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Miel… bientôt plus une goutte sur nos tartines?

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La sécheresse ne cesse de faire de nombreuses victimes. Surtout en termes agricoles. En ligne de mire, cette fois-ci, les apiculteurs qui voient leurs abeilles disparaître à vue d’œil, et par la même occasion leur miel.

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Les fleurs fanent et les abeilles ne butinent plus. Ce n’est pas le début d’un poème, mais une réelle tragédie que subissent les apiculteurs marocains depuis quelques années. Dépourvus de toute stratégie, certains pensent à tout bonnement jeter l’éponge et à une reconversion.
Quel dommage pour un pays comme le Maroc, de perdre l’une des meilleures douceur naturelle plébiscitée dans le monde entier.

Deux causes ont été mises en avant, tout d’abord la sécheresse dont souffre l’ensemble du territoire et en second plan, la maladie.

Direction la région de Aït Baha, pour constater avec effroi la terrible réalité. Sur place, un producteur local nous explique avec dépit que sa production est en berne. « On a d’abord constaté un problème de pluviométrie. Puis, petit à petit, nos abeilles sauvages ont commencé à disparaître ».

Les abeilles sauvages, comme leur nom l’indique, sont sauvages. Elles butinent, partent et reviennent, pour reprendre les propos de l’apiculteur. Celles-ci fournissent le miel le moins cher existant sur nos marchés. Les abeilles, dites domestiques, sont nourries, par exemple au thym, ou autres épices, afin de donner du miel aromatisé. « Il y a davantage de charges à prendre en considération, ce miel-là est donc notablement plus cher« , explique l’apiculteur à Lebrief.

Depuis plusieurs mois, la végétation n’est plus ce qu’elle était. Offrant un affligeant spectacle aux abeilles cherchant des fleurs à butiner, source de nourriture principale de l’abeille, fournissant son nectar et ses protéines. Une longue période de pluie serait nécessaire pour revenir aux jours de gloire de l’apiculture marocaine. Déjà, en 2022, la production de miel avait chuté de 70%, en raison de l’effondrement des colonies d’abeilles. Une tendance qui s’est poursuivie en 2023, obligeant les apiculteurs à avoir recours, pour la première fois de leur histoire à un sit-in devant la direction de Développement des filières de production à Rabat.

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Il faut dire que les saisons ont connu un réel changement au Maroc, où il fait incroyablement chaud en hiver. Cela engendre une floraison de certaines plantes à des moments inhabituels, alors que d’autres plantes connaîtront une floraison réduite en raison du manque de froid.

Une augmentation des prix

Au niveau de l’Oriental, dans la région de Berkane, même son de cloche où une apicultrice nous explique qu’en période de sécheresse, il est quasi impossible de poursuivre son activité. Outre ce point, elle déclare que même le consommateur n’est plus aussi sensible à la provenance d’un produit. « Il pourrait consommer un faux miel, hautement mélangé, sans que cela ne le dérange« . Et même les clients qui s’approvisionnaient en quantité à cette période de Ramdan, ne prennent qu’un petit kilo, histoire de goûter et de soutenir les producteurs locaux qu’ils connaissent.

Il faut dire que la sensibilité à un bon produit n’est pas le seul facteur qui mène un consommateur vers son choix. Le prix, est assez déterminant dans l’acte d’achat. Cette année, les prix ont connu une importante hausse de 20 à 50% sur certains produits.

« Le miel le moins cher que nous avons est le miel d’oranger. Avant, il ne coûtait en moyenne que 400 dirhams le kilo. Actuellement, il m’est impossible de le vendre à moins de 600 dirhams« , détaille l’apiculteur de Aït Baha. Idem pour le miel d’euphorbe, dit aussi Daghmous, le plus cher sur le marché. Ce dernier se vend en ce moment à 900 dirhams le kilogramme.

Cette augmentation finira par avoir raison du marché du miel marocain.

PMV, des objectifs loin d’être atteints

Le Plan Maroc Vert (PMV) avait de grandes ambitions pour l’apiculture marocaine. Il était prévu que la filière atteigne les 16.000 tonnes en 2020. Deux ans plus tard, seuls 6.500 tonnes ont été enregistrées et 7.300 en 2021, soit une croissance de 38% par rapport à 2009. C’est dans ce cadre que le nombre de ruches modernes est passé de 111.000 à 640.000 durant cette période. Les chiffres en croissance sont, donc, essentiellement liés à cela qu’à une amélioration des procédés techniques.

Le Plan Maroc Vert a tout de même contribué à la professionnalisation de cette filière, une évolution significative du nombre d’apiculteurs, passant de 22.045 en 2009 à 36.300 en 2019 soit une augmentation de 65%. La production est également passée de 4.717 tonnes en 2009 à 7.960 tonnes en 2019, enregistrant une croissance de 69%. Cette progression notable a été soutenue par l’équipement de 850 unités de culture avec des matériaux favorisant la production et la réalisation de 110 projets apicoles dans le cadre du Pilier II, ainsi que de 19 projets d’agrégation autour des unités de valorisation et/ou de conditionnement.

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Le problème de l’import

Face à l’envolée des prix, beaucoup de commerçants marocains se tournent vers le miel étranger pour fournir aux consommateurs une douceur à prix plus abordables. Or, dans ce contexte, nos deux apiculteurs interrogés s’accordent à dire qu’il faudrait penser à soutenir la production locale, même plus chère, auquel cas, ce sont plus de 36.000 apiculteurs qui mettront la clef sous la porte.

De surcroît, selon notre apiculteur d’Aït Baha, certains commerçants s’amusent à mélanger les différents miels (étrangers et marocains) et à les faire passer pour du 100% marocain. « C’est malhonnête, trompeur et ça donne une mauvaise image du Made in Morocco« , déclare-t-il.

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