Accueil / Société

Médicaments contrefaits : une industrie aux dépens de la santé publique

Temps de lecture

Crédit: DR

La contrefaçon de médicaments est un problème de santé publique majeur, avec des conséquences potentiellement graves pour les patients. En effet, l’Organisation mondiale de la Santé estime que 10% des médicaments en circulations dans le monde et 50% des produits achetés sur internet seraient contrefaits. Qu’en est-il du Maroc ?

Au Maroc, la contrefaçon de médicaments est un grave problème de santé publique, alimenté par les réseaux sociaux et l’ignorance des consommateurs. Ces produits, souvent vendus sans consultation ni diagnostic, promettent des guérisons miracles à bas prix mais contiennent des substances de mauvaise qualité ou inappropriées. Cela entraîne des complications, allant de l’aggravation des maladies à la mort. Le confinement a favorisé ce commerce illégal, profitant de la peur et du désespoir de plusieurs.

Un réseau au service du gain et aux dépens de la santé publique

«C’est une industrie très rentable! 1 dollar investi pourrait rapporter jusqu’à 500 dollars de gain», s’alarme Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé. L’expert ajoute que cette industrie profite des réseaux sociaux, du transport de marchandise pour s’émanciper. En effet, Dr. Hamdi souligne que, hormis leur dangerosité, ces médicaments sont souvent vendus à des prix très inférieurs par rapport aux originaux. Concrètement, il explique que n’importe qui derrière son écran peut vendre son produit en avançant des promesses de guérison pour certaines maladies, notamment des médicaments pour les troubles sexuels, l’obésité ou encore l’avortement. Et ce, «sans diagnostic, sans consultation médicale et sans analyse, rien!», déplore le médecin ajoutant que ces pratiques sont totalement contraires à l’étique médicale. D’autre part, Dr. Hamdi indique que les médicaments concernés sont le plus souvent sous prescriptions médicales ou simplement interdits à la vente au Maroc à cause de leur risque, mais autorisés dans d’autres pays. Parfois ce sont des médicaments qui n’existent tout simplement pas et n’ont aucune preuve de leurs effets.

Lire aussi: Vers un système de santé renforcé d’ici 2030

Un business qui grandit par l’ignorance

Par ailleurs, il faut rappeler que ces réseaux de médicaments interdits ont trouvé un terreau fertile lors de la fermeture des commerces pendant le confinement auquel les citoyens ont été soumis pour freiner la propagation de la Covid-19. Profitant de la peur et de l’ignorance des gens, ces malfaiteurs proposaient sur leurs sites des produits que les consommateurs ne reçoivent pas ou reçoivent un produit totalement différent.

Pour éviter de se faire arnaquer, Tayeb Hamdi recommande de ne jamais acheter ces médicaments sur des e-commerces, puisque le Maroc ne délivre pas d’autorisation aux pharmacies en ligne. Il souligne que le pays d’origine du site et les coordonnés demandées doivent mettre la puce à l’oreille des consommateurs. Si le site exige uniquement un paiement sans fournir d’autres informations fiables, il est probable qu’il soit frauduleux. L’expert indique que le prix doit être un indicateur de fiabilité.

Pour reconnaitre un médicament contrefait, il faut prendre en compte certains éléments extérieurs tels que le nom, l’étiquette et l’emballage qui sont souvent trop similaires à l’original. Il est important de noter que le danger de ce type de produit réside dans le fait que les composants sont soit de mauvaise qualité ou, soit en quantité inappropriée et incorrecte. Dans certains cas, ces composants peuvent être simplement des placebos. Dans ce sens, la consommation de ces médicaments contrefaits peut entrainer des complications qui peuvent aggraver l’état du patient, voire entrainer sa mort.

Lire aussi: Santé : vers une réforme des conditions de promotion en 2024

Toutefois, la mauvaise qualité des ingrédients combinée à une quantité non vérifiée peut manifester des effets indésirables tels que des allergies, des intoxications ou une résistance bactérienne qui rendra le traitement plus difficile malgré l’utilisation de médicaments originaux. En effet, le médecin chercheur Tayeb Hamdi explique que les gens qui ont des besoins médicaux spécifiques et ont recours aux médicaments en ligne sont exposés aux risques de retard de diagnostic, réduisant ainsi leurs chances de guérir.

Il donne l’exemple des traitements anti-cancéreux contrefaits. Tayeb Hamdi explique qu’une mauvaise manipulation de ce type de médicament peut entrainer de lourdes conséquences pour le patient comme l’aggravation de son cancer au point qu’il ne soit plus possible de le traiter. Il ajoute que dans le cas des maladies virales ou contagieuses, la personne qui utilise de faux médicaments devient un danger pour les autres.

Au-delà du simple commerce illicite, la contrefaçon de médicaments au Maroc se révèle être un tueur silencieux, exploitant l’ignorance et la détresse des malades. Un choix aveugle, motivé par un prix alléchant ou des promesses miracles, peut coûter bien plus qu’un billet : la vie elle-même. En fin de compte, un clic irréfléchi sur un site frauduleux ne guérit pas, mais creuse davantage la tombe de ceux qui espéraient une seconde chance.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Al Haouz : 2,7 MMDH déjà versés pour la reconstruction

Société - Aziz Akhannouch, a présidé la 13ᵉ réunion de la Commission interministérielle dédiée au programme de reconstruction et de réhabilitation des zones sinistrées par le séisme d’Al Haouz.

Ilyasse Rhamir - 2 décembre 2024

Reconstruction d’Al Haouz : l’action s’accélère

Société - La première réunion du conseil de l’Agence pour le développement du Haut Atlas s’est tenue marquant le lancement officiel des travaux de reconstruction dans les régions touchées par le séisme d’Al Haouz.

Ilyasse Rhamir - 2 décembre 2024

Berkane inaugure le 1er parking intelligent au Maroc

Entreprise, Société - Parqour s’associe avec les autorités locales de Berkane pour lancer le premier parking intelligent au Maroc.

Ilyasse Rhamir - 2 décembre 2024

Berrechid : circulation suspendue de mardi à mercredi

Société - Dans le cadre des travaux d’élargissement de l’autoroute Casablanca-Berrechid, ADM a annoncé la suspension temporaire de la circulation entre les échangeurs Berrechid-Nord et Berrechid-Sud.

Rédaction LeBrief - 1 décembre 2024

Palestine : Barid Al-Maghrib émet un timbre-poste arabe commun en solidarité

Société - Le groupe Barid Al-Maghrib a lancé un timbre-poste spécial intitulé Avec Gaza en signe de solidarité avec le peuple palestinien.

Rédaction LeBrief - 30 novembre 2024

Journée mondiale des transports durables : l’ONU fait un timbre spécial Al Boraq

Société - A l’occasion de la Journée mondiale des transports durables, proclamée par les Nations Unies, l’Administration postale des Nations Unies (APNU) a émis un timbre commémoratif représentant le train à grande vitesse Al Boraq.

Rédaction LeBrief - 30 novembre 2024

Bidonvilles, pourquoi y en a-t-il encore ?

Dossier - Ces habitats se concentrent dans les périphéries ou au sein de bidonvilles, où les efforts de résorption peinent à suivre.

Sabrina El Faiz - 30 novembre 2024

Vers un Maroc sans SIDA d’ici à 2030

Société - La Journée mondiale de lutte contre le SIDA, célébrée ce 29 novembre à Agadir, a marqué un moment clé pour le Maroc.

Ilyasse Rhamir - 29 novembre 2024
Voir plus

Séisme d’Al Haouz : le coordinateur des victimes placé en détention

Société - Le coordinateur des victimes du séisme d’Al Haouz, Said Ait Mahdi, a été placé en détention provisoire ce lundi 23 décembre à la prison d’Oudaya de Marrakech.

Mouna Aghlal - 26 décembre 2024

Pourquoi une réforme de la Moudawana s’impose ?

Société - 18 ans après son adoption, la réforme du Code de la famille montre ses limites. Ce texte de loi a certes apporté plusieurs changements, mais il demeure en deçà des aspirations des Marocains.

Atika Ratim - 8 août 2022

Vannerie marocaine : tradition, innovation et succès international

Société - La vannerie marocaine, fruit d’un savoir-faire transmis de génération en génération, connaît aujourd’hui un essor sans précédent.

Ilyasse Rhamir - 9 décembre 2024

L’Afrique du Nord au temps des Chrétiens

Société - La première attestation de la présence chrétienne en Afrique du Nord remonte à la fin du 2ᵉ siècle. Toute la région s’est couverte de basiliques, chapelles, baptistères et l’architecture religieuse a connu, à partir du 4ᵉ siècle, un essor remarquable.

Atika Ratim - 22 juin 2022

La justice française suspend l’expulsion de l’iman Iquioussen vers le Maroc

Société - La justice française a suspendu, ce vendredi, une requête du ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, visant à expulser, vers le Maroc, un imam accusé d'antisémitisme.

Khadija Shaqi - 5 août 2022

Cameroun : assassinat choc du journaliste Martinez Zogo

Afrique, Société, Société - Au Cameroun, le corps mutilé du journaliste Martinez Zogo a été retrouvé dimanche, 5 jours après son enlèvement à Yaoundé.

Rédaction LeBrief - 26 janvier 2023

Énergie : l’inventeur Rachid Yazami reçoit le prix “Stanley Whittingham”

Afrique, Société, Technologie - Le physico-chimiste Rachid Yazami a reçu, ce mardi 29 novembre à Phuket en Thaïlande, le Prix de l'Énergie.

Atika Ratim - 30 novembre 2022

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire