Le roi Mohammed VI et Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, président de la République Islamique de Mauritanie, à Casablanca, le 20 décembre 2024. DR
Entre les ambitions marocaines d’intégration régionale, symbolisées par le projet de gazoduc Nigeria-Maroc et l’initiative Atlantique, avec parallèlement la volonté de la Mauritanie de maintenir un équilibre dans ses relations avec ses voisins, cette visite pourrait-elle marquer un tournant stratégique ? Quels sont les enjeux économiques, diplomatiques et géopolitiques qui en découlent ? Driss Aissaoui, économiste, analyste et acteur politique, nous livre son analyse.
LeBrief : Quelle est votre analyse de cette visite privée ?
Driss Aissaoui : Le président de la République mauritanienne a effectué une visite officiellement qualifiée de privée. De nombreuses informations ont circulé à ce sujet. Il convient tout d’abord de noter que Sa Majesté le Roi Mohammed VI est actuellement en convalescence suite à une fracture à l’épaule. Malgré cette situation, le Souverain a tenu à recevoir le président mauritanien, et ce, dans un contexte marqué par les efforts de l’Algérie, pays voisin immédiat du Maroc, pour renforcer son influence en Mauritanie et en faire un partenaire stratégique.
LeBrief : Peut-on y voir les prémices d’un véritable rapprochement entre le Royaume et la République islamique de Mauritanie?
Driss Aissaoui : Je pense que ce qui s’est passé, c’est que Sa Majesté le Roi Mohammed VI, fidèle à son engagement envers les pays de la région, et particulièrement envers la Mauritanie, qu’il considère comme un prolongement naturel des provinces sahariennes, a tenu à recevoir le président mauritanien afin de l’intégrer dans la dynamique que le Maroc s’efforce de construire.
LeBrief : De quelle dynamique s’agit-il ?
Driss Aissaoui : Il s’agit d’un projet ambitieux qui offrira à une quinzaine de pays l’opportunité de bénéficier du gazoduc reliant le Nigeria au Maroc. Plus encore, ce projet vise à permettre à ces nations d’accéder à l’océan Atlantique. L’initiative atlantique portée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI deviendra ainsi un point d’ancrage stratégique pour de nombreux pays, et tout particulièrement pour la Mauritanie.
LeBrief : Cette initiative semble être évoquée. Sommes-nous en train d’aller dans cette direction, d’autant plus qu’ils ont employé le terme «coordonner» de manière officielle ?
Driss Aissaoui : La Mauritanie, rappelons-le, avait, pendant un certain temps, partagé la gestion des provinces sahariennes avec le Maroc avant d’y renoncer, laissant au Maroc la responsabilité de l’ensemble de ces territoires. L’accès à l’océan Atlantique représente une question fondamentale, tant pour la Mauritanie que pour le Maroc. Bien que la Mauritanie ne soit pas un grand producteur de pétrole, cet accès pourrait lui offrir d’importantes opportunités, notamment en matière de commerce à l’échelle africaine.
La visite du président mauritanien revêt donc une importance capitale et doit être considérée comme un événement marquant, particulièrement au début de l’exercice 2025, une année que le Maroc aborde avec confiance et sérénité. Les relations maroco-mauritaniennes, désormais empreintes de sérieux, témoignent de la volonté du Maroc de devenir un acteur majeur capable de mobiliser des ressources substantielles et de jouer un rôle moteur dans le cadre de l’initiative atlantique, au bénéfice des pays du Sahel.
L’approche du Maroc dans cette dynamique est remarquable, car elle s’inscrit dans une logique de continuité naturelle entre les provinces sahariennes et les pays concernés. Cette vision ouvre la voie à une intégration régionale accrue, permettant à l’ensemble des pays africains de profiter des opportunités offertes par cette initiative stratégique.
LeBrief : Qu’en est-il de l’affaire du gazoduc ?
Driss Assaoui : Le gazoduc reliant le Nigeria au Maroc représente une opportunité pour la région. La ville de Dakhla est appelée à devenir la porte d’entrée stratégique pour tous les pays du Sahel. Ces nations, autrefois perçues comme des exportateurs d’intégrisme ou de violence, pourraient désormais se transformer en exportateurs de richesses, notamment de gaz naturel et d’autres ressources essentielles.
Les quinze pays de cette région s’inscriront dans une nouvelle dynamique, devenant des acteurs importants, dynamiques et actifs sur la scène économique et énergétique. Ce projet, porté par le Maroc en partenariat avec ses frères africains, promet de redéfinir les rapports économiques et de favoriser un développement commun dans cette partie du continent.
Le roi Mohammed VI appelle à l’élaboration d’une feuille de route pour la régionalisation avancée
Politique - Lors des 2e Assises nationales de la régionalisation avancée, le roi Mohammed VI a souligné la nécessité d’élaborer une feuille de route claire pour la prochaine étape de ce chantier stratégique.
Ilyasse Rhamir - 20 décembre 2024Rencontre à Rabat : les femmes socialistes au cœur du changement mondial
Politique - Le siège de l’USFP à Rabat a accueilli une session importante du Conseil de l’Internationale socialiste des femmes.
Ilyasse Rhamir - 19 décembre 2024Réformes majeures pour les agents pénitentiaires et l’administration
Politique - Le Conseil de gouvernement a approuvé le projet de décret n°2.24.1096 relatif au statut des agents de l’Administration pénitentiaire et de la réinsertion.
Ilyasse Rhamir - 19 décembre 2024Le Nigeria révise le projet de loi portant réforme du secteur des assurances et réassurances
Afrique, Économie - Après plusieurs décennies, le Sénat nigérian a procédé à la révision du projet de loi sur la réforme du secteur des assurances.
Mbaye Gueye - 19 décembre 2024Bouznika : accord entre les institutions libyennes pour poursuivre les efforts d’entente nationale
Afrique, Politique - A Bouznika la Chambre des représentants et le Haut Conseil d'État libyens ont réaffirmé leur engagement.
Rédaction LeBrief - 19 décembre 2024Collectivités territoriales : des défis structurels pointés par la Cour des comptes
Politique - Le rapport annuel 2023-2024 de la Cour des comptes met en lumière les dysfonctionnements persistants dans la gestion des collectivités territoriales.
Farah Nadifi - 19 décembre 2024Tanger va accueillir la deuxiéme édition des Assises nationales de la régionalisation avancée
Politique - La deuxième édition des Assises nationales de la régionalisation avancée, prévue les 20 et 21 décembre à Tanger, constitue une étape clé dans la mise en œuvre de cette réforme structurelle.
Mbaye Gueye - 19 décembre 2024Nigeria : Bola Tinubu présente le budget 2025 avec un déficit record
Afrique, Économie - Le président nigérian Tinubu Bola a indiqué que le déficit budgétaire devrait s'élever à plus de 8 milliards d'euros.
Mbaye Gueye - 19 décembre 2024Sahara : Sainte Lucie, la Dominique et Grenade réaffirment leur soutien au Maroc
Politique - Sainte Lucie, la Dominique et Grenade ont réaffirmé leur soutien indéfectible à la souveraineté du Maroc sur le Sahara.
Rédaction LeBrief - 28 novembre 2024Démagogie
Afrique - La Banque mondiale a révélé le 3 décembre dernier que les pays « en développement » ont déboursé 1.400 milliards de dollars au titre du service de la dette extérieure.
Abashi Shamamba - 6 décembre 2024Le roi Mohammed VI préside le Conseil des ministres
Politique - Le roi Mohammed VI a présidé un Conseil des ministres, ce mercredi 4 décembre 2024, au palais royal de Rabat.
Mbaye Gueye - 4 décembre 2024Un Symposium international célèbre la justice transitionnelle à Rabat
Politique - Sous le patronage du roi Mohammed VI, un Symposium international sur la justice transitionnelle a débuté à Rabat.
Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024Akhannouch : bâtir aujourd’hui, rayonner en 2030
Politique - Aziz Akhannouch a mis en avant les progrès significatifs réalisés par le Maroc grâce à des choix stratégiques déterminants.
Ilyasse Rhamir - 17 décembre 2024Jus sanguinis
Edito - Une critique de ces pays où être «fils ou fille de» vous ouvre des perspectives dont vous n’auriez jamais rêvé.
Abashi Shamamba - 20 août 2023