Accueil / Économie

Marché de l’assurance : les recommandations du Conseil de la concurrence

Temps de lecture

Image d'illustration © DR

Jeudi 24 août, le Conseil de la concurrence a dévoilé son avis relatif au fonctionnement concurrentiel du marché de l’assurance au Maroc. L’institution indique que ce marché est caractérisé par plusieurs dysfonctionnements qui impactent son développement et sa performance. Elle a formulé une série de recommandations, en vue de développer le marché de l’assurance en le rendant plus transparent et plus attractif.

Le marché de l’assurance au Maroc est en constante évolution, caractérisé par une concurrence dynamique entre les compagnies d’assurance. Ce secteur vital de l’économie marocaine joue un rôle crucial dans la gestion des risques et la protection des individus, des entreprises et des biens. Bien qu’il connaisse une croissance et une évolution notables, le marché de l’assurance au Maroc n’est pas exempt de dysfonctionnements.

Le contenu de l’avis du Conseil de la concurrence concernant le secteur des assurances vient d’être divulgué. Mis en ligne jeudi 24 août, ce rapport découle d’une initiative de « saisine d’office » lancée en 2022 par l’organisme de régulation. Le document propose une analyse approfondie du fonctionnement concurrentiel du marché national de l’assurance.

Lire aussi : Paiement en ligne : le Conseil de la concurrence tord le cou aux pratiques abusives

Un marché fortement réglementé

Selon le Conseil de la concurrence, le marché de l’assurance est soumis à une réglementation importante reposant sur un ensemble de lois, de décrets, d’arrêtés et de circulaires émanant de l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS).

Dans son avis, l’institution précise que malgré cette régulation, le marché de l’assurance a été ouvert à la concurrence suite à l’entrée en vigueur de la première loi n° 06-99 sur la liberté des prix et de la concurrence. Cela s’est concrétisé par la libéralisation des taux de commissionnement des intermédiaires en 2001 et du tarif de toutes les branches de l’assurance en 2006.

Marqué par des opérations de fusion par absorption ces dernières années, le marché de l’assurance se caractérise par un niveau de concentration accru, souligne le Conseil. Il note également que l’ACAPS régule et surveille le marché des assurances, veillant au bon fonctionnement du secteur. Le Conseil indique aussi que le marché de l’assurance est un marché «émergent avec une dynamique de croissance soutenue». Selon les données de l’ACAPS, le secteur national de l’assurance et de la réassurance a enregistré un chiffre d’affaires de 57,5 milliards de DH (MMDH) en 2022, avec une croissance de 9,7% par rapport à 2021, maintenant ainsi sa performance positive des dix dernières années.

En détail, l’assurance vie, qui représente 44,17% du marché, a progressé de 10,7% à 25,4 MMDH en 2022, stimulée par une croissance de 12,4% dans l’épargne. En ce qui concerne l’assurance non-vie, représentant 49,39% du marché, elle a atteint un volume de 28,4 MMDH avec une croissance de 6,6% par rapport à l’exercice précédent. Cela est principalement attribué à la performance de l’assurance automobile, qui a généré des primes de 13 MMDH.

Plusieurs dysfonctionnements

Concernant les problèmes du marché de l’assurance, le Conseil souligne des barrières à l’entrée relativement élevées, limitant l’accès au marché pour les entreprises d’assurances et de réassurance (EAR) ainsi que pour les intermédiaires.

En outre, l’avis mentionne des retards dans le traitement des agréments nécessaires à la pratique des opérations d’assurance par les EAR, ainsi que des conditions de sortie accordant un pouvoir «discrétionnaire et disproportionné» au régulateur sectoriel. Le Conseil fait aussi référence à un système d’agrément hybride avantageant considérablement les assureurs mixtes, ainsi qu’à une offre non adaptée à l’assurance inclusive. En ce qui concerne l’offre, le Conseil souligne le manque d’innovation dans les produits d’assurance, avec des segments d’assurances fragiles et un potentiel inexploité dans le domaine de la bancassurance.

Lire aussi : Prix des carburants : le Conseil de la concurrence reprend l’instruction du dossier

Appel à assouplir les conditions d’accès et de sortie au marché

Dans son avis, le Conseil de la concurrence recommande d’assouplir les conditions d’entrée et de sortie pour les divers acteurs du marché de l’assurance.

Conformément aux termes de la loi n°20-13 relative au Conseil de la concurrence, l’organisme a pris l’initiative de donner son avis sur le fonctionnement concurrentiel du marché de l’assurance au Maroc. Dans cet avis, il encourage l’ajustement des conditions légales d’accès au marché de l’assurance en les intégrant dans des textes réglementaires pour faciliter les amendements. Le Conseil considère que les critères légaux pour l’obtention de l’agrément nécessaire à la pratique des opérations d’assurance et de réassurance (un capital social de 50 millions de DH pour les sociétés anonymes et un capital de fonds d’établissement de 50 millions de DH avec un minimum de 10.000 sociétaires pour les sociétés d’assurance mutuelle) constituent des «obstacles à l’entrée sur le marché de l’assurance, notamment pour les petites et moyennes entreprises».

De plus, le Conseil recommande l’ajout d’une disposition légale fixant le délai de réponse par l’ACAPS aux demandes d’agrément pour la pratique des opérations d’assurance et de réassurance. Cette disposition serait destinée à offrir une visibilité, une transparence et une sécurité juridique aux investisseurs qui souhaitent accéder à ce marché.

De même, le Conseil met en avant la nécessité de réformer le système d’agrément des intermédiaires d’assurance. Il relève que le système actuel présente des lacunes pour les EAR ainsi que pour les personnes cherchant à pénétrer ce marché. Le Conseil souligne en particulier les contraintes associées à l’examen professionnel, qui entrave le développement des stratégies commerciales des EAR et limite l’accès direct des candidats au marché.

Lire aussi : La réforme du Conseil de la concurrence sur les bons rails

D’autres recommandations

Le Conseil recommande également de clarifier les conditions de retrait d’agrément par l’ACAPS en définissant plus précisément le concept d’ « intérêt général » mentionné dans le Code des assurances. Il encourage à circonscrire ce concept pour offrir une meilleure visibilité et une sécurité juridique accrue aux acteurs économiques.

L’avis met aussi en évidence la nécessité d’améliorer l’offre d’assurance au Maroc. Il suggère la réforme légale afin de corriger les avantages concurrentiels résultant de la spécialisation des assureurs. De plus, il préconise une ouverture graduelle de l’assurance non-vie au secteur bancaire, le développement d’une offre inclusive et innovante en matière d’assurance et la numérisation des contrats d’assurance.

Par ailleurs, l’avis invite à plus de concurrence dans le segment de la responsabilité civile automobile, l’introduction de l’obligation de paiement direct de la prime aux EAR, l’amélioration de la régulation sectorielle, l’encadrement des missions des regroupements professionnels et une meilleure protection des consommateurs d’assurance.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Quand la croissance des recettes ne freine pas le déficit

Économie - L'exécution budgétaire du Maroc a montré des signes de tensions financières, avec un déficit qui s’est creusé de 11,6 MMDH par rapport à la même période en 2023.

Mbaye Gueye - 20 décembre 2024

Le besoin de financement du Trésor en légère baisse à fin novembre

Économie - À fin novembre 2024, le besoin de financement du Trésor s’est établi à 55,9 MMDH, contre 59,2 MMDH à la même période en 2023.

Rédaction LeBrief - 20 décembre 2024

Légère hausse de l’inflation en novembre 2024

Économie - En novembre 2024, l’indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 0,8% par rapport à novembre 2023, selon le HCP.

Rédaction LeBrief - 20 décembre 2024

Tanger-Tétouan-Al Hoceima : plus de 9.700 entreprises créées au T3-2024 (OMPIC)

Économie - Selon l’OMPIC, 9.761 entreprises ont été créées dans la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima durant les neuf premiers mois de 2024.

Mbaye Gueye - 20 décembre 2024

12-18 décembre : le déficit de liquidité bancaire se creuse de 2,4%

Économie - Le déficit de liquidité bancaire au Maroc s'est creusé de 2,4%, atteignant 138,9 milliards de dirhams.

Rédaction LeBrief - 20 décembre 2024

Délais de paiement : l’amende réajustée au nouveau taux directeur

Économie - La Direction générale des Impôts (DGI) a annoncé que les factures dont le délai de retard du paiement commence à partir du 1er décembre 2024, sont passibles d’une amende pécuniaire fixée au nouveau taux directeur (TD) de Bank Al-Maghrib (BAM).

Mbaye Gueye - 20 décembre 2024

Casablanca-Pékin : RAM relance sa liaison directe

Économie - La RAM relancera sa ligne directe Casablanca-Pékin dès le 20 janvier 2025, ce qui renforce des liens entre le Maroc et la Chine.

Ilyasse Rhamir - 20 décembre 2024

Essaouira : Akhannouch préside le développement de la station Mogador

Économie - Akhannouch a présidé à Essaouira une cérémonie de signature d’une convention pour le développement de Mogador.

Rédaction LeBrief - 20 décembre 2024
Voir plus

Hard-discount toujours plus bas, mais à quel prix ?

Dossier - Le hard-discount a-t-il trouvé LA recette miracle pour proposer LA bonne affaire ? Pas sûr… la lame peut être à double tranchant.

Sabrina El Faiz - 7 décembre 2024

ANCFCC : bon cru 2020

J.R.Y - 19 mars 2021

La Chambre des représentants adopte le PLF 2025 en deuxième lecture

Économie - La Chambre des représentants a approuvé, à la majorité, en deuxième lecture, le projet de loi de finances (PLF) n°60.24 pour l’année budgétaire 2025.

Mbaye Gueye - 6 décembre 2024

She Impulse : l’AFEM révolutionne l’entrepreneuriat féminin au Maroc

Économie - L’AFEM a dévoilé, mardi 3 décembre 2024, sa nouvelle feuille de route stratégique baptisée « She Impulse : Créateur de valeurs ».

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2024

Tourisme marocain : entre traditions et nouvelles ambitions

Économie - Entre la montée en puissance du tourisme interne et l’importance accrue du tourisme culturel, le Royaume repense son approche pour s’adapter à la demande croissante.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

Pirater ou réguler : le défi BeIN Sport au Maroc

Économie, Entreprise - Face à la prolifération des serveurs IPTV illégaux, qui permettent aux utilisateurs d’accéder à ses contenus sans payer, BeIN Sport s’interroge sur les moyens de protéger ses droits.

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire