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LeBrief : Le mois de décembre dernier a vu la célébration des deux ans de reprise des relations entre le Maroc-Israël. Quel bilan faites-vous ?
Simon Skira : Le Maroc et Israël ont commémoré le deuxième anniversaire de la signature de la déclaration commune, qui a lancé la reprise des relations entre Rabat et Tel-Aviv après un gel qui a duré près de vingt ans. L’accord du 22 décembre 2020 a tracé une feuille de route pour activer la reprise des relations maroco-israéliennes. Parmi les dispositions les plus marquantes de l’Accord, figurent l’autorisation de vols directs entre le Maroc et Israël, la reprise immédiate des contacts officiels entre les responsables israéliens et marocains, et l’établissement de relations diplomatiques, en plus d’encourager la coopération dans divers domaines.
Les deux années du retour des relations entre Rabat et Tel-Aviv ont vu une grande dynamique des visites mutuelles et des accords signés dans plusieurs domaines, notamment le domaine militaire, où, enfin, un accord de coopération sécuritaire a été signé, qu’Israël a décrit comme « sans précédent ». D’autres accords ont été également paraphés liés à l’économie, la technologie et l’eau.
LeBrief : Les deux pays ont réalisé beaucoup d’avancées, à plusieurs niveaux. Selon vous, sur quoi faut-il encore mettre l’accent ?
Simon Skira : Il est essentiel de mettre encore l’accent sur les relations culturelles, sportives et humaines. Il faut aussi mettre un pont entre les Marocains et les Israéliens, afin de renforcer ce sentiment de paix. La paix ne peut être durable que si elle est adoptée par les peuples. Et je pense qu’on est bien avancé sur ce point, car le Maroc a été toujours une terre de coexistence, et aussi les Israéliens ont beaucoup de respect pour le Maroc.
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LeBrief : Comme vous l’avez cité, plusieurs accords touchant différents domaines ont été signés. Alors quel espoir portez-vous pour les années à venir ?
Simon Skira : Je pense que nous sommes sur le bon chemin, les relations diplomatiques sont reprises, mais aussi des mémorandums ont été signés. Il s’agit du mémorandum sur l’exemption des formalités de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de service qui facilitera les déplacements des officiels, le mémorandum d’entente dans le domaine de l’aviation civile, qui permettra d’assurer des vols directs entre les deux pays, le mémorandum d’entente sur l’innovation et le développement des ressources en eau, qui va amener pour sa part les deux pays à collaborer en matière de gestion et d’aménagement de l’eau. Cela, en plus du mémorandum d’entente et de coopération dans le domaine des finances et d’investissement, qui encadrera les questions relatives à la double imposition à la douane et qui a comme objectif de promouvoir les relations économiques et commerciaux entre les deux pays. Je vois que ce qui a été fait dépasse une simple reprise des relations diplomatiques, mais ça promet une collaboration plus étroite au futur.
LeBrief : Comment votre association a contribué au renforcement des relations entre les deux pays ?
Simon Skira : En fondant l’association d’amitié Israël-Maroc en 1996, j’ai œuvré dans le domaine de la paix pendant des décennies et j’ai travaillé sur le rapprochement des peuples marocains et israéliens. Et cette reprise des relations nous a aidé dans nos objectifs et nous a permis de reprendre les délégations que nous faisions entre Israël et le Maroc. Dans ce sens, nous avons envisagé de faire des délégations scientifiques, culturelles, sportives et associatives d’Israël vers le Maroc et aussi du Maroc vers Israël, afin de créer des espaces d’échanges entre les Marocains et les Israéliens.
LeBrief : Le nouveau gouvernement de Benjamin Netanyahu fait face à de nombreux défis. Parmi eux, celui de maintenir la dynamique de ces relations. Quels sont selon vous les grands enjeux ?
Simon Skira : Qualifié comme le gouvernement le plus à droite dans l’histoire d’Israël, le gouvernement de Netanyahu attise la peur de certains Israéliens. Le premier enjeu qui se pose est de donner une bonne image de ce gouvernement. Sinon, dans son discours, Netanyahu a révélé ces grands chantiers : «Nous avons quatre missions principales : contrecarrer les efforts de l’Iran pour se doter d’un arsenal nucléaire, ramener la sécurité et la souveraineté à l’intérieur d’Israël, lutter contre la cherté de la vie et des logements, et élargir le cercle de la paix». Selon ses mots, on ne peut que comprendre que la dynamique des relations Maroc-Israël ne peut qu’augmenter et s’étendre.
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LeBrief : Concernant le secteur touristique, les visiteurs israéliens sont de plus en plus nombreux à venir au Maroc. C’est un marché à fort potentiel. Pensez-vous que le Royaume pourra prochainement devenir la destination préférée des Israéliens, même ceux qui ne sont pas d’origine marocaine ?
Simon Skira : Le Maroc est riche de monuments historiques et d’une nature splendide avec une infrastructure hôtelière importante. À tout cela s’ajoute une histoire juive impressionnante. Tous ces éléments vont rendre le Maroc comme une destination incontournable pour les touristes israéliens des différentes origines. Certes, les israélo-marocains seront la grande partie vu leur soif de revoir le pays de leur naissance pour les anciens et découvrir la terre de leurs ancêtres pour les nouvelles générations. Mais aussi, il y aura des milliers d’Israéliens d’autres origines qui seront de la partie. Il faut juste que les opérateurs touristiques essaient de comprendre la mentalité juive et aussi faire un effort dans la partie cacheroute et surtout développer des offres selon les événements juifs comme des packs pendant la période Pessah.
LeBrief : Le Maroc devrait accueillir le sommet des accords d’Abraham en mars prochain, qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Simon Skira : En tant que marocain juif, je ne peux qu’être fier. Et je pense que ce sommet sera un moment important dans le renforcement des relations entre les différents pays. Il donnera aussi un nouveau souffle pour la dynamique de ces relations.
Simon SKIRA, né à Casablanca, a quitté le Maroc en 1967. Il a étudié l’histoire, en particulier l’histoire du Maroc, et étudié le français et la gestion des villes en développement, dans le cadre d’un projet spécial de la Fédération mondiale sépharade, à l’université de Beer-Sheva.
De 1982 à 1986, il était en mission israélienne, en tant que directeur régional du grand sud-ouest de la France.
Il a été par la suite nommé directeur délégué de l’école d’ingénieurs Beer-Sheva et Ashdod (5.500 étudiants) en 2012, et ce, pour les pays européens francophones. Simon Skira s’est aussi investi dans plusieurs secteurs comme le tourisme et la cybersécurité.
En 1996, notre intervenant est devenu président fondateur de l’Association d’amitié Israël-Maroc à Tel-Aviv. Cette association a organisé de nombreux échanges et délégations qui concernent plusieurs domaines en collaboration avec des spécialistes marocains de l’agriculture, de la médecine, de la technologie et d’autres domaines.
Par ailleurs, Simon Skira est secrétaire général de la Fédération des Juifs du Maroc en France. Il est également chef de projet à la direction générale de l’ECAM EPMI. Ce dernier soutient le projet Label GE2P «grandes écoles pour la paix». Un projet que le militant pour la paix et conférencier, Skira, s’efforce de réaliser.
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