La 14e réunion des chefs d’état-major des armées de l’Initiative "5+5 Défense", le 27 octobre 2022 à Rabat © MAP
Le « Dialogue 5+5 » entre les deux rives de la Méditerranée, sur son volet défense, a réuni à Rabat les chefs d’État-Major des armées des 10 pays membres (5 européens et 5 du Maghreb). Sur hautes instructions du roi Mohammed VI, Chef suprême et Chef d’État-Major général des Forces Armées Royales (FAR), cette 14? réunion s’est tenue sous la présidence du Royaume qui succède ainsi à la Mauritanie. Les délégations de huit pays membres étaient au rendez-vous. Seuls l’Algérie et la Tunisie ont manqué à l’appel.
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Naissance et domaine de compétence
Plus connu sous le nom de « Dialogue 5+5« , c’est le plus ancien cadre de rencontre entre les pays du bassin méditerranéen. Il a été proposé, dès les années 80, par l’ancien président français, François Mitterrand, mais l’idée n’a vu le jour qu’en 1990. L’objectif étant d’engager un processus de coopération régionale entre les dix pays membres, à savoir le Portugal, l’Espagne, la France, l’Italie et Malte, en plus des cinq pays du Maghreb : le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye et la Mauritanie. Les discussions tournent autour de plusieurs questions telles que la sécurité et la stabilité en Méditerranée, l’intégration économique et régionale, l’éducation ainsi que l’immigration.
Concernant l’Initiative « 5+5 Défense », composante sécuritaire du dialogue, elle a été créée en 2004 et constitue un instrument visant à renforcer le dialogue et la compréhension mutuelle des États membres par la promotion d’activités pratiques de coopération et le partage d’expérience. Elle est notamment utilisée pour faciliter les réflexions portant sur les enjeux stratégiques communs. Sa réussite repose sur trois principes : le consensus, le volontariat et le pragmatisme.
Faire face à de multiples défis
Le Maroc milite pour un renforcement des mécanismes de l’Initiative afin d’améliorer l’interopérabilité avec les forces des pays partenaires. Il a su promouvoir son ambition auprès de l’ensemble des partenaires. La déclaration conjointe des chefs d’État-Major des Armées de l’Initiative « 5+5 Défense » en fait clairement état.
À cette occasion, le Général de Corps d’Armée, Belkhir El Farouk, a indiqué que les FAR, convaincues de la nécessité de cet élan collectif, sont engagées à consolider sa pertinence en tant qu’instrument de coopération multilatérale et de consolider ses mécanismes de fonctionnement. Il a également fait part de l’engagement sincère du Royaume à contribuer aux efforts de paix et de sécurité en Méditerranée occidentale.
Selon lui, cette initiative est appelée à faire face à de multiples défis communs qui pèsent sur la région dans un contexte international caractérisé par la résurgence des crises. Des défis qui sont notamment liés au terrorisme, à l’immigration clandestine, à la cybercriminalité, aux trafics de tout genre, aux pandémies et à l’instabilité au Sahel. «Ceci interpelle la synergie des efforts pour pérenniser l’Initiative « 5+5Défense », à travers la consolidation des liens de coopération et la fédération des efforts pour atteindre les objectifs escomptés», a-t-il souligné.
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Vers un avenir tout tracé
Le consensus « 5+5 Défense » semble être engagé dans la bonne direction. Les travaux de cette réunion ont été d’ailleurs sanctionnés par l’approbation de la déclaration conjointe, définissant les axes de coopération militaire multilatérale pour la coordination des actions visant à promouvoir la sécurité et la stabilité dans la région.
Les pays du 5+5 ont réaffirmé leur volonté d’aller de l’avant et de continuer à renforcer leur coopération pour surmonter les problèmes des deux sous-régions. En effet, la déclaration conjointe, qui comprend un total de 18 mesures, appelle à pérenniser la coopération dans quatre piliers majeurs. Il s’agit des domaines relatifs à la surveillance maritime, la sûreté aérienne, la contribution des Forces Armées à la gestion des catastrophes majeures, ainsi que la recherche académique et la formation.
Quant aux autres domaines de coopération, on note la lutte consolidée contre le terrorisme. La création d’un centre de sécurité spécialisé pour l’échange d’informations entre les pays 5+5 dans ce domaine est souhaitable.
En outre, il s’agit aussi de poursuivre l’élargissement de la coopération à d’autres domaines d’intérêt commun tels que les forces spéciales, la cybersécurité, les drones, la recherche et sauvetage, l’intelligence artificielle, le déminage humanitaire, lutte contre les engins explosifs improvisés (C-IED), le soutien médical militaire, la coopération civilo-militaire (CIMIC), la lutte contre la pollution marine et les défis sécuritaires résultant des changements climatiques.
Autre recommandation : encourager l’échange d’expériences acquises par les forces armées lors de leur contribution dans la gestion des catastrophes naturelles majeures, des pandémies ou des épidémies. Le texte souligne également l’importance de bonne coopération maritime, tout en optant pour l’échange d’information entre les Marines des pays membres, à travers le Réseau du centre virtuel régional de contrôle du trafic maritime.
Dans un autre point, la déclaration demande la promotion de l’égalité des chances entre les genres et sa prise en compte dans les forces armées des États membres de l’Initiative « 5+5 Défense » et de mettre en relief le rôle important des femmes dans la prévention et la résolution des conflits ainsi que dans la consolidation de la paix.
Ces recommandations seront soumises à la réunion des ministres de Défense, qui aura lieu à Rabat le 16 décembre prochain. Notons que la présidence de l’Initiative pour l’année 2023 sera assurée par le Portugal.
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