800 km de lignes à moyenne vitesse existeront à horizon 2040. Ces projets sont encore à l’étude, dans l’objectif de relier 43 villes, contre 23 actuellement.
Cependant, le Royaume entend déjà investir d’ici à 2025, la bagatelle de 2,14 MMDH dont une partie servira à l’acquisition d’une centaine de trains. Reste à savoir quelles entreprises participeront à ces transactions. Les espagnols ont affiché leur volonté de se positionner, concurrençant ainsi les entreprises françaises comme Alstom, qui, pour rappel, a réalisé il y a sept ans la première ligne à grande vitesse du Royaume reliant Tanger à Casablanca.
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Par-delà le sport
Le développement des infrastructures est certes un point sur lequel le Royaume doit être au rendez-vous, mais la technique reste un domaine que l’on maîtrise. L’organisation d’événements de l’envergure d’un Mondial suppose tout un dispositif «au-delà du sport» sur lequel il va falloir dès maintenant se pencher. Il y a quelque temps, le bureau d’études Sunergia a enquêté auprès d’un échantillon de 1.000 Marocains sur les aspects clés qui, selon eux, doivent relever de la priorité. Il en ressort que l’action principale est, sans surprise, le renforcement des infrastructures routières (35%), l’amélioration des infrastructures sportives (25%), le renforcement de la sécurité (19%) et enfin l’amélioration des services hôteliers (14%).
Parmi les autres points à améliorer, les participants ont souligné la propreté et l’hygiène des villes (12%), le transport (8%), la diversification des offres et des services de santé (6%), ainsi que l’instauration d’une stratégie d’organisation et de sensibilisation des citoyens (6%).
Le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, avait précédemment affirmé que l’Exécutif est entièrement engagé à soutenir le Comité chargé de la candidature du Maroc, aujourd’hui devenu Comité Coupe du Monde 2030, et veillera à se conformer aux normes requises. Cela implique la mise en place de sites d’entraînement adaptés, des hébergements pour les équipes, des espaces pour les événements connexes, une capacité hôtelière suffisante pour les supporters, ainsi que l’aménagement de zones réservées au FIFA Fan Festival (Fan Fest) et une infrastructure technologique de pointe, entre autres.
Les coûts d’organisation généraux devraient avoisiner 10 MMDH, selon SKG. Le budget global, aux alentours de 3 milliards de dollars, devrait être supporté par les 3 pays organisateurs. Des prêts concessionnels extérieurs et des dons ou aides d’autres pays pourraient couvrir cette charge. Un engagement qui pourrait générer des recettes touristiques jusqu’à 120 MMDH sur l’année 2030.
S’agissant de l’offre hôtelière, la plupart des villes pressenties pour être hôtes du Mondial 2030 disposent d’une infrastructure importante qu’il faudra renforcer. En effet, l’étude de SKG indique que plus de 100.000 lits supplémentaires sont à fournir pour répondre à la demande dans les villes hôtes. Restent en suspens les questions liées aux autres infrastructures telles que les maisons d’hôtes, auberges, Airbnb, …
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Mettre les télécoms au niveau
L’économie du pays devra ainsi tirer profit de tous les bénéfices directs et indirects liés à ette prestigieuse Coupe. Et, «s’il y a un secteur qui devrait servir de carburant et de vecteur de connectivité mondiale à cette grosse machine, c’est bel et bien celui des télécoms. En effet, les télécoms en particulier, et l’IT en général, devraient bénéficier de retombées directes et indirectes illimitées. Sauf que les pré-requis techniques de l’organisation d’un tel événement, d’envergure internationale, supposent l’accélération dès cette année d’une série de chantiers structurants», confiait en juillet l’expert en Télécom Khalid Ziani à nos confrères de Challenge.
Parmi ces chantiers, l’attribution aux opérateurs des licences 5G dès 2024, relève l’expert. À ce jour, l’écosystème d’abonnés avoisine juste 330.000 connexions, soit un taux de pénétration du haut débit de 3,9%, selon l’ANRT, ce qui demeure très minime comparativement à des pays similaires (Tunisie 7%, Algérie 7,7% et Égypte 5,4%).
Si pour l’heure, il n’existe pas d’application qui justifie l’utilisation de la 5G pour la grande masse des usagers, l’attribution de l’organisation du Mondial 2030 change la donne. Il va falloir, de fait, mettre en place les bases solides et les fondamentaux d’une infrastructure opérationnelle, implémenter et généraliser des liens de fibre optique avec le recours aux câbles sous-marins afin de permettre une connexion sans faille avec les cinq continents.
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Et selon le président de l’Ausim, Hicham Chiguer, la 5G fera ses apparitions au Maroc courant 2024. Et de préciser sur les tribunes de Challenge que «les acteurs souhaitent rentabiliser sur la 4G avant de se lancer dans la 5G. C’est ce qui a joué dans la balance concernant le lancement en 2023».
Sans prétention de se comparer au Qatar, il y a une véritable réflexion qui devra être menée pour permettre aux fans de football présents en 2030 de communiquer et de partager les diverses images et vidéos avec leurs familles et leurs amis. En 2022, la technologie mobile qatarie a été déployée sur 8 .466 antennes multifaisceaux, et ce, sur tous les stades concernés, couvrant plus de 310 miles de connecteur RF. Le périmètre du stade est couvert par 41 solutions DAS Smart Pole et plus de 45 emplacements de macro-tours extérieurs. C’est un réseau mobile qui consistait aussi en plus de 5.000 cellules, des services TETRA et une dorsale Wi-Fi qui fournit de multiples technologies numériques aux aficionados.
Dans les prochains mois et années, nous verront se dessiner petit à petit ce à quoi nous avons rêvé depuis des générations. 2030, c’est dans sept ans. D’aucuns diront que nous avons encore le temps. Mais 2030, c’est aujourd’hui. Notre réalité nous rappelle malheureusement les chantiers espérés puis jetés aux oubliettes. Mais notre identité est là pour nous prouver que face aux priorités, nous savons nous mobiliser en tant que Nation. L’organisation de cette grand-messe avec des pays voisins n’est pas uniquement l’affaire des dirigeants, mais celle de tous. Un Mondial hautement symbolique que Rabat, Madrid et Lisbonne promettent d’être mémorable !