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L’accord de libre-échange entre les États-Unis et le Maroc (MAFTA) continue de positionner le Royaume comme un bénéficiaire unique sur le continent africain, selon un rapport du Washington Institute for Near East Policy, consulté par LeBrief. Ce partenariat stratégique, initié dans le sillage des événements du 11 septembre, visait à renforcer les liens bilatéraux, notamment en matière de sécurité. Mais il ambitionnait aussi encourager la coopération du Maroc dans la lutte contre le terrorisme et la promotion de la tolérance.
L’administration Bush, soucieuse de promouvoir une zone de libre-échange élargie au Proche-Orient, a vu dans le Maroc un partenaire important. Le pays a été récompensé par une augmentation de l’aide bilatérale et le statut privilégié de «partenaire non-membre de l’OTAN». Ce pacte économique a favorisé les producteurs américains en leur ouvrant davantage les portes du marché marocain, notamment dans des secteurs comme l’agriculture grâce à la réduction des droits de douane. Il a également offert au Maroc l’opportunité de diversifier ses échanges commerciaux et de réduire sa dépendance envers l’Europe.
Ce rapport, rédigé par Sabina Heinberg, chercheuse associée à l’institut, souligne l’importance stratégique et économique de l’accord. Le document illustre comment, au-delà des avantages commerciaux, MAFTA incarne une dimension géopolitique essentielle en renforçant les liens transatlantiques entre les deux nations.
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Commerce en hausse et déficit commercial persistant
Depuis l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange entre les États-Unis et le Maroc (MAFTA), le volume du commerce bilatéral a connu une croissance spectaculaire. Il a presque quadrupé, passant de 1,3 milliard de dollars en 2006 à 5,5 milliards de dollars en 2023. Parmi les principaux produits exportés par le Maroc figurent les engrais, les semi-conducteurs, et les véhicules automatisés. De son côté, le Royaume importe principalement du carburant, des pièces détachées d’avions, et des turbines à gaz.
Cependant, malgré cette hausse des échanges, le déficit commercial du Maroc avec les États-Unis s’est accentué. Celui-ci est passé de moins d’un milliard de dollars en 2006 à environ 1,8 milliard l’année dernière. Ce constat suggère que les bénéfices économiques promis par MAFTA n’ont pas encore été pleinement réalisés.
Au cours des deux dernières décennies, le Maroc a également enregistré une croissance économique notable. Le produit intérieur brut a plus que doublé, passant de 63 milliards de dollars en 2005 à près de 131 milliards de dollars en 2022. Cette croissance robuste a été stimulée par des facteurs divers, indépendants de MAFTA, tels que des précipitations bénéfiques pour l’agriculture avant une période de sécheresse prolongée, l’utilisation stratégique de la position géographique du Maroc pour optimiser les chaînes d’approvisionnement globales pendant la pandémie de COVID-19, et des politiques favorisant l’investissement et des projets d’infrastructure comme la ligne de train à grande vitesse.
En parallèle, la part des engrais dans les exportations marocaines vers les États-Unis a grimpé de 7% en 2008 à 23% en 2021. Bien que les textiles aient également vu une hausse, passant de 8% à 12% au cours de la même période, cette croissance reste modeste malgré d’importantes concessions obtenues par le Maroc lors des négociations de MAFTA, grâce notamment à une représentation efficace des producteurs de textiles dans la société civile marocaine.
Investissements chinois au Maroc
Le rapport souligne également la transformation du Maroc en une plaque tournante pour les investissements chinois dans le domaine de la production de batteries pour véhicules électriques et de leurs composants. Cette attraction est motivée par la volonté de la Chine de capitaliser sur l’environnement économique stable du Royaume et sa proximité avec plusieurs marchés. L’accroissement rapide de l’empreinte chinoise dans le secteur manufacturier marocain des produits verts pourrait, selon le rapport, expliquer les hésitations de Washington à encourager les investisseurs américains à suivre le même chemin. Ceci dans un contexte où les États-Unis cherchent à diversifier les chaînes d’approvisionnement qui soutiennent les objectifs de réduction des émissions de carbone, conformément à la loi américaine sur la réduction de l’inflation de 2022.
Le document rappelle que, en théorie, l’accord MAFTA devrait stimuler l’investissement dans ce secteur, y compris de la part de tiers désireux d’accéder aux marchés américains. De plus, la loi américaine sur la réduction de l’inflation encourage les investisseurs américains à financer des industries réduisant le carbone, telles que les batteries pour véhicules électriques, particulièrement dans les pays ayant signé des accords de libre-échange bilatéraux.
Théoriquement, la MAFTA devrait également pousser Rabat à entreprendre des réformes internes qui ouvriraient davantage ses marchés et stimuleraient sa croissance économique. Le rapport note que l’application de ces mesures par le Maroc a été mitigée, malgré les éloges de l’Organisation mondiale du commerce en 2016 pour les nombreuses initiatives prises par le Royaume pour améliorer son régime commercial. Il s’agit par exemple de la mise en œuvre du Plan Maroc Vert, qui vise à réduire le déficit commercial tout en favorisant le développement durable.
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Un outil stratégique plus qu’un levier économique
Sur le plan général, il semble que l’accord de libre-échange ait surtout servi des intérêts politiques et stratégiques plutôt que des objectifs économiques. Étant donné les secteurs stratégiques que le Maroc a choisi de développer, il est peu probable que cet accord atteigne pleinement son potentiel. De plus, une renégociation visant à cibler les problèmes économiques bilatéraux persistants semble improbable au vu de la montée des attitudes protectionnistes à Washington.
Cependant, le MAFTA a contribué à maintenir une relation bilatérale solide malgré les fluctuations politiques aux États-Unis. Notamment, l’administration Biden a choisi de ne pas revenir sur la décision du gouvernement Trump de 2020 de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le territoire contesté du Sahara. Cette position est désormais le pilier des liens bilatéraux. Peu importe le résultat des élections américaines de novembre, la prochaine administration est peu susceptible de revenir sur cette question, surtout maintenant que la France a également reconnu la revendication de Rabat. Parallèlement, les programmes d’assistance américains continuent de soutenir les secteurs liés au commerce, tels que l’agro-industrie et la croissance inclusive.
À l’avenir, les États-Unis devraient utiliser le commerce pour soutenir la croissance économique du Maroc en se concentrant sur des industries telles que la manufacture légère. Celles-ci peuvent contribuer à la création de nouveaux emplois, notamment pour les femmes. Washington devrait également continuer à travailler via l’International Development Finance Corporation pour identifier des initiatives qui renforcent à la fois l’investissement américain et incitent le Maroc à mettre en œuvre des réformes environnementales et du travail. Enfin, compte tenu de la décision passée du Royaume de renforcer l’enseignement de l’anglais, Washington et d’autres pays anglophones devraient élargir les opportunités de formation linguistique avec le Maroc pour un bénéfice économique mutuel.
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