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Maroc-Royaume-Uni : vers un partenariat renforcé à l’ère post-Brexit

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Le policy paper de l’Institut marocain d’intelligence stratégique (IMIS), publié récemment, explore le rôle stratégique que pourrait jouer le Maroc dans la nouvelle politique extérieure du Royaume-Uni post-Brexit. Il examine comment ce partenariat historique peut s’inscrire dans les ambitions britanniques en Afrique, notamment à travers des opportunités économiques et commerciales renforcées. Les détails.

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Depuis que le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne, il s’efforce de réorienter sa politique extérieure pour compenser la perte d’accès direct au marché européen. Dans ce contexte, l’Afrique est devenue une cible stratégique majeure, et parmi les pays africains, le Maroc occupe une place de choix.

Ce repositionnement est mis en avant dans un policy paper publié lundi par l’Institut marocain d’intelligence stratégique (IMIS), intitulé «Le Maroc, future pierre angulaire de la stratégie britannique post-Brexit en Afrique ?» . Le document explore comment le Maroc, avec sa stabilité politique, son positionnement géographique et ses infrastructures, pourrait devenir un partenaire clé dans les ambitions britanniques sur le continent africain.

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Un partenariat historique renforcé par le Brexit

Les relations entre le Maroc et le Royaume-Uni ne datent pas d’hier. Depuis le XVIIIe siècle, les deux Royaumes ont tissé des liens diplomatiques et commerciaux solides, renforcés au fil du temps par des accords stratégiques. La signature du traité de commerce de 1721, qui a permis des échanges importants entre le Royaume-Uni et le Maroc, n’était que le début d’un partenariat. Celui-ci, bien que distendu par la création de l’Union européenne, a su traverser les époques. Aujourd’hui, à la faveur du Brexit, ces relations connaissent un renouveau.

En effet, le Brexit a forcé le Royaume-Uni à diversifier ses alliances commerciales et à chercher de nouveaux marchés, en particulier en Afrique. C’est dans ce contexte que l’accord d’association entre le Royaume-Uni et le Maroc, signé en 2019 et entré en vigueur en janvier 2021, prend toute son importance. Cet accord, qui a largement repris les dispositions de l’accord commercial Maroc-UE, permet de préserver les avantages acquis et de garantir la continuité des échanges bilatéraux malgré la sortie du Royaume-Uni de l’UE. En 2022, les échanges commerciaux entre le Maroc et le Royaume-Uni ont atteint près de 2 milliards de livres sterling, ce qui démontre l’importance croissante de cette relation dans la nouvelle configuration post-Brexit.

Le Maroc occupe une position stratégique non seulement en tant que partenaire commercial direct, mais aussi en tant que porte d’entrée vers l’Afrique de l’Ouest, une région regorgeant de potentialités économiques. Sa façade méditerranéenne et son accès direct à l’Atlantique via Tanger Med et Dakhla en font une plaque tournante pour le commerce international, renforçant encore son rôle d’interface entre l’Europe, l’Afrique et maintenant le Royaume-Uni. L’accord commercial UK-Morocco est donc bien plus qu’un simple instrument bilatéral, il symbolise une véritable refonte des relations britannico-marocaines dans un contexte mondial en plein bouleversement.

Plusieurs secteurs stratégiques

Le rapport de l’IMIS cite plusieurs secteurs d’avenir où la coopération entre les deux pays pourrait s’intensifier. Parmi ceux-ci, on retient les énergies renouvelables qui occupent une place de choix. Le Maroc, avec son ambitieux programme de transition énergétique, incarne un modèle de développement durable pour de nombreux pays africains. «Grâce à des projets comme la centrale solaire Noor à Ouarzazate, le Maroc est devenu un leader régional dans les énergies vertes. Pour le Royaume-Uni, en pleine quête de diversification énergétique, le Maroc représente un partenaire de choix et les deux pays pourraient approfondir leur collaboration dans ce domaine, en particulier dans la production et l’exportation d’énergies renouvelables vers l’Europe», peut-on lire.

À cela s’ajoute le projet de câble sous-marin Xlinks, reliant le Maroc et le Royaume-Uni pour acheminer de l’énergie renouvelable produite au Maroc vers les foyers britanniques. Ce projet, qui pourrait fournir 8% des besoins énergétiques du Royaume-Uni, souligne l’importance croissante de la coopération énergétique entre les deux pays. Le Royaume-Uni, désireux de réduire sa dépendance aux énergies fossiles, trouve donc au Maroc une source fiable et durable d’approvisionnement, tandis que le Maroc renforce son rôle de leader dans les énergies vertes en Afrique et au-delà.

Outre les énergies renouvelables, le secteur des services offre également de vastes opportunités de collaboration. Le Maroc, avec Casablanca Finance City (CFC), s’est positionné comme un hub financier majeur en Afrique. Sa première place dans le classement des centres financiers africains en 2023 atteste de son rôle clé dans l’économie africaine. «Le Royaume-Uni, avec la City de Londres, pourrait renforcer sa présence sur le continent africain en s’appuyant sur CFC comme plateforme de coopération financière et d’investissement», ajoute le document. Ce partenariat serait mutuellement bénéfique, permettant au Maroc de renforcer son attractivité en tant que centre financier et au Royaume-Uni de maintenir son influence dans les marchés financiers mondiaux, notamment en Afrique.

Autre secteur clé pour la coopération bilatérale : l’agriculture. Ce secteur est en pleine transformation, avec des réformes axées sur l’augmentation de la productivité et la diversification des cultures. Le document explique que le Royaume-Uni, actuellement en quête de nouveaux partenariats pour sécuriser son approvisionnement alimentaire après le Brexit, voit dans le Maroc un fournisseur potentiel de produits agricoles de qualité.

Les auteurs rappellent d’ailleurs qu’en 2023, les deux pays ont entamé des discussions pour réduire progressivement les barrières douanières dans ce secteur, facilitant ainsi les échanges commerciaux. Les produits marocains, en particulier dans les secteurs des fruits et légumes, pourraient bientôt inonder le marché britannique, en remplacement des produits européens dont l’accès est devenu plus coûteux et complexe depuis le Brexit.

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Le rôle du Maroc dans la stratégie globale britannique en Afrique

Le Maroc n’est pas seulement un partenaire économique pour le Royaume-Uni. Il joue également un rôle géopolitique clé dans la stratégie britannique pour l’Afrique. Le Policy Paper souligne l’importance de la position du Maroc en tant que puissance régionale stable dans une région en proie à des défis sécuritaires et économiques. «Le Maroc a su tirer parti de cette stabilité pour renforcer ses relations avec les pays d’Afrique subsaharienne, en particulier en Afrique de l’Ouest», lit-on.

Le Royaume-Uni, conscient de l’influence croissante du Maroc en Afrique, voit dans ce partenariat une opportunité de renforcer sa propre présence sur le continent. Depuis le Brexit, le Royaume-Uni a cherché à étendre son influence en Afrique de l’Ouest, une région riche en ressources naturelles et en opportunités de développement. Le Maroc, en tant que deuxième investisseur africain sur le continent, offre au Royaume-Uni une passerelle idéale pour atteindre ces marchés. Le port de Tanger Med, déjà premier port d’Afrique, joue un rôle central dans cette stratégie, en facilitant le transport des marchandises entre l’Europe, l’Afrique et les Amériques.

Par ailleurs, la sécurité et la stabilité régionale sont des enjeux majeurs pour les deux pays. Le Maroc, grâce à sa position géographique et à ses efforts de stabilisation du Sahel, pourrait devenir un partenaire clé du Royaume-Uni dans la lutte contre le terrorisme et le contrôle des flux migratoires en Afrique de l’Ouest. En tant que leader dans la formation d’imams et d’experts en sécurité, le Maroc pourrait jouer un rôle essentiel dans les efforts du Royaume-Uni pour stabiliser la région du Sahel, souvent considérée comme un foyer potentiel de radicalisation et d’instabilité.

La coopération dans le domaine de la défense et de la sécurité n’est pas nouvelle pour le Maroc et le Royaume-Uni. Les deux pays ont déjà mené des exercices militaires conjoints et échangé des informations dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Ce partenariat pourrait être renforcé à mesure que le Royaume-Uni cherche à accroître son influence en Afrique et que le Maroc continue de jouer un rôle de premier plan dans la sécurité régionale.

Les perspectives d’avenir pour les deux Royaumes

Le Policy Paper de l’IMIS propose dix recommandations concrètes pour renforcer la coopération entre le Maroc et le Royaume-Uni dans les années à venir. Ces recommandations vont de la libéralisation des échanges commerciaux à l’intensification de la collaboration dans les secteurs clés comme la santé, l’éducation et la sécurité.

L’un des axes majeurs de cette coopération est la promotion de zones économiques spéciales au Maroc, en particulier dans les provinces du Sud. Celles-ci pourraient attirer des investissements britanniques massifs dans les infrastructures, l’énergie et les industries manufacturières.

Ces zones économiques spéciales pourraient devenir des centres névralgiques pour les entreprises britanniques cherchant à accéder aux marchés africains tout en bénéficiant d’un environnement d’affaires favorable. Elles bénéficient déjà de régimes fiscaux avantageux. Le Maroc, de son côté, tirerait parti des investissements britanniques pour accélérer son développement économique, en particulier dans les régions moins développées du Sud.

Le développement de ces zones s’inscrit également dans la stratégie marocaine de diversification de ses partenariats économiques et de renforcement de sa position en tant que hub régional. Le Royaume mise sur ces partenariats pour maintenir sa croissance et attirer davantage d’investissements étrangers dans des secteurs d’avenir. Il s’agit notamment de secteurs tels que les technologies de l’information, l’industrie pharmaceutique et les énergies renouvelables.

Dans ce cadre, la coopération entre le Maroc et le Royaume-Uni pourrait servir de modèle pour les autres pays africains, démontrant l’importance de partenariats solides et diversifiés dans un monde post-Brexit en pleine mutation.

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