Mbarka Bouaida : «nous pouvons créer un avenir meilleur pour notre région»
Mbarka Bouaida, présidente de la région Guelmim-Oued Noun © DR
LeBrief : Guelmim-Oued Noun fait partie des régions les moins nanties du Royaume. Elle a bénéficié de 11 milliards de DH (MMDH) dans le cadre du programme de développement intégré des provinces du Sud signé en 2016. Quels sont les freins qui empêchent un décollage socio-économique de la région que vous présidez ?
Mbarka Bouaida : Notre rôle en tant que pouvoir public et collectivité territoriale, c’est de créer les conditions propices à un décollage socioéconomique de la région. C’est dans ce cadre que s’inscrit le programme de développement intégré dont la convention a été signée devant Sa Majesté en 2016 à Dakhla, avec à la clé un budget important qui s’élève à 11 milliards de DH.
En parlant des freins, ils sont nombreux et sont liés essentiellement aux nombreux retards enregistrés dans le domaine des infrastructures de base, dans le domaine de l’enseignement supérieur et la formation professionnelle, de l’insuffisance des liaisons aériennes, de l’essoufflement des secteurs traditionnels autrefois source de valeur ajoutée pour la région tels que la pêche maritime, l’agriculture et le tourisme. Cela, sans parler des blocages plus structurels comme la problématique du foncier, le stress hydrique, la détérioration du littoral, voire institutionnels comme le problème de la gouvernance territoriale et du manque de confiance dont pâtit notre région depuis plusieurs années.
Aussi, un système éducatif peu développé ou des opportunités limitées d’accès à une formation professionnelle peuvent entraîner un manque de main-d’œuvre qualifiée, ce qui peut décourager les investisseurs et les entreprises de s’implanter dans la région.
Pour surmonter ces freins qui empêchent le décollage socio-économique de notre région Guelmim-Oued Noun, une approche holistique impliquant une collaboration entre le gouvernement, les acteurs locaux, les entreprises et la société civile est sans doute nécessaire.
LeBrief : La région possède des atouts certains. Pourquoi ne sont-ils pas valorisés ?
Mbarka Bouaida : Effectivement, notre région regorge de ressources naturelles qui devraient être valorisées pour stimuler son développement socio-économique. Ces atouts sont nombreux, on peut citer notamment :
- Les ressources naturelles : la région dispose de ressources naturelles abondantes, comme des terres agricoles fertiles, des ressources minérales et des zones propices à l’énergie renouvelable, qui pourraient être exploitées pour promouvoir l’agriculture, l’industrie extractive ou les projets d’énergie propre ;
- L’emplacement géographique stratégique : notre région est bien située, elle pourrait bénéficier de son accès à des marchés nationaux ou internationaux, facilitant le commerce et les échanges économiques ;
- Un patrimoine culturel et touristique : un patrimoine culturel riche, des sites historiques et des paysages attrayants qui peuvent être développés pour encourager le tourisme, créant ainsi des opportunités d’emplois et de revenus dans le secteur touristique ;
- Un savoir-faire local : les compétences et le savoir-faire traditionnels des habitants peuvent être valorisés et mis en avant dans des activités artisanales ou des produits locaux de qualité.
Pour valoriser les atouts de notre région, il est nécessaire d’identifier et de surmonter tout obstacle potentiel, en mettant en place des politiques et des programmes adaptés, en attirant les investissements, en améliorant l’accès à l’éducation et à la formation, et en favorisant une gouvernance transparente et responsable. Cela nécessite une coopération étroite entre les acteurs locaux, les autorités régionales et nationales, et les partenaires internationaux le cas échéant.
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LeBrief : Le Conseil régional de Guelmim-Oued Noun bénéficie d’un budget annuel avoisinant les 500 millions de DH (MDH). Comment gérez-vous ce budget ?
Mbarka Bouaida : La gestion du budget du Conseil régional de Guelmim-Oued Noun est régie par des règles et des procédures financières établies par les autorités compétentes du Royaume du Maroc.
Les ressources financières dont bénéficie le Conseil de la région permettent de couvrir nos besoins de fonctionnement (environ 15-17% du total des dépenses), mais surtout pour couvrir nos besoins en matière d’investissement, dont le budget annuel tourne autour de 400-420 millions de DH annuellement. Ce n’est pas suffisant et on a souvent recours à des projets de partenariat avec l’État et les établissements publics pour mettre en place des projets budgétivores. On peut citer la station de dessalement que nous allons bientôt réaliser en partenariat avec le ministère de l’Agriculture pour un montant de 2,2 milliards de DH.
LeBrief : Où en est le Programme de développement régional (PDR) et quels sont ses axes prioritaires ?
Mbarka Bouaida : Le PDR de Guelmim-Oued Noun est validé, approuvé et en cours de visa du ministère de l’Intérieur. L’enveloppe budgétaire totale qui serait allouée à ce plan est d’environ 11,9 milliards de DH, et permettrait à la région de rattraper son retard en matière d’infrastructures. Le programme faciliterait aussi le positionnement de la région sur l’échiquier national et international comme terre d’accueil des énergies renouvelables. À ce titre, notre PDR repose sur les axes suivants :
- Développement des infrastructures : amélioration des réseaux routiers, de l’accès à l’eau potable, de l’électricité, des services de santé et d’éducation pour stimuler le développement économique et améliorer la qualité de vie des habitants ;
- Développement économique : encouragement de l’investissement dans les secteurs économiques locaux, la promotion de l’entrepreneuriat, le soutien aux petites et moyennes entreprises, et la création d’emplois durables pour réduire le chômage et la dépendance économique ;
- Valorisation des ressources naturelles : exploitation durable des ressources agricoles, minières ou énergétiques de la région pour stimuler la croissance économique et favoriser le développement rural ;
- Promotion du tourisme : valorisation du patrimoine culturel, historique et naturel pour attirer les visiteurs et développer le secteur touristique, créant ainsi des emplois et des opportunités économiques ;
- Développement social : renforcement de l’accès à l’éducation de qualité, aux soins de santé et aux services sociaux pour améliorer le bien-être de la population locale ;
- Développement durable : intégration de mesures de développement durable pour préserver l’environnement, promotion des énergies renouvelables et soutien aux pratiques agricoles durables ;
- Renforcement des capacités locales : formation et développement des compétences des habitants de la région pour accroître leur employabilité et leur participation au développement régional.
LeBrief : Des réserves ont été émises quant au choix de Southbridge (SB) via appel d’offres pour la réalisation de ce PDR pour une enveloppe de 14,5 MDH. Que pouvez-vous nous dire sur cet appel d’offres ?
Mbarka Bouaida : Le choix de SB en tant qu’attributaire du marché d’élaboration du PDR et d’accompagnement de la région dans la mise en œuvre de son contrat programme s’est fait en total respect des dispositions réglementaires régissant les marchés publics. Quant au montant, il est important de rappeler que le chiffre évoqué par certains supports de presse, 15 millions, couvre à la fois la prestation d’élaboration du PDR qui est de 1,422 millions de DH (TTC), de même que les frais d’accompagnement de la région pour la mise en place des 37 projets prévus dans le cadre de notre contrat programme avec l’État sur une durée de 24 mois. Le contrat-programme en question, d’un montant total de 5,6 milliards de DH, nécessite un renforcement de l’administration de la région par des ressources techniques et managériales pour permettre de réaliser ces projets dans les meilleures conditions en termes de qualité, de coût et de délai, dont nous ne disposons pas au niveau de notre administration. C’est la raison pour laquelle nous avons fait appel à un prestataire externe, en l’occurrence le cabinet Southbridge, avec lequel nous avons conclu un contrat selon les règles en vigueur.
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LeBrief : La région Guelmim-Oued Noun est bien connectée avec le réseau routier national, la voie express Tiznit-Dakhla, deux aéroports et deux ports. Qu’est-ce qui explique qu’elle demeure un point de passage et non une destination ?
Mbarka Bouaida : La région de Guelmim-Oued Noun est bien plus qu’un simple point de passage. C’est une destination exceptionnelle qui offre aux voyageurs une expérience unique et inoubliable. Bénéficiant d’une position géographique stratégique entre le Sahara et les régions du nord du Maroc, la région est facilement accessible via un réseau routier bien développé, des aéroports et des ports.
Ses paysages contrastés, allant des majestueuses dunes du Sahara aux oasis verdoyantes, en passant par les montagnes spectaculaires de l’Anti-Atlas, attirent les amateurs d’aventure et de découverte. Les voyageurs y trouveront une richesse culturelle exceptionnelle avec des traditions artisanales ancestrales et des festivals colorés célébrant l’identité locale.
Guelmim-Oued Noun offre également des possibilités uniques pour les passionnés d’écotourisme, avec une faune et une flore diversifiée et des sites de biodiversité préservés. Les amateurs de randonnée, d’escalade et d’activités en plein air seront enchantés par les opportunités offertes par la région.
En mettant en valeur ses ressources naturelles et culturelles, en développant des infrastructures touristiques de qualité et en promouvant son patrimoine, la région de Guelmim-Oued Noun se présente comme une destination touristique authentique et captivante qui mérite d’être explorée et découverte par les voyageurs du monde entier.
LeBrief : Cela fait quatre ans que vous présidez aux destinées de votre région. Au bout du compte, est-ce qu’il a été facile pour vous d’avoir une légitimité en tant que femme sahraouie et de composer avec les rivalités tribales et ethniques qui caractérisent la région ?
Mbarka Bouaida : Je ne suis pas dans cet esprit. En tant que présidente, mon seul souci, c’est justement de défendre les intérêts de la région, d’œuvrer pour améliorer les conditions de vie de mes concitoyens, en tenant compte des spécificités de la région et de la diversité linguistique de ses habitants. Fière de mes origines sahraouies, je fais en sorte que notre patrimoine commun, nos spécificités culturelles, notre patrimoine artistique, soient suffisamment pris en compte dans notre stratégie de développement économique et social.
La diversité culturelle et ethnique de la région est une richesse que nous devrions célébrer et valoriser. Mon parcours et mon engagement m’ont permis d’établir des liens avec différentes communautés, et je considère qu’il est essentiel d’écouter et de comprendre les préoccupations de chacun.
Au final, mon objectif comme responsable est de favoriser une gouvernance inclusive et participative, où toutes les voix sont entendues et respectées. Je m’efforce de construire des ponts entre les communautés, de créer des espaces d’échanges et de favoriser la coopération pour relever les défis communs de la région.
Bien que la tâche puisse être complexe, je reste déterminée à œuvrer pour le développement et le bien-être de tous les habitants de Guelmim-Oued Noun, indépendamment de leur appartenance tribale ou ethnique. En travaillant ensemble, nous pouvons créer un avenir meilleur pour notre région, où la diversité est une force qui nous unit plutôt qu’une source de division.
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évidemment c’est facile à dire qu’à faire , en plus tous les politiques promettent tant pour un résultat qui n’est pas
prometteur la preuve, 60 ans de notre indépendance de la France et le Maroc achète toujours des céréales à la France et ailleurs aucun gouvernement n’a anticipé à dessaler l’eau le Maroc il achète toujours de qui se soigner chez le colonisateur la France et ZIDE et zide ouzide ouzide