Une manifestation pour la défense des libertés individuelles à Rabat © FADEL SENNA/ AFP
Alors que le Maroc continue de naviguer dans l’océan agité de la modernisation, ce récent sondage du Centre marocain pour la citoyenneté (CMC) offre un éclairage précieux sur la perception qu’ont les citoyens des lois actuelles relatives aux libertés individuelles et leurs aspirations pour l’avenir du pays dans ce domaine. En analysant les résultats de cette enquête, un panorama détaillé de la situation actuelle des libertés individuelles au Maroc est dressé, mettant en exergue les diverses perspectives, défis et opportunités émergeant à l’horizon.
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Libertés individuelles : 61% des Marocains pour un changement des lois
Avec la participation de 2.496 personnes, le sondage révèle une tendance marquée. En effet, une majorité de 61% des personnes interrogées exprime une inquiétude quant à l’insuffisance de la protection offerte par les lois actuelles en matière de libertés individuelles. Cette préoccupation est largement partagée, traversant les différentes tranches d’âge, genres, et statuts matrimoniaux. Cela soulève des questions sur le décalage entre les lois existantes et les aspirations des Marocains pour des droits plus solidement garantis.
Cette perception d’une protection juridique insuffisante est particulièrement prégnante parmi les personnes âgées de plus de 60 ans, où 80% des répondants expriment leur inquiétude. Elle est également partagée par 75% des individus divorcés ou veufs, ainsi que par 71% des femmes interrogées. Cependant, un tiers des participants considère que les lois actuelles fournissent une protection adéquate, bien que ces opinions divergent significativement selon les catégories démographiques. Le débat sur la nécessité de réviser ces lois est également présent, avec une majorité dans certaines catégories estimant qu’une révision n’est pas nécessaire.
Concernant les expériences personnelles de violations des libertés individuelles, 58% des participants ont indiqué en avoir déjà ressenti. Un chiffre qui s’élève à 75% chez les veufs et divorcés, 67% chez les femmes, et 71% chez les plus de 60 ans. En revanche, 39% des sondés n’ont jamais ressenti de telle violation.
L’expression libre d’opinions sur les libertés individuelles est un autre sujet d’intérêt notable. Près de 57% des participants ont déclaré ne pas craindre de répercussions de la part de la société marocaine en exprimant leurs opinions, tandis que 35% avouent éprouver cette crainte, et 8% ne se sont pas prononcés.
De plus, une majorité écrasante, soit 83%, estime essentiel de renforcer la protection contre les violations des libertés individuelles, mettant en avant des aspects tels que la diffamation et la violence verbale sur les réseaux sociaux. Cependant, 12% ne jugent pas nécessaire de renforcer cette protection, et 5% ne se prononcent pas.
Par ailleurs, en ce qui concerne les limites des libertés individuelles, les participants ont exprimé des opinions variées. Environ 80% ont identifié l’incitation à la violence ou la promotion de la haine et du racisme comme des limites à respecter. D’autres limites mentionnées incluent la violation des libertés d’autrui (72%), l’atteinte à la charia islamique (61%), aux valeurs et principes sociétaux (59%), ainsi que la transgression des engagements internationaux du Maroc (29%).
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52% des Marocains pour la pénalisation des relations hors mariage
Ce sondage met également en évidence des clivages marqués dans l’opinion publique marocaine sur plusieurs questions sociétales sensibles. Ces sujets, touchant à la réglementation des comportements personnels et aux droits individuels, sont d’ailleurs au cœur des débats actuels sur les normes sociales et les valeurs au Maroc (cf. la réforme du Code pénal).
Un point de discorde notable concerne la criminalisation des relations consensuelles hors mariage. D’après les résultats de l’enquête, une majorité relative, représentant 52% des sondés, appuie cette mesure. Toutefois, il est intéressant de noter que cette approbation varie considérablement selon les facteurs démographiques tels que la zone géographique, l’âge, et le genre des participants. Parallèlement, la question de l’interdiction des repas publics pendant le Ramadan suscite également des opinions partagées. Soutenue par 54% des répondants, cette restriction met en lumière les perspectives variées sur le rôle de la religion dans l’espace public marocain.
En ce qui concerne la liberté de croyance et de pratique religieuse, le sondage révèle un consensus plus large. Une large majorité, soit 72%, affirme la nécessité de garantir ces libertés, suggérant une préférence générale pour la tolérance religieuse. Cependant, 23% des participants s’opposent à cette idée, indiquant l’existence d’une minorité non négligeable qui prône des vues plus restrictives. La question de l’abolition de la peine de mort dans le Code pénal est un autre sujet de contention. Alors que 65% des participants se prononcent contre son abolition, 28% y sont favorables, et 7% restent indécis.
Enfin, le sondage a abordé des thématiques spécifiques liées au Code de la famille. Sur la délicate question du droit à l’avortement en cas de viol, avec approbation médicale, 58% des sondés y sont favorables, tandis que 44% s’y opposent et 8% ne se prononcent pas, reflétant ainsi la polarisation des opinions sur les droits des femmes et la santé reproductive. En outre, le débat sur la révision des lois relatives à l’héritage montre une division significative : 59% des participants sont contre une révision, tandis que 36% y sont favorables.
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