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L’inflation atteint aux États-Unis les 8,2% en un an, un seuil jamais atteint en presque 40 ans. C’est l’un des enjeux fort des élections de mi-mandat aux États-Unis, les midterms, et cela reste l’une des préoccupations majeures des Américains. Selon le Center for American Political Studies (Harvard/Harris), 37% des Américains mettent l’inflation en haut de leur priorité du moment.
Les républicains ne s’y sont pas trompés et ont fait campagne sur le thème de la vie chère, alors que Joe Biden, de son côté, a mis en avant les grands chantiers qu’il a lancés durant ces deux dernières années. Ce sont deux discours et chacun a sa raison d’être.
Pour bien comprendre, il faut se remettre dans le contexte de la précédente élection : il y a deux ans, Joe Biden, s’était posé en défenseur de la classe moyenne, face à des républicains qu’il a dépeints comme faisant partis des nantis. Ce discours, qui a su mobiliser un temps, est aujourd’hui inaudible dans un contexte de très forte inflation.
Quelques chiffres : les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 13,5% en un an. Le surcoût mensuel lié à l’inflation, c’est-à-dire ce que chaque foyer américain doit dépenser en plus chaque mois, s’il voulait revenir à son niveau de vie de janvier 2021 – date de l’arrivée au pouvoir de Joe Biden – est de 728 dollars en moyenne, selon la commission économique du Congrès.
Ces pertes en termes de pouvoir d’achat ont bien sûr influencé le vote, les Américains faisant plus confiance aux républicains pour juguler cette inflation et pour redonner des couleurs à l’économie, comme le confirme le sondage de CNN, 71% des Américains jugent les républicains plus aptes à s’attaquer à l’inflation, contre 18% pour les démocrates. Une croissance en demi-teinte Pourtant, l’économie américaine ne se porte pas si mal. Les États-Unis ont enregistré un trimestre de croissance entre juillet et septembre, avec +2,6% en rythme annualisé. Quant au marché de l’emploi, il affiche toujours une santé de fer. Selon les derniers chiffres d’octobre, les employeurs privés ont créé le mois dernier 261.000 emplois, bien plus qu’en septembre, et bien plus qu’attendu. Et Joe Biden peut revendiquer 10 millions de postes créés depuis son entrée à la Maison Blanche.
Mais ces chiffres sont trompeurs, en réalité, cette croissance du PIB américain s’explique très largement par la bonne tenue de la balance extérieure : les États-Unis ont réduit leurs importations, et il y a une forte hausse des exportations d’hydrocarbures. De son côté, la consommation, principal moteur de l’économie, n’a progressé que de 1,4 point, l’investissement, lui, a reculé de 8,5%. Et tout le monde parle de récession à venir.
La Banque centrale américaine s’efforce de réussir un atterrissage en douceur, avec une hausse des taux qu’elle veut contrôler, pour venir à bout de cette inflation sans plomber l’économie. Mais l’effet sur l’inflation mettra des mois à arriver et le ralentissement de l’économie américaine semble inéluctable dans ce contexte haussier. Les «Bidenomics» en question : pendant ces deux années de mandat, Joe Biden a pourtant réussi des avancées majeures, en faveur des classes populaires, pour faire baisser le prix des médicaments, alléger la dette étudiante, ou encore relancer l’emploi industriel… Le président américain peut ainsi se targuer de plusieurs victoires au Congrès, dont le vote du Chips Act qui va permettre l’implantation de plusieurs giga-usines de semi-conducteurs aux États-Unis, ramenant des emplois industriels dans le pays.
Quant à l’Inflation Reduction Act, voté tout récemment, c’est le plus gros investissement jamais décidé dans la lutte contre le changement climatique, soit 370 milliards de dollars pour la construction d’éoliennes, de panneaux solaires et de véhicules électriques. Le tout avec un crédit d’impôt à la clé : jusqu’à 7 500 dollars accordés aux ménages, réservé à l’acquisition d’un véhicule électrique sortant d’une usine nord-américaine avec une batterie fabriquée localement, du jamais vu… Et une politique interventionniste de dépenses tous azimuts qui a désormais un nom, «Bidenomics», qui pourrait bien coûter quelques sièges aux démocrates lors de ces élections de mi-mandat.
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