Accueil / Monde

“Midterms” aux États-Unis : l’inflation, une épine dans le pied des démocrates

Temps de lecture

Une vidéo montre le président américain Joe Biden projetée sur un écran alors que l'ancien président américain Donald Trump parle lors d'un rassemblement avant les élections de mi-mandat, à Miami, en Floride, le 6 novembre 2022. © Marco BELLO / Reuters

L’inflation atteint aux États-Unis les 8,2% en un an, un seuil jamais atteint en presque 40 ans. C’est l’un des enjeux fort des élections de mi-mandat aux États-Unis, les midterms, et cela reste l’une des préoccupations majeures des Américains. Selon le Center for American Political Studies (Harvard/Harris), 37% des Américains mettent l’inflation en haut de leur priorité du moment.

Les républicains ne s’y sont pas trompés et ont fait campagne sur le thème de la vie chère, alors que Joe Biden, de son côté, a mis en avant les grands chantiers qu’il a lancés durant ces deux dernières années. Ce sont deux discours et chacun a sa raison d’être.

Pour bien comprendre, il faut se remettre dans le contexte de la précédente élection : il y a deux ans, Joe Biden, s’était posé en défenseur de la classe moyenne, face à des républicains qu’il a dépeints comme faisant partis des nantis. Ce discours, qui a su mobiliser un temps, est aujourd’hui inaudible dans un contexte de très forte inflation.

Quelques chiffres : les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 13,5% en un an. Le surcoût mensuel lié à l’inflation, c’est-à-dire ce que chaque foyer américain doit dépenser en plus chaque mois, s’il voulait revenir à son niveau de vie de janvier 2021 – date de l’arrivée au pouvoir de Joe Biden – est de 728 dollars en moyenne, selon la commission économique du Congrès.

Ces pertes en termes de pouvoir d’achat ont bien sûr influencé le vote, les Américains faisant plus confiance aux républicains pour juguler cette inflation et pour redonner des couleurs à l’économie, comme le confirme le sondage de CNN, 71% des Américains jugent les républicains plus aptes à s’attaquer à l’inflation, contre 18% pour les démocrates. Une croissance en demi-teinte Pourtant, l’économie américaine ne se porte pas si mal. Les États-Unis ont enregistré un trimestre de croissance entre juillet et septembre, avec +2,6% en rythme annualisé. Quant au marché de l’emploi, il affiche toujours une santé de fer. Selon les derniers chiffres d’octobre, les employeurs privés ont créé le mois dernier 261.000 emplois, bien plus qu’en septembre, et bien plus qu’attendu. Et Joe Biden peut revendiquer 10 millions de postes créés depuis son entrée à la Maison Blanche.

Mais ces chiffres sont trompeurs, en réalité, cette croissance du PIB américain s’explique très largement par la bonne tenue de la balance extérieure : les États-Unis ont réduit leurs importations, et il y a une forte hausse des exportations d’hydrocarbures. De son côté, la consommation, principal moteur de l’économie, n’a progressé que de 1,4 point, l’investissement, lui, a reculé de 8,5%. Et tout le monde parle de récession à venir.

La Banque centrale américaine s’efforce de réussir un atterrissage en douceur, avec une hausse des taux qu’elle veut contrôler, pour venir à bout de cette inflation sans plomber l’économie. Mais l’effet sur l’inflation mettra des mois à arriver et le ralentissement de l’économie américaine semble inéluctable dans ce contexte haussier. Les «Bidenomics» en question : pendant ces deux années de mandat, Joe Biden a pourtant réussi des avancées majeures, en faveur des classes populaires, pour faire baisser le prix des médicaments, alléger la dette étudiante, ou encore relancer l’emploi industriel… Le président américain peut ainsi se targuer de plusieurs victoires au Congrès, dont le vote du Chips Act qui va permettre l’implantation de plusieurs giga-usines de semi-conducteurs aux États-Unis, ramenant des emplois industriels dans le pays.

Quant à l’Inflation Reduction Act, voté tout récemment, c’est le plus gros investissement jamais décidé dans la lutte contre le changement climatique, soit 370 milliards de dollars pour la construction d’éoliennes, de panneaux solaires et de véhicules électriques. Le tout avec un crédit d’impôt à la clé : jusqu’à 7 500 dollars accordés aux ménages, réservé à l’acquisition d’un véhicule électrique sortant d’une usine nord-américaine avec une batterie fabriquée localement, du jamais vu… Et une politique interventionniste de dépenses tous azimuts qui a désormais un nom, «Bidenomics», qui pourrait bien coûter quelques sièges aux démocrates lors de ces élections de mi-mandat.

https://open.spotify.com/episode/2PKNPMz8zzIfNnZDtoMDYs?si=6bvrQHuPSLyjh9T7Snjprw

Dernier articles
Les articles les plus lu

Gaza : ruines et vies brisées

Monde - Une frappe aérienne nocturne menée par l’armée israélienne a ravagé un immeuble résidentiel dans le nord de Gaza faisant 26 morts.

Ilyasse Rhamir - 17 novembre 2024

Inondations : Pédro Sanchez remercie le Maroc pour son soutien

Monde - Le président du gouvernement espagnol, Pédro Sanchez a témoigné sa gratitude au Royaume du Maroc pour son soutien

Mbaye Gueye - 15 novembre 2024

Bluesky : l’alternative à X séduit un million de nouveaux utilisateurs en 24 heures

Monde - Le réseau social américain Bluesky a annoncé avoir attiré un million de nouveaux utilisateurs en seulement 24 heures.

Farah Nadifi - 15 novembre 2024

L’administration Trump annonce de nouvelles nominations

Monde - Le président-élu des États-Unis, Donald Trump, a annoncé cette semaine plusieurs nominations importantes pour son futur gouvernement.

Farah Nadifi - 15 novembre 2024

Donald Trump nomme un promoteur immobilier au poste d’émissaire spécial pour le Moyen-Orient

Monde - Steven Witkoff a été nommé au poste d’envoyé spécial des États-Unis pour le Moyen-Orient par le président Donald Trump.

Mbaye Gueye - 14 novembre 2024

Concurrence : l’UE inflige une amende de 798 millions d’euros à Meta

Monde - La Commission européenne a annoncé ce jeudi avoir infligé à Meta (anciennement Facebook) une amende de 798 millions d'euros.

Farah Nadifi - 14 novembre 2024

Migration record : un essor économique, des défis sociaux

Monde - Les flux migratoires vers les pays de l’OCDE ont atteint un niveau record en 2023 avec 6,5 millions de nouveaux immigrants.

Ilyasse Rhamir - 14 novembre 2024

La sphère Trump : entre polémiques et surprises à Washington

Monde - Après sa réélection à la présidence, Donald Trump dévoile une équipe de choix pour son second mandat.

Farah Nadifi - 14 novembre 2024
Voir plus

CMAE : ouverture du Segment des ministres ce jeudi

Afrique, Économie, Monde - Ouverture, ce jeudi, de la 18ᵉ Conférence africaine sur l’environnement ce jeudi matin à Dakar.

Hajar Toufik - 15 septembre 2022

«Nous sommes le peuple de la lumière, eux sont celui des ténèbres» : l’inquiétant discours de Netanyahu

Monde - C’est un discours aux accents messianiques qu’a livré mercredi soir le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu

Atika Ratim - 27 octobre 2023

Gaza : la famine comme arme de guerre en attendant une possible trêve

Monde Le Conseil de sécurité votera ce lundi une nouvelle résolution appelant à une «cessation urgente et durable des hostilités» à Gaza

Atika Ratim - 18 décembre 2023

Syrie : vers une transition politique sous surveillance internationale

Monde - Les ministres des Affaires étrangères de la France et de l’Allemagne ont appelé à une transition pacifique et inclusive en Syrie.

Mbaye Gueye - 3 janvier 2025

Le dessinateur Jean-Jacques Sempé, père du « Petit Nicolas », n’est plus

Monde - Le dessinateur français Jean-Jacques Sempé, connu pour ses illustrations des aventures du "Petit Nicolas" et ses dessins de presse humoristiques, est mort jeudi 11 août à l'âge de 89 ans.

Atika Ratim - 12 août 2022

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire