Matières premières : de l’inflation à la récession… les chocs s’enchaînent
Début juin, S&P Global Ratings estimait, dans un rapport, que la hausse des prix des denrées alimentaires et les pénuries d’approvisionnement dans le sillage de la guerre entre la Russie et l’Ukraine pourraient durer jusqu’en 2024 et au-delà. Après avoir grimpé jusqu’à 130 dollars, le baril de pétrole est passé sous la barre des 100 dollars la semaine écoulée. En quatre mois, le prix du cuivre a décroché de 22% alors que la tonne de blé a chuté dans les mêmes proportions en deux mois. La détermination des banques centrales à dompter l’inflation et le relèvement des taux directeurs qui s’ensuit, parfois brutal dans certains pays, fait craindre une récession mondiale. Cela entraîne un reflux des prix des matières premières. Même pour le FMI, la contraction du PIB mondial n’est plus un scénario à écarter.
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Le problème de l’inflation en Afrique
S’il faut rester très prudent, la baisse des prix des matières premières devrait se répercuter sur les prix à la consommation et atténuer la pression sur les finances publiques des pays africains. Atteignant deux chiffres dans plusieurs économies, l’inflation constitue une menace pour la stabilité sociale. Elle ressortirait à 13,5% en moyenne annuelle en 2022 sur le continent. Au-delà de l’envolée des cours des matières premières à l’international, la hausse des prix est alimentée par la fragilité des devises de plusieurs pays. Les perspectives économiques en Afrique indiquent que la pandémie et la guerre entre la Russie et l’Ukraine pourraient laisser des traces pendant plusieurs années, voire une décennie.
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L’ombre d’une récession
Quelque 30 millions d’Africains ont basculé dans l’extrême pauvreté en 2021 et environ 22 millions d’emplois ont été perdus la même année à cause de la pandémie. Cette tendance pourrait se poursuivre au cours du second semestre de 2022 et en 2023. Le probable atterrissage des prix des matières premières, plus tôt qu’anticipé, pourrait octroyer un peu de marge de manœuvre aux dirigeants africains. Toutefois, une récession mondiale compliquerait un peu plus la tâche même si plusieurs économies du continent ont fait preuve d’une grande agilité en 2020 où le PIB mondial s’était contracté de 3,1%.