Les parachutistes du 81e bataillon se mettent à l’abri dans une tranchée alors qu’une salve de lance-roquettes vient de mettre en feu une maison voisine, le 5 juillet. © Laurent VAN DER STOCKT pour Le Monde
Les forces russes continuent de progresser, mercredi 6 juillet, dans le Donbass. Des combats intenses se déroulent en bordure de l’oblast de Louhansk, a déclaré son gouverneur, Serhiy Gaïdaï. Selon lui, l’armée régulière et les réservistes russes y ont été déployés avec l’objectif de franchir la rivière Donetsk. «Nous contenons l’ennemi à la limite des régions de Louhansk et Donetsk», a-t-il précisé. Ce sont désormais les villes de Siversk, Bakhmout et Sloviansk, dans l’oblast de Donetsk, qui sont en première ligne du conflit. Dans la soirée du mardi 5 juillet, le gouverneur et chef de l’administration militaire de la région a exhorté ses plus de 350.000 habitants à fuir afin de sauver des vies et de permettre à l’armée ukrainienne de mieux défendre les villes. «Mon principal conseil : évacuez !», a lancé Pavlo Kyrylenko. Alors que les bombardements se font de plus en plus intenses, le gouverneur a dénoncé les agissements russes : «une fois encore, les Russes visent intentionnellement des endroits où se rassemblent les civils. C’est du terrorisme pur et simple».
Les armées ukrainienne et russe se livrent, depuis le 24 février, à une guerre d’attrition des munitions, comme avec soldats et équipements. L’objectif de Moscou comme de Kiev est de durer plus longtemps que l’ennemi. L’artillerie est décisive dans cette guerre dont l’issue pourrait se jouer aussi sur un élément de logistique essentiel : les stocks de munitions. «C’est la question du moment», confirme un haut gradé européen qui a requis l’anonymat. «C’est une question de flux et de stocks (…). Ce qui caractérise un conflit de haute intensité, c’est la consommation extrêmement élevée de munitions de tous calibres». Un rapport de l’institut britannique RUSI, précise que « la Russie tire approximativement 20.000 obus de 152 mm par jour, à comparer à 6.000 pour l’Ukraine». Mais les protagonistes ne disposent pas des mêmes moyens. La Russie s’appuie sur une production répartie sur son territoire, avec un réseau de communications maîtrisé. L’Ukraine, elle, ne résiste que grâce aux stocks et aux usines des Occidentaux.
Sur le plan diplomatique, une importante délégation ukrainienne menée par le premier ministre, Denys Chmyhal, a affiché son engagement à des réformes profondes, ainsi qu’à transformer et à reconstruire le pays ravagé par la guerre, lors de la conférence de Lugano. «Nous voulons montrer au monde que nous avons une feuille de route, un plan qui est faisable et qui pourra être exécuté et mis en œuvre à un moment donné», a déclaré Alexander Rodnyansky, conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky et professeur associé d’économie à l’université de Cambridge. «Nous voulons nous assurer d’avoir tout le soutien possible pour cela». Même si Lugano n’était pas une conférence de donateurs, des dizaines de pays ont promis de soutenir la coûteuse reconstruction de l’Ukraine, d’ores et déjà estimée à 750 milliards de dollars.
Par ailleurs, la Commission européenne travaille actuellement sur un «plan d’urgence européen» dont les premières mesures seront présentées prochainement pour anticiper «une éventuelle coupure complète du gaz russe», a déclaré Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission. «Si le pire arrive, alors nous devons être préparés», a-t-elle poursuivi dans un discours aux législateurs à Strasbourg, soulignant l’importance d’avoir une vue d’ensemble européenne et une approche coordonnée. Elle a, par ailleurs, accusé le président russe, Vladimir Poutine, d’utiliser l’énergie comme une arme.
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