Maroc : carrefour des arts
Une année haute en couleurs ! D’ailleurs, le Maroc ne rate pas une occasion de faire briller les siennes sur la scène culturelle.
A commencer par le festival Gnaoua et musiques du monde, considéré comme l’un des plus grands festivals du Royaume. Cette année, Essaouira a accueilli 400.000 participants venus des quatre coins du monde. Durant une semaine, cette ville côtière a été le point de ralliement des musiciens. Portés par les vagues, ils se sont livrés à des échanges musicaux inédits à travers des concerts de fusion. Des moments où la musique dévoile toute son authenticité, transcendant les mots et les frontières. On retiendra tout simplement que les notes ont créé un langage universel, capable de toucher les âmes et de dépasser les frontières. La 25ᵉ édition de ce festival a été marquée par un programme hautement qualitatif, avec plus de 400 artistes qui ont enflammé les scènes du festival. Les Maâlems Gnaoua et leurs invités musiciens, venus des quatre coins du monde, ont créé des fusions inédites.
Lire aussi : Diplomatie culturelle : le Maroc au carrefour du patrimoine et du soft power
Une innovation de taille a marqué le festival de cette année : un nouveau programme de formation avec le Berklee College of Music, basé à Boston, aux États-Unis. Ce partenariat, fruit de plusieurs années de discussions, témoigne du sérieux et de la crédibilité du festival à l’international. À cela s’ajoute la création d’une chaire universitaire dédiée à la culture Gnaoua au sein du « Center for African Studies » de l’Université Mohammed VI Polytechnique de Benguérir (UM6P).
Du 20 au 29 juin 2024, la capitale marocaine a accueilli le festival Mawazine, regroupant plus de 200 artistes venus des quatre coins du globe. Durant neuf jours, le public a assisté à des moments mémorables. Les performances de Metro Boomin, ATEEZ, Central Cee, Burna Boy, et Camila Cabello ont été très appréciées. Calvin Harris a également enflammé l’OLM Souissi avec ses rythmes entraînants. On peut également retenir le spectacle holographique d’Oum Kalthoum au Théâtre national Mohammed V, qui a ébloui les spectateurs, offrant un moment de grâce et d’innovation. À ses côtés, des performances d’artistes de renom tels que Samira Said, Carole Samaha, Marwan Khoury, Badr Rami, Gregory Porter et Yuri Buenaventura ont transformé ce lieu historique en un vibrant espace de danse et de chant. Le public, captivé, a vécu des émotions fortes et uniques. La 19ᵉ édition du festival Mawazine a attiré plus de 2,5 millions de visiteurs. Ce chiffre, bien qu’impressionnant, est en deçà des 2,75 millions de participants de l’année précédente.
Lire aussi : Al-Andalus : héritage et résonances dans la culture populaire
La ville de Fès a également été un lieu de rencontre des musiques sacrées du monde avec la 27ᵉ édition du festival. Cette année a été marquée par la mise en lumière de la période de cohabitation pacifique des religions du Livre dans l’Andalousie du VIIIᵉ au XVᵉ siècle, considérée comme un « âge d’or » dont l’esprit perdure au Maroc. Ce voyage à la source a été porté par une scénographie spectaculaire et des projections de lumière, avec des artistes venus d’Ouzbékistan, d’Iran, de Syrie, d’Inde, d’Espagne, d’Égypte, d’Italie, d’Arménie, de France et du Maroc. Cette 27ᵉ édition a vu des musiciens de renom se succéder sur scène, comme la grande star de la musique soufie Sami Yusuf, le flamenquiste virtuose Vicente Amigo ou encore le concert Stabat Mater, dirigé par le maestro Paolo Olmi, sans oublier le Gospel Philharmonic Experience.
L’année 2024 a aussi été marquée par la 21ᵉ édition du festival international du film de Marrakech. La ville mythique de Marrakech a attiré pendant neuf jours toutes les sommités du monde du septième art. Cette occasion a été un moment de célébrations cinématographiques intenses, rythmées par des projections, rencontres et hommages. Cette édition a été marquée par un record de fréquentation. Une série d’hommages et une compétition officielle, aussi qualitative que diversifiée, ont été au menu. Ainsi, 14 longs-métrages ont été en compétition officielle, sous la supervision d’un jury présidé par le cinéaste italien Luca Guadagnino. Un film palestinien a remporté l’Étoile d’or : Happy Holidays de Scandar Copti, une première. Ce drame émouvant a également valu à ses actrices principales, Manar Shehab et Wafaa Aoun, le prix d’interprétation féminine, partagé entre les deux artistes. Au total, 71 films issus de 32 pays ont illuminé les écrans de Marrakech, répartis en six sections. Parmi eux figuraient 12 productions soutenues par les Ateliers de l’Atlas, le programme industrie du festival, dont The Village Next to Paradise de Mo Harawe, qui a décroché le Prix du jury.
Une année marque l’élaboration d’un cadre juridique lié aux questions culturelles
Cette année a également vu l’ouverture du nouveau Théâtre Royal de Rabat, inauguré par la princesse Lalla Hasnaa, accompagnée de Brigitte Macron. Un projet structurant qui vient renforcer l’écosystème de la Ville lumière, capitale culturelle du Maroc. Ce joyau se veut une concrétisation de la haute sollicitude royale envers l’art et la culture. La construction de ce théâtre marque un tournant majeur dans le paysage culturel du Royaume.
Inauguration du Théâtre Royal de Rabat par la princesse Lalla Hasnaa et Brigitte Macron
Enfin, 2024 a été une année charnière dans le rayonnement culturel du Royaume, avec l’annonce en octobre dernier par la directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, de la désignation de Rabat comme Capitale mondiale du livre pour l’année 2026, ainsi que le choix de Marrakech pour accueillir le 19ᵉ congrès mondial de l’Organisation des villes du patrimoine mondial en 2026.
Elle a été marquée par la célébration de Marrakech en tant que capitale de la culture dans le monde islamique pour 2024, sous le patronage du roi Mohammed VI. La ville ocre a ainsi accueilli une série de manifestations et d’activités culturelles, intellectuelles et artistiques mettant en avant la civilisation islamique et la richesse d’une ville qui se distingue par un charme particulier et un développement urbain continu, grâce au projet royal « Marrakech, cité du renouveau permanent ».
Lire aussi : Doha : clôture de l’année culturelle Qatar-Maroc avec le « Tbourida Show »
En 2024, l’Académie du Royaume du Maroc a poursuivi son action sous sa nouvelle configuration, impulsée par le roi Mohammed VI, qui lui a insufflé un nouvel élan et une dynamique renouvelée. Dotée d’une vision modernisée et de structures repensées, l’Académie a intégré de nouveaux membres et lancé des projets novateurs. Ces initiatives mettent en valeur l’identité nationale tout en s’ouvrant aux expériences culturelles internationales, en phase avec les thématiques contemporaines.
Par ailleurs, 2024 a été marquée par la célébration officielle du nouvel An amazigh, décrété jour férié national par le Roi. Cette décision illustre l’engagement envers la consécration constitutionnelle de la langue et de la culture amazighes.
L’année a également été marquée par des avancées significatives dans le cadre juridique lié aux questions culturelles. Plusieurs lois ont été adoptées, notamment une relative à la protection du patrimoine. Celle-ci renforce les dispositions en matière de conservation des monuments, des sites historiques et des objets d’art et d’antiquité. En complément, un registre national dédié au recensement du patrimoine a été créé pour garantir une gestion optimale de cet héritage. Ces actions témoignent d’un engagement ferme en faveur de la préservation et de la valorisation de la richesse culturelle du Maroc.