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Libye : retour en force du Maroc

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Le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger a annoncé mardi la réouverture de ses consulats à Tripoli (ouest) et Benghazi (est) en Libye, après une fermeture de huit ans. Cette décision est un prélude à un retour à la normale de la représentation diplomatique marocaine en Libye et à un renforcement des relations bilatérales entre les deux pays maghrébins.

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Les Marocains résidant en Libye ont accueilli favorablement l’annonce de la réouverture des deux postes consulaires marocains à Tripoli et Benghazi. Depuis huit ans, les membres de la communauté marocaine établis dans ce pays étaient obligés de faire le voyage à Tunis pour accomplir les formalités administratives auprès des services consulaires marocains. On estime le nombre de Marocains en Libye entre 60.000 et 100.000. Beaucoup ont fui l’insécurité qui régnait pendant les années post-révolution de 2011.

Le Maroc avait fermé ses consulats en Libye ainsi que son ambassade après une attaque subie par cette dernière en 2015. Depuis lors, le Consulat général à Tunis était chargé des affaires de la communauté marocaine en Libye. Les autorités marocaines avaient précédemment mis en place une cellule de crise pour traiter les affaires consulaires et administratives des Marocains en Libye au poste-frontière de Ras Jdir. Cette cellule relie la Libye à la Tunisie, mais elle a cessé ses activités en 2019. Le Maroc avait aussi organisé, il y a quelques mois, un consulat mobile à Tripoli pour aider les Marocains résidant en Libye à régler leurs affaires.

En vue de la réouverture des deux consulats marocains en Libye, une délégation marocaine dirigée par le chef des Affaires de l’Union du Maghreb arabe au ministère des Affaires étrangères avait fait le déplacement à Tripoli. Aussi, le 27 novembre dernier, la commission consulaire conjointe maroco-libyenne à Rabat était convenue de faciliter l’obtention de visas pour les citoyens des deux pays.

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Quid de la réouverture de l’ambassade ?

Le communiqué du département dirigé par Nasser Bourita a souligné que deux consulats seront rouverts en Libye, à Tripoli et Benghazi, mais aucune information n’a été donnée dans le communiqué concernant l’ambassade. La réouverture des consulats est clairement un pas vers le renforcement des relations commerciales et administratives, mais c’est bien l’ambassade qui coiffe le volet politique. Le chef de la diplomatie marocaine avait précédemment lié le retour de la représentation marocaine en Libye à l’assurance de sécurité et de stabilité.

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L’entrée de l’ambassade du Maroc à Tripoli après l’attaque de 2015 © DR

En juin 2021, après sa rencontre avec le premier ministre du gouvernement d’union nationale libyen, Bourita avait déclaré que la Libye était «un pays maghrébin très important, et les relations bilatérales avec lui sont essentielles. Cependant, l’ouverture de l’ambassade dépend de la prise en main par le peuple libyen et ses institutions légitimes, ainsi que du retour de la stabilité dans le pays». Les observateurs estiment que c’est aujourd’hui chose faite : un consensus a été trouvé concernant les lois électorales et la situation sécuritaire dans le pays s’est améliorée.

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Le Maroc, un médiateur apprécié

La décision de rouvrir les deux consulats marocains en Libye intervient après que Rabat a réussi à parrainer avec succès les réunions de la Commission 6+6 entre le Parlement et le Conseil d’État libyens, tenues à Bouznika. Ces réunions ont connu une percée dans la crise électorale en Libye en parvenant à des lois consensuelles. La réussite du Maroc dans les pourparlers de la Commission 6+6 libyenne vient s’ajouter à ses succès antérieurs et renforce son expérience dans le règlement de ce conflit et la résolution d’un dossier des plus délicats grâce à une diplomatie discrète.

L’approche marocaine pour résoudre la crise libyenne consiste à fournir toutes les conditions propices pour approfondir les discussions et le dialogue constructif entre les parties libyennes, y compris un espace approprié, loin de toutes les pressions internes. Ces dernières années, le Maroc a déployé d’énormes efforts pour mettre fin à la crise libyenne et parvenir à un consensus entre les acteurs libyens, mettant ainsi un terme à la tension. Bouznika et Tanger ont accueilli plusieurs cycles de pourparlers auxquels ont participé des représentants du Conseil d’État libyen et du Parlement. En octobre 2022, c’est encore une fois au Maroc qu’un accord a été conclu entre le président de la Chambre des représentants, Aguila Salah, et le président du Haut Conseil d’État libyen, Khalid Al-Michri. Il portait sur la mise en œuvre des résultats du processus de Bouznika concernant les postes de souveraineté et l’unification du pouvoir exécutif. Le Maroc considère que la question de la légitimité en Libye ne peut être résolue que par des élections présidentielles et législatives, permettant au peuple libyen de choisir qui exercera le pouvoir politique dans le pays.

La Libye, un pays pivot

La Libye occupe une place de choix au sein de l’Union du Maghreb arabe (UMA). Même si le trio Maroc-Algérie-Tunisie est considéré comme le fer-de-lance du Maghreb, la Libye est un élément clé dans l’équation géopolitique nord-africaine en tant que pays pivot entre trois régions clés : le Proche-Orient, le Maghreb et le Sahel. De ce fait, le dossier libyen continue de susciter des désaccords au sein des pays maghrébins, qui expriment des positions divergentes face aux luttes politiques internes dans ce pays. Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye a connu une période d’instabilité politique et de fragmentation. Les divisions politiques et les rivalités entre les groupes armés ont créé un environnement propice aux ingérences étrangères et au développement de groupes terroristes. Cette situation précaire a des répercussions sur la sécurité régionale, en particulier en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, la traite des êtres humains et le trafic d’armes.

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Échanges économiques

Selon les statistiques officielles, les échanges commerciaux entre le Maroc et la Libye ont connu une augmentation significative ces dernières années. En 2021, les exportations marocaines vers la Libye ont atteint environ 487 millions de dollars, tandis que les importations marocaines en provenance de la Libye ont été estimées à environ 143 millions de dollars américains. Plusieurs secteurs économiques bénéficient des échanges entre le Maroc et la Libye. L’industrie automobile marocaine, notamment, joue un rôle important dans les échanges commerciaux. Les pièces détachées automobiles et les véhicules assemblés au Maroc connaissent une forte demande en Libye. Les investissements entre les deux pays contribuent également à renforcer les liens économiques. Des entreprises marocaines opèrent en Libye dans divers domaines, tels que la construction, l’énergie, les télécommunications et l’industrie pharmaceutique.

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Un forum économique visant à renforcer les liens commerciaux entre le Maroc et la Libye se tiendra au mois de septembre prochain à Tanger. L’événement, organisé en partenariat avec le Centre libyen de développement des exportations (LEPC) et avec le soutien du ministère libyen de l’Économie et du Commerce, sera une occasion pour les fournisseurs, les exportateurs, les chambres de commerce et les zones franches libyennes de se connecter avec les marchés maghrébins et africains. Il s’agit pour les organisateurs de ce forum de renforcer les relations entre les fournisseurs libyens et marocains, de favoriser les échanges commerciaux et de renforcer la position du secteur privé libyen en tant qu’exportateur en Afrique. L’événement réunira plus de 100 chefs d’entreprise et concessionnaires commerciaux libyens qui cherchent à stimuler les échanges commerciaux et économiques avec le Maroc. Les participants auront l’opportunité de rencontrer des acteurs économiques marocains des secteurs public et privé lors de réunions prévues à cet effet. De plus, une exposition sera organisée et une visite des zones franches de Tanger Med et de Dakhla est programmée. Les autorités marocaines ont accueilli favorablement cet événement, qui vise à renforcer les relations économiques complémentaires entre les deux pays. La Libye, qui dispose de solides capacités économiques, cherche à bénéficier des avantages compétitifs du Maroc pour renforcer sa position sur le continent africain. Des opportunités de co-investissement entre les deux pays dans d’autres pays africains sont également envisagées.

Cet événement marque ainsi le début d’un vaste partenariat économique entre le Maroc et la Libye en ouvrant la voie à une coopération renforcée dans divers domaines. On parlait, après la révolution de 2011, d’une opportunité pour le Maroc dans la reconstruction de la Libye. Aujourd’hui, c’est de co-construction qu’il s’agira, loin des convoitises de certaines puissances étrangères qui veulent sauvegarder leurs intérêts dans ce riche pays pétrolier.

Le Maroc a été intelligent dans sa démarche de médiation dans le conflit libyen. Depuis l’accord de Skhirat, signé sous l’égide des Nations unies le 17 décembre 2015, la diplomatie marocaine a adopté une neutralité claire et prône le respect de la souveraineté de la Libye, contrairement à de nombreux médiateurs dans le dossier libyen qui cherchent à favoriser leurs propres intérêts politiques et économiques lors des négociations. L’approche est simple : on convie les différentes parties libyennes à des pourparlers, on offre la logistique et les moyens nécessaires pour tenir les rencontres, on n’exerce aucune pression par rapport à la durée des négociations et surtout, on n’intervient en aucune façon dans le déroulement des réunions. Les Libyens ont apprécié cette non-ingérence et ont, depuis des années, privilégié la terre marocaine pour se rencontrer. Aujourd’hui, le rôle du Maroc est salué par la communauté internationale et le Royaume jouit d’une bonne réputation en Libye. De quoi favoriser un retour à la normale des représentations diplomatiques et un véritable sursaut pour les relations bilatérales entre le Rabat et Tripoli.

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