Temps de lecture : 6 minutes
Temps de lecture : 6 minutes
Temps de lecture : 6 minutes
La mendicité reste un phénomène omniprésent au Maroc, mêlant pauvreté, exploitation et déviances organisées. En 2023, le ministère de l’Intérieur a révélé des chiffres alarmants qui témoignent de l’ampleur du problème et de sa complexité croissante. Face à cette réalité, les autorités marocaines ont déployé une approche sécuritaire et sociale, visant à endiguer ce fléau tout en offrant des solutions aux plus vulnérables.
Une problématique aux multiples visages
Entre janvier et septembre 2023, 2.514 affaires liées à la mendicité ont été enregistrées, menant à l’arrestation de 2.557 individus, selon Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur. Parmi eux, 181 sont des étrangers, principalement issus d’Afrique subsaharienne, tandis que 518 mineurs figurent parmi les interpellés. Ces chiffres révèlent une facette complexe de la mendicité, allant bien au-delà des simples actes de survie individuelle.
Les autorités mettent également en lumière l’existence de réseaux organisés, exploitant souvent des enfants ou se livrant à une mendicité dite «professionnelle». Ce type de pratique, structuré et orchestré, transforme la mendicité en une activité illégale lucrative, aggravant la situation des victimes impliquées, notamment les mineurs.
Lire aussi : Mendicité : les propositions du CESE pour y remédier
Au-delà des cas d’exploitation, des actes déviants tels que des demandes agressives, des menaces ou même des violences sont rapportés. Ces comportements, qui ternissent davantage l’image des espaces publics, nécessitent une vigilance accrue de la part des forces de l’ordre.
Une réponse sécuritaire intégrée
Pour faire face à cette problématique, le Maroc a adopté une stratégie sécuritaire intégrée, mobilisant plusieurs corps des forces de l’ordre, notamment la police judiciaire, les services de sécurité publique, les renseignements généraux et les autorités locales. Cette coordination permet de cibler différents aspects du phénomène :
1. Mendicité organisée : Les réseaux exploitant des enfants ou des adultes vulnérables font l’objet d’enquêtes spécifiques.
2. Zones sensibles : Les autorités concentrent leurs efforts sur des lieux stratégiques comme les gares routières, les mosquées ou encore les sanctuaires religieux.
3. Périodes à risque : Pendant le mois de Ramadan ou les fêtes religieuses, où la mendicité connaît une recrudescence, des campagnes d’interventions renforcées sont mises en place.
Cette stratégie repose également sur des moyens techniques, tels que l’utilisation de caméras de surveillance et la mise en place de patrouilles régulières. Ces dispositifs permettent un suivi en temps réel des zones sensibles et facilitent les interventions rapides en cas de trouble à l’ordre public.
Une approche répressive et sociale
Bien que l’action sécuritaire soit au cœur de la lutte contre la mendicité, le ministère de l’Intérieur insiste sur la nécessité d’une double approche, mêlant répression et réintégration sociale.
Sur le plan répressif, les récidivistes et les membres de réseaux criminels sont traduits en justice, conformément aux dispositions du Code pénal. Cependant, pour les mineurs et certaines personnes en situation de grande précarité, une approche plus humaine est privilégiée. Les forces de l’ordre travaillent en collaboration avec le parquet et d’autres acteurs sociaux pour offrir des solutions adaptées, comme :
Lire aussi : Mendicité : l’exploitation des enfants continue
• La prise en charge des mineurs : Les enfants impliqués dans la mendicité sont orientés vers des structures d’accueil spécialisées.
• L’accompagnement des personnes vulnérables : Des mesures sont mises en place pour favoriser leur réinsertion sociale notamment par l’accès à des services d’aide sociale ou des programmes de formation.
Cette approche réformiste vise à traiter les causes profondes de la mendicité tout en répondant aux situations spécifiques rencontrées sur le terrain.
Enjeux et perspectives
La lutte contre la mendicité au Maroc ne se limite pas à une question d’ordre public. Elle soulève des défis sociaux majeurs, tels que la pauvreté, le chômage et l’absence de dispositifs efficaces de protection sociale. À Marrakech, par exemple, où la mendicité est particulièrement visible en raison de l’affluence touristique, les autorités cherchent à préserver l’attractivité de la ville tout en garantissant un cadre de vie sécurisé pour les habitants.
Cependant, cette approche globale nécessite une collaboration accrue entre les acteurs publics et privés, ainsi qu’une sensibilisation de la société civile. Des campagnes d’information sur les dangers de donner directement aux mendiants, notamment aux enfants, pourraient contribuer à réduire l’exploitation. Par ailleurs, des initiatives locales, telles que des programmes d’insertion professionnelle ou des centres d’accueil, pourraient renforcer les efforts des autorités.
Lire aussi : Ministère de l’Intérieur : les gouverneurs mobilisés contre la mendicité
La mendicité au Maroc, bien qu’étroitement liée aux problématiques économiques et sociales, dépasse souvent le cadre de la simple précarité. En combinant des mesures répressives et sociales, le gouvernement tente de répondre à un phénomène qui touche des milliers de personnes et qui influence directement la vie publique. Toutefois, pour garantir des résultats à long terme, il est impératif d’investir davantage dans des solutions préventives, notamment en matière de protection de l’enfance et d’inclusion sociale. Cette approche permettra non seulement de réduire la mendicité, mais aussi de renforcer la cohésion sociale et la sécurité publique au Maroc.
Temps de lecture : 6 minutes
RPM 2024 : IA et photographie, révolution ou menace ?L’intelligence artificielle (IA) transforme de nombreux secteurs et la photographie n’échappe pas à cette révolution. Les technologies basée… |
Urbanisation végétale des villes : quelles solutions environnementales ?Sous l'impulsion des associations écologistes, les autorités de Casablanca annoncent la fin de la plantation anarchique de palmiers sur les … |
VTC au Maroc : vide juridique et risquesCette lacune expose les utilisateurs à des risques importants, notamment en matière de sécurité, tout en engendrant une concurrence déloyale… |
Crise des étudiants en médecine : où en est-on ?Depuis le début de l’année 2024, la crise des étudiants en médecine s’enlise, malgré les efforts de médiation et de réforme engagés par le m… |
Don d’organes au Maroc : des progrès encore insuffisantsÀ l'occasion de la Journée mondiale du don d'organes et de la greffe, célébrée chaque année le 17 octobre, le Maroc se trouve à un carrefour… |
Droit de grève : le CNDH se prononce sur le principe de «salaire contre travail»La ponction de salaire des grévistes est légale ! Avec cette position, le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) s’est rangé du côté … |
Bilan climatique 2023 : une année record pour le MarocL’année 2023 a marqué un tournant pour le climat du Maroc. Selon le rapport officiel de la Direction générale de la météorologie (DGM), 2023… |
Jonattan Harroch : la chute d’un magnat du sport au MarocSamedi, Jonattan Harroch, fondateur du groupe Nation Sportive, a été arrêté dans un palace de Casablanca. L’homme d’affaires se trouvait en … |