Travail des enfants © DR
Le Maroc a réussi à réduire le nombre d’enfants travailleurs de 94% au cours des vingt dernières années. C’est ce qu’a affirmé ce mercredi à Genève le ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri. Lors d’une session sur l’interdiction du travail des enfants, dans le cadre de la 112ᵉ Conférence internationale du Travail, Sekkouri a souligné que le Maroc a accumulé de nombreux acquis en matière de droits de l’enfant. Le ministre a assuré que le nombre d’enfants travailleurs a diminué pour représenter aujourd’hui moins de 1,4% de la main-d’œuvre.
Le ministre a d’ailleurs présenté une série d’approches essentielles sur lesquelles le Maroc s’appuie pour lutter contre le travail des enfants. Celles-ci incluent un investissement soutenu dans la formation professionnelle, la lutte contre le décrochage scolaire, la garantie de soutien direct à de larges segments sociaux, ainsi que le renforcement de l’éducation préscolaire. Il a également insisté sur l’importance de renforcer les contrôles sur les lieux de travail, avec 500 inspecteurs de travail à travers le Royaume pour s’assurer que les entreprises se conforment à l’interdiction du travail des enfants.
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Travail des enfants : un phénomène en baisse
Le travail des enfants au Maroc est un sujet préoccupant, mais en nette diminution. En 2023, sur les 7.775.000 enfants âgés de 7 à 17 ans, seulement 110.000 étaient engagés dans une activité économique, représentant 1,4% de cette tranche d’âge, selon les données du Haut-commissariat au plan (HCP). Cette proportion varie selon le milieu : 2,8% en milieu rural (88.000 enfants) et 0,5% en milieu urbain (22.000 enfants).
Le phénomène touche davantage les garçons que les filles et est souvent lié à la déscolarisation. En effet, 85,6% des enfants au travail sont de sexe masculin, 91,5% ont entre 15 et 17 ans et 79,9% vivent en milieu rural. Parmi eux, 8,6% sont encore scolarisés, 89,1% ont quitté l’école et 2,3% ne l’ont jamais fréquentée. La tendance à la baisse est notable, avec une diminution de 13,4% par rapport à 2022 et de 55,5% par rapport à 2017.
Le HCP fait savoir que le travail des enfants se concentre principalement dans le secteur agricole. En milieu rural, 74,1% travaillent dans l’agriculture, la forêt et la pêche. En milieu urbain, les secteurs des services (51%) et de l’industrie (28,1%) sont les principaux employeurs d’enfants. Les types d’emploi varient également selon le milieu : en milieu rural, 60,8% des enfants au travail sont des aides familiales, tandis qu’en milieu urbain, 56,9% sont des salariés, 28,6% des apprentis et 14% des aides familiales.
Malheureusement, près de six enfants au travail sur dix (63,3%) accomplissent des travaux dangereux, soit environ 69.000 enfants, ce qui représente 0,9% des enfants de cette tranche d’âge. Parmi eux, 74% résident en milieu rural, 91,2% sont des garçons et 87,9% ont entre 15 et 17 ans. Les secteurs les plus à risque sont les BTP (80,8%), l’industrie (79,3%), les services (77,7%) et l’agriculture, forêt et pêche (53%).
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Ce phénomène concerne approximativement 77.000 ménages marocains, soit près de 1% des ménages, principalement en milieu rural (55.000 ménages contre 22.000 en milieu urbain). Parmi ces ménages, environ 8,5% sont dirigés par des femmes. Les ménages de grande taille sont les plus affectés : 0,4% des ménages de trois personnes ont au moins un enfant au travail, et cette proportion atteint 2,5% pour les ménages de six personnes ou plus.
Les caractéristiques socioprofessionnelles des ménages jouent un rôle déterminant, ajoute le HCP. La proportion des ménages avec au moins un enfant au travail est de 1,2% parmi ceux dont le chef de famille n’a aucun niveau d’instruction, et elle est insignifiante parmi ceux avec un niveau d’instruction supérieur. En outre, 41,5% des enfants au travail viennent de ménages dirigés par des exploitants agricoles, 24% par des manœuvres, 20,8% par des cadres moyens, employés, commerçants, conducteurs d’installations ou artisans, et 13,6% par des inactifs. Le phénomène est quasi-inexistant dans les ménages dirigés par des cadres supérieurs.
L’engagement d’INSAF
Derrière cette baisse notable des chiffres, se trouve le travail acharné des associations. Parmi elles, l’association INSAF, dirigée par sa présidente Meriem Othmani, lutte activement contre le travail des enfants au Maroc. Leur approche holistique vise non seulement à arracher les enfants au travail forcé, mais aussi à les réinsérer dans le système éducatif et à leur offrir un meilleur avenir.
Par exemple, INSAF s’engage dans la réinsertion scolaire des petites filles. Elle a réussi à remettre à l’école 600 petites filles, les sauvant du travail domestique et du mariage précoce. «L’association offre aussi une aide financière de 300 DH chaque mois aux parents pour encourager la scolarisation des filles déscolarisées et c’est une aide qui se poursuit tout au long de leur scolarité. INSAF prend également en charge les fournitures scolaires, les frais de scolarité, et organise des cours de soutien intensifs dispensés par des instituteurs expérimentés», nous explique Meriem Othmani.
Grâce à ces efforts, certaines de ces filles ont pu poursuivre leurs études pendant près de 12 ans. Aujourd’hui, 34 anciennes petites bonnes sont à l’université, 10 suivent une formation professionnelle, et 66 s’apprêtent à passer leur baccalauréat.
Un autre exemple de l’engagement d’INSAF est le centre de Médiouna, situé près de la décharge de Casablanca où sont déversées plus de 4.000 tonnes de déchets chaque jour. «Ce centre a permis de sauver 150 enfants âgés de 6 à 16 ans de ce travail dangereux. Ces enfants fouillaient dans les poubelles à mains nues, sans masque, exposés à de nombreux risques sanitaires. INSAF a convaincu les parents de remettre leurs enfants à l’école en compensant la perte de revenu par une aide de 300 DH par mois. L’association prend en charge les soins médicaux des enfants, fournit des cours de soutien intensifs selon la méthode Tarl. Elle veille aussi à leur bien-être en les habillant, en les nourrissant, et en leur fournissant des vélos pour faciliter leur trajet jusqu’au collège», ajoute Meriem Othmani.
Notons que l’association INSAF a pour ambition de sauver 100 enfants supplémentaires d’ici à la fin de l’année 2024 et de continuer sa progression dans les années suivantes. Grâce à son expérience et à sa méthodologie éprouvée, l’association espère offrir un meilleur avenir à tous les enfants, en leur garantissant une éducation, des soins, et un environnement sûr pour grandir et s’épanouir.
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