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Maroc : perspective de croissance du PIB (+2,5%)

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Haut-Commissariat au plan (HCP) © DR

Le Royaume reste résilient malgré les aléas systémiques mondiaux qui impactent inexorablement l’économie nationale. La demande intérieure porte l’économie nationale et consolide le pouvoir d’achat des ménages grâce à une augmentation de leurs revenus salariaux. De même, la solidité des banques nationales soutenue par la politique économique de Bank Al-Maghrib (BAM) favorise la santé économique du Royaume. Avec le taux d’épargne des ménages qui va repartir à la hausse, on peut espérer une croissance du PIB à +2,5% au quatrième trimestre 2024.

Selon les prévisions économiques du Haut-Commissariat au plan (HCP), au quatrième trimestre 2024, le retour des branches secondaires vers un régime de croissance plus modéré et la poursuite de la baisse des activités primaires va ramener la croissance du PIB à +2,5% en rythme annuel.

Au troisième trimestre 2024, la croissance économique nationale a connu une légère amélioration s’établissant à +2,8% au lieu de +2,4% en moyenne au premier semestre. Au troisième trimestre 2024, la croissance hors agriculture a atteint 3,6% en rythme annuel. Quant aux branches secondaires, représentant les activités liées à la transformation des matières premières, qui sont issues du secteur primaire. Elles ont connu un regain d’activité, avec une hausse de 4,4% au lieu de 3,8% au trimestre précédent.

Au niveau de la première moitié de l’année, on note une baisse des activités agricoles, une croissance modérée des industries manufacturières et des activités de distribution des activités.

D’après les études réalisées par le HCP, la faiblesse de la demande a été jugée premier facteur limitatif principal au développement de l’activité pour 30% des entreprises industrielles, suivi par les difficultés d’approvisionnement pour 19% d’entre elles.

Relance de l’industrie manufacturière

Les industries manufacturières ont connu une croissance économique globale de 0,2 points. La croissance des industries chimiques se serait poursuivie au rythme de 9,7%, dans un contexte de baisse des prix des matières premières importées, notamment ceux du soufre et de l’ammoniac. Quant aux industries de fabrication du matériel électrique et du transport, elles se sont ajustées à la faible dynamique de leurs ventes sur le marché européen. Le secteur de la construction a vu sa valeur ajoutée s’améliorer au troisième trimestre 2024 de +4,8%, en variation annuelle, après une augmentation de 3,6% par rapport au trimestre précédent.

Demande des ménages, pivot de la croissance économique

Au niveau de la demande des ménages, la reprise de la demande intérieure commencée à la mi-2023 s’est consolidée au troisième trimestre 2024, avec une hausse de 5% au lieu de 4,3% en moyenne au premier semestre. Malgré la pression inflationniste, les ménages ont conservé leur pouvoir d’achat suivant une évolution positive, grâce à une augmentation des revenus salariaux. Globalement, la consommation des ménages a affiché une progression de 3,2% au troisième trimestre 2024, contribuant pour 2 points à la dynamique de la croissance économique globale.

Regain de l’inflation

Au niveau de l’inflation, au troisième trimestre 2024, l’inflation a légèrement repris, après avoir reculé pendant plusieurs trimestres. Elle s’est établie à +1,2% au lieu de +0,8% un trimestre plus tôt. Cette reprise a été le résultat d’une hausse de 0,7% après une baisse de 0,3% au trimestre précédent, des prix des produits alimentaires. La remontée des prix des viandes conjuguées à l’augmentation des prix de la volaille a entrainé une reprise de l’inflation alimentaire.

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Accélération de la masse monétaire

La masse monétaire s’est accélérée au troisième trimestre 2024, affichant un accroissement de 5,5%, après une augmentation de 4,6% au trimestre précédent. Le besoin de liquidité des banques reste toujours important et se serait même accentué à la suite de l’accélération de la circulation fiduciaire. Bank Al-Maghrib (BAM) a ainsi augmenté le volume de ses financements aux banques. Les avoirs officiels de réserves ont significativement ralenti, marquant une croissance de 1,4% et les créances nettes sur l’administration centrale auraient poursuivi leur augmentation à un rythme important, impliquant une hausse de l’endettement monétaire du Trésor de 8,2%.

Après avoir réduit son taux directeur de 25 points de base au deuxième trimestre, Bank Al-Maghrib (BAM) a marqué une pause de sa politique monétaire au troisième trimestre, en maintenant inchangé son taux directeur à 2,75%. Ce statuquo serait expliqué par un environnement mondial et national marqué d’incertitudes.

Indicateurs boursiers

Au troisième trimestre 2024, le marché des actions a prolongé sa croissance à une cadence élevée. Les investisseurs ont renouvelé leur perception positive envers le marché des actions, tout en renforçant leur confiance en bourse, depuis la reprise du marché à partir du troisième trimestre 2023. In fine, l’indice MASI a progressé 21,1% en glissement annuel, au troisième trimestre 2024, après une hausse de 14,9% un trimestre auparavant et la capitalisation boursière s’est appréciée de 21,7%. Ainsi, la dynamique du marché boursier traduit la forte hausse des secteurs de la promotion immobilière, de la santé, des services de transport, des holdings, des ingénieries de biens d’équipements industriels, des mines et du secteur de l’électricité. La liquidité du marché boursier a poursuivi sa croissance élevée et le volume des transactions a augmenté de 50,8%, en variation annuelle, au troisième trimestre 2024.

Perspectives de croissance

Les perspectives de croissance de l’activité mondiale étaient de façon globale mieux orientées au troisième trimestre 2024, avec une dynamique stable qui a caractérisé plusieurs économies avancées et émergentes. Ainsi, le secteur des services a montré une résilience significative, tandis que les secteurs manufacturiers, ont subi des pressions dues à des niveaux de stock élevés. Le volume du commerce mondial des biens et services s’est sensiblement amélioré, grâce au redressement des importations américaines, conséquence de la hausse des investissements et du dynamisme accru des échanges dans les principales économies de marché émergentes.

On note qu’en Europe, la confiance des consommateurs s’est améliorée et la croissance s’est renforcée de 0,9%. Ceci au moment où, aux États-Unis, la croissance a été plus résiliente, favorisée par une hausse de la demande intérieure qui a compensé l’augmentation des importations.

Au quatrième trimestre 2024, un ralentissement de la croissance mondiale est prévu, dû à une baisse des dépenses de consommation, d’une politique monétaire moins accommodante, et d’une recrudescence des tensions géopolitiques. Même, en Chine, l’activité sera modérée à cause de la poursuite du ralentissement de l’immobilier, et de la fin de l’impulsion entamée par le programme de relance mis en œuvre fin 2023.

À l’échelle nationale, le volume des exportations de biens et services connaitra une croissance moins soutenue au quatrième trimestre 2024 (+7,6% au lieu de +11,3%), impacté par un ajustement des expéditions de produits manufacturés. Quant aux importations, leur rythme de croissance va ralentir sensiblement, atteignant +9,2% au lieu de +14,4% au trimestre précédent.

Au quatrième trimestre 2024, la consommation des ménages sera le principal soutien de la croissance économique nationale. Ainsi, les ménages maintiendraient le rythme de croissance de leurs dépenses de consommation grâce aux gains de pouvoir d’achat liés à la hausse des transferts sociaux et des augmentations de salaire. Le taux d’épargne des ménages va repartir à la hausse fin 2024, contrairement aux dépenses d’investissements des entreprises. Ceux-ci connaitront un ralentissement face aux incertitudes liées aux perspectives d’activité à l’échelle internationale, qui pousseraient les industriels à être prudents.

Le secteur agroalimentaire, pour sa part, traverse une phase difficile, liée à la faiblesse de l’offre locale agricole, et des coûts importants sur les industries de transformation de viande, de céréales et du lait. Cette conjoncture difficile va impacter négativement le secteur des industries manufacturières où la croissance de la valeur ajoutée va être ramenée à +2,7% au quatrième trimestre. Quant aux activités agricoles, la valeur ajoutée connaitra une contraction de 4,4% en variation annuelle, déduisant 0,4 points à la croissance économique globale.

Globalement, le produit intérieur brut (PIB) enregistrera une hausse de 2,5% au quatrième trimestre 2024, en variation annuelle, au lieu de +2,8% au troisième trimestre. Ce scénario de croissance serait corrélé à une évolution modérée de la demande et une prise en compte des effets des ajustements mécaniques.

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