Accueil / Politique

Maroc-France : la crise se prolonge

Temps de lecture

Les drapeaux du Maroc et de la France © DR

L’atmosphère entre la France et le Maroc s’électrise. Récemment, une série de déclarations, d’annonces non confirmées et de décisions politiques a mis à l’épreuve cette relation, laissant présager une érosion de la confiance mutuelle. Le fait que le Royaume a accepté l’aide de quatre pays suite au séisme dévastateur d’Al Haouz, qui a causé la mort de 2.946 personnes, a conduit à un acharnement des médias français. Nabil Adel, professeur de géopolitique et d’économie, dévoile son analyse sur une situation diplomatique de plus en plus complexe.

Les relations franco-marocaines traversent une période de fortes turbulences, marquée par des malentendus et des décisions qui ont été largement médiatisées. La perspective d’une relation normale et d’un renouveau du partenariat stratégique entre les deux pays demeure compromise.

«Une gaffe diplomatique»

La dynamique diplomatique entre le Maroc et la France semble s’inscrire dans un schéma de malentendus croissants. La dernière bourde en date provient d’une annonce inattendue de la ministre des Affaires étrangères française, Catherine Colonna, qui a évoqué une visite imminente du président Emmanuel Macron au Maroc. Cependant, cette déclaration a été rapidement démentie par Rabat, soulignant qu’aucune visite de ce type n’était actuellement programmée.

Contacté par nos soins, Nabil Adel a qualifié l’annonce anticipée de Catherine Colonna de «gaffe diplomatique» compte tenu du climat actuel de relations bilatérales déjà tendues. Selon lui, il est impératif de s’en tenir strictement aux protocoles et aux voies de communication officielles afin d’éviter toute confusion. Pour appuyer son argument, il a évoqué la progression notable des relations récentes entre le Maroc et l’Espagne, suggérant qu’une telle évolution positive pourrait servir de modèle pour les relations franco-marocaines.

Un autre point de friction récent est le choix du Maroc de ne pas faire appel à l’aide française, suite au séisme du 8 septembre. Face à cette décision, la cheffe de la diplomatie française a tenté d’apaiser les tensions en rappelant le droit inaliénable du Maroc, en tant que nation souveraine, de décider comment accepter et coordonner l’aide internationale. Et pourtant, plusieurs médias ont interprété cette décision comme un «refus de l’aide de la France», entraînant ainsi une effervescence médiatique notable.

À tout cela s’ajoutent les propos du président français lors de son discours consacré aux relations entre la France et l’Afrique le 27 février au palais de l’Élysée. Il avait vanté la qualité des relations de l’Hexagone avec le Maroc et mis en avant une amitié supposée avec le roi Mohammed VI. Un écho qui a reçu une réponse nette de Rabat, relayée par Jeune Afrique, clarifiant que la relation actuelle est loin d’être qualifiée «d’amicale».

Lire aussi : Enfants de la Patrie, les Lions de l’Atlas sont parés !

Une crise qui va durer dans le temps

Dans la complexité croissante des relations franco-marocaines, les derniers développements semblent témoigner d’une détérioration notable, impulsée par ce que beaucoup perçoivent comme une faute de leadership du côté français. Nabil Adel analyse de manière perspicace la situation actuelle, mettant en lumière les actions du président français, Emmanuel Macron, comme étant le cœur du problème.

Selon notre interlocuteur, la France est en train de vivre un déclin marqué, non seulement sur le plan politique, mais aussi sur l’échiquier diplomatique mondial, particulièrement notable dans son retrait accéléré de l’Afrique de l’Ouest. «Nous assistons à la fin d’un chapitre prestigieux de l’histoire française», a-t-il déclaré, notant que bien que le pays conserve son statut de puissance mondiale, il semble avoir perdu une grande part de ses ambitions internationales. Il indique que la France est en train de céder du terrain sur la scène mondiale, une évolution qui la laisse dans une position de plus en plus difficile.

Nabil Adel attribue cette décadence aux traits de caractère du président Macron, qu’il décrit comme étant psychorigide, ayant contribué à diminuer le prestige international traditionnellement associé au poste de président de la République française.

Lire aussi : Sarkozy accuse Macron d’éloigner la France du Maroc

Le professeur de géopolitique et d’économie note aussi que Macron, contrairement à ses prédécesseurs, n’a pas été formé dans les arcanes de la politique. Il provient en effet du secteur de l’entreprise, un background qui affecte sa stature sur la scène mondiale, comme illustré lors de ses visites en Russie et en Chine. «La France de Macron semble réticente à adapter sa stratégie, alors que de nouvelles puissances émergent avec une force notable, telles que la Russie et la Chine, sans oublier les États-Unis qui conservent une influence significative», précise-t-il.

En outre, Nabil Adel observe une nonchalance chez Macron face à la série de crises qui ont récemment ébranlé les relations avec le Maroc. Ces tensions incluent des controverses sur les visas, la question du Sahara, l’affaire Pegasus et les résolutions du Parlement européen critiquant la liberté de la presse au Maroc. Notre intervenant souligne que les relations bilatérales ont atteint leur point le plus bas depuis l’époque de Ben Barka. Une situation qui a refroidi les liens diplomatiques entre les deux nations.

Interrogé finalement sur l’avenir des relations franco-marocaines, Nabil Adil estime que la crise est actuellement silencieuse et persistante. «Tant que Macron est au pouvoir, un réchauffement des relations semble peu probable, une perspective que les autorités marocaines semblent également reconnaître», conclut Adel. Il explique qu’un retour à des relations normales et cordiales dans un avenir proche serait très compliqué.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Rabat : réunion du Comité de suivi de la pêcherie de poulpe

Politique - Sous la présidence de Zakia Driouich, secrétaire d'État chargée de la Pêche maritime auprès du ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, une réunion du Comité de suivi de la pêcherie de poulpe s'est tenue mardi à Rabat.

Farah Nadifi - 17 décembre 2024

Le Maroc, au cœur des réflexions sur l’avenir mondial

Politique - Rachid Talbi El Alami, a souligné l'importance de rétablir la paix et la sécurité mondiale en respectant le droit international et la souveraineté des États.

Mbaye Gueye - 17 décembre 2024

Le Maroc, moteur de l’intégration africaine (Driss Lachguar)

Politique - Driss Lachguar, premier secrétaire de l’USFP, a souligné l’importance des liens historiques, culturels et stratégiques entre le Maroc et le continent africain.

Ilyasse Rhamir - 17 décembre 2024

Conseil de gouvernement : examen de sept projets de décret

Politique - Le Conseil de gouvernement, présidé par Aziz Akhannouch, se réunira jeudi à Rabat pour examiner plusieurs projets de décret et des propositions de nomination.

Rédaction LeBrief - 17 décembre 2024

Cour des comptes : le stress hydrique, un état d’urgence climatique et stratégique

Politique - Le rapport 2023-2024 de la Cour des comptes met en lumière les défis liés à la gestion hydrique.

Farah Nadifi - 17 décembre 2024

Le Parlement abrite le « Congrès du Futur » les 17 et 18 décembre à Rabat

Politique - Le Parlement marocain, avec ses deux Chambres, organise, en collaboration avec la Chambre des députés et le Sénat de la République du Chili, la prochaine édition du «Congrès du Futur»

Rédaction LeBrief - 17 décembre 2024

Akhannouch : bâtir aujourd’hui, rayonner en 2030

Politique - Aziz Akhannouch a mis en avant les progrès significatifs réalisés par le Maroc grâce à des choix stratégiques déterminants.

Ilyasse Rhamir - 17 décembre 2024

Akhannouch : les infrastructures, moteur du Maroc de demain

Politique - Aziz Akhannouch a souligné que le développement des infrastructures constitue un pilier central pour le progrès du pays.

Ilyasse Rhamir - 16 décembre 2024
Voir plus

Le Roi adresse un message aux participants au Symposium international sur « la Justice transitionnelle »

Politique - Le roi Mohammed VI a adressé un message aux participants au Symposium international sur « la Justice transitionnelle », organisé à Rabat

Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024

Cour des comptes : le stress hydrique, un état d’urgence climatique et stratégique

Politique - Le rapport 2023-2024 de la Cour des comptes met en lumière les défis liés à la gestion hydrique.

Farah Nadifi - 17 décembre 2024

CDM 2030 : la BAD investit 650 M€ au Maroc

Politique - Le président de la BAD, a annoncé l’élaboration d’un projet de financement de 650M d’euros, destiné au développement des infrastructures ferroviaires et aéroportuaires du Royaume.

Ilyasse Rhamir - 6 décembre 2024

Bourita reçoit le président de l’Assemblée nationale de la Mauritanie

Politique - Le Maroc et la Mauritanie confirment leur volonté de renforcer leurs relations, comme en témoigne la rencontre entre Bourita et Bemba Meguett.

Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024

Les dessous de la carte

Dossier - Prononcé devant le Parlement du Maroc le 29 octobre, quels secrets, quelles promesses, quelle histoire se cache derrière le discours d'Emmanuel Macron ?

Sabrina El Faiz - 2 novembre 2024

PLF 2025 : des réformes pour un avenir social plus équitable

Politique - Le projet de loi de finances (PLF) pour l'exercice 2025 met en avant un ensemble de mesures visant à consolider l’État social.

Farah Nadifi - 22 novembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire