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Éric Ciotti, patron de la droite française, est en visite au Maroc à la tête d’une délégation. Cette dernière comprend Rachida Dati, franco-marocaine, ancienne ministre, maire du 7ᵉ arrondissement à Paris et figure du parti Les Républicains (LR), la députée Michèle Tabarot et le sénateur des Français à l’étranger, Ronan Le Gleut.
À travers ce voyage, la délégation veut exprimer «l’amitié indestructible, ancestrale entre la France et le Maroc» à un moment où les relations diplomatiques sont compliquées. «Nous avons des liens culturels, économiques très puissants, qui s’expriment par la présence de nombreuses entreprises françaises au Maroc, de relations commerciales fortes», a affirmé le républicain de 57 ans.
Dans une déclaration à la presse, Ciotti a souligné l’importance des liens «très puissants» entre les deux pays affirmant que cette «visite témoigne de la volonté d’un grand parti français, Les Républicains, qui a produit cinq présidents de la République, de dire que ce lien, fondé sur une histoire commune et une amitié puissante et forte, ne peut pas et ne doit pas être abîmé ou altéré. Et que nous voulons par ce message témoigner du lien indispensable entre nos partis bien sûr, mais aussi entre la France et le Maroc».
Traduction d’un proche d’Éric Ciotti : «On va faire le travail que ne fait pas Emmanuel Macron». Car cette première visite hors des frontières du nouveau patron des LR a bel et bien des allures de contre-offensive diplomatique, note RFI. Les relations entre les deux pays n’ont eu de cesse de se dégrader ces derniers mois «au point que l’Élysée semble avoir bien du mal à organiser une visite du président Macron au Maroc, plusieurs fois envisagée, mais aucune date n’a jamais été annoncée».
Mais c’est une autre contre-offensive que le patron des Républicains est venu préparer au Maroc. Et c’est avec une urgence précise en tête qu’il a traversé la Méditerranée, explique Le Figaro : l’Hexagone doit être totalement souverain pour construire sa politique migratoire.
«Réparer» la relation entre Paris et Rabat
Pour son premier voyage de chef de parti à l’étranger, Ciotti n’a pas manqué de commenter publiquement les relations tendues entre les deux pays. «Il est insupportable de mesurer aujourd’hui cette dégradation. Elle n’est bonne ni pour la France, ni pour le Maroc. Nous devons aujourd’hui faire en sorte que les erreurs qui ont été commises et le manque de considération témoigné à l’égard du Maroc soient réparées. En tout cas, nous y contribuerons», a-t-il affirmé à la sortie de la réunion avec le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch.
Merci au Premier ministre, président du RNI, Aziz Akhannouch pour son accueil dans la capitale marocaine ainsi que pour nos échanges.
Il nous appartient de renforcer, ensemble, cette relation d’avenir aussi utile à la France et au Maroc qu’à l’Afrique et à l’Europe. pic.twitter.com/MzNcDB6MjX
— Eric Ciotti (@ECiotti) May 4, 2023
Akhannouch a pour sa part souligné l’importance d’améliorer les perspectives de coopération entre les deux partis et les deux pays. «Le Maroc est un partenaire des pays européens de même qu’il est un partenaire de l’Union européenne», a souligné le chef du gouvernement, avant d’émettre le vœu de consolider ces liens.
Le patron du RNI a de plus assuré, devant la presse, avoir exprimé au Républicain l’incompréhension du Maroc face à l’attitude du Parlement européen (PE). Pour Ciotti, c’est une situation inappropriée. Déplorant l’attitude du Parlement européen envers le Maroc, Ciotti a déclaré que «l’Europe ne peut pas adresser des messages aussi inamicaux à l’endroit du Maroc, nous avons besoin de ce lien si puissant entre le Maroc, l’Union européenne et la France».
Cependant, c’est sur la question migratoire qu’Éric Ciotti espère construire un partenariat solide avec Rabat. L’objectif est très politique pour le patron de la droite : couper la route migratoire entre l’Afrique subsaharienne et l’Europe.
Coopérer sur la question migratoire
Les Républicains préparent une proposition de loi sur la question après le report du texte du gouvernement à l’automne faute de majorité, annoncé par Elisabeth Borne le 26 avril 2023. Les élus LR à l’Assemblée nationale et au Sénat voient dans le projet de loi défendu par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, «une dangereuse porte ouverte à des régularisations massives et donc un inévitable appel d’air migratoire».
Hormis le durcissement de la politique d’asile et le projet d’augmenter le nombre d’obligations de quitter le territoire français (les OQTF), le texte prévoit la création d’une carte de séjour pour les métiers «sous tension», notamment pour les médecins étrangers. Cette disposition provoque des inquiétudes, en particulier vis-à-vis du continent africain, où l’on redoute un «exode (encore plus) massif des médecins». L’Afrique francophone est le deuxième pourvoyeur de praticiens étrangers en France, après l’Union européenne.
«Nous ne résoudrons pas les problèmes actuels, qui constituent une menace majeure pour notre pays, avec l’addition de mesurettes», expliquait Éric Ciotti, président de LR, lors d’un colloque au siège du parti, début mars. Ce dernier reprochait au projet de loi sur l’immigration du gouvernement de ne pas aller assez loin.
Le président de LR aurait aimé une politique migratoire plus «courageuse», qui s’attaque frontalement au regroupement familial, à la question de l’examen à la frontière de l’asile, à la question des expulsions, sans oublier le respect de la laïcité. Autant de thèmes qui devraient être présents dans la future proposition de loi sur l’immigration voulue par tous les cadres du parti de droite.
Et à Rabat, saluant le «rôle majeur» du Maroc sur le continent africain et au Maghreb, notamment dans la régulation des flux migratoires, Ciotti a relevé la nécessité de poursuivre «une relation de fraternité et de responsabilité» autour d’un «même souci d’assurer la stabilité autour de la Méditerranée».
«Nous avons besoin du Maroc, l’Europe a besoin du Maroc», a-t-il affirmé. «Ce souci de sécurité et de progrès porté aujourd’hui avec ambition par le roi Mohammed VI, interlocuteur incontournable des enjeux méditerranéens», précisait le communiqué LR.
«Nous avons la nécessité de réinstaller sur ces sujets une politique de concertation, de coopération qui développe tous les éléments de ces questions migratoires, notamment l’accueil en France de ressortissants marocains qui ont une expérience, une expertise qui est faite sans concertation», a, de plus, souligné le Républicain.
Dans une tribune publiée en amont de cette visite, Edouard de Castellan, candidat LR aux Législatives en 2023, éclaire sur la vision républicaine sur la question de l’immigration. «Nous sommes conscients que les talents marocains ont depuis longtemps permis à la France de s’affirmer, puisqu’ils représentent chaque année plus de 40.000 étudiants dans l’Hexagone. Nous croyons donc que la solution ne réside pas dans une immigration «laxiste», «choisie» ou «sauvage», mais «partenaire», c’est-à-dire qui correspond aux besoins de chacun des pays».
Le Républicain affirme que «la gestion de l’immigration nécessite une approche équilibrée qui garantit à la fois la sécurité nationale et le respect des droits fondamentaux des migrants». Le déplacement d’Éric Ciotti aujourd’hui cherche justement à trouver des solutions pour contrôler cette immigration afin de garantir la sécurité nationale de notre région.
Aujourd’hui, pour réussir la coopération, il est nécessaire de réparer les relations entre la France et l’Hexagone depuis la brouille diplomatique qui concernait entre autres les visas.
Sur la question du Sahara, la souveraineté du Maroc est indiscutableEric Ciotti lors de son déplacement au Maroc
En septembre 2021, Paris avait décidé de réduire de 50 % le nombre de visas accordés à l’Algérie et au Maroc, et de 30% ceux accordés à la Tunisie, pour mettre la pression sur des gouvernements jugés trop peu coopératifs dans la réadmission de leurs ressortissants expulsés de France.
«Cela nous met en porte-à-faux vis-à-vis de tous nos amis marocains, la France perd des marchés : les Marocains vont acheter ailleurs, c’est très mauvais pour l’économie française surtout… C’est très triste !», regrette un militant LR lors d’une rencontre organisée par Ciotti avec les expatriés républicains à Casablanca.
Heureux de retrouver les militants @lesrepublicains du Maroc à Casablanca.
Ils sont les représentants de la France à l’étranger. Merci d’être à nos côtés !
Notre famille politique va porter un grand projet, audacieux et courageux de redressement. pic.twitter.com/ey9SypYxZF
— Eric Ciotti (@ECiotti) May 4, 2023
Être clair au sujet du Sahara
Pour le chef de file de la droite française, le sujet est clair : «Sur la question du Sahara, la souveraineté du Maroc est indiscutable», a -t-il tranché en marge d’un déjeuner avec le ministre de l’Équipement et des eaux et Secrétaire général du Parti de l’Istiqlal, Nizar Baraka, accompagné du président de la Chambre des Conseillers, Ennaam Mayara et d’autres parlementaires, dont la députée Khadija Zoumi et le Conseiller Ahmed Zidouh.
Et d’ajouter qu’il «est urgent de résoudre cette question stratégique».
Déjeuner avec le ministre de l’équipement et des eaux @nizar_baraka ainsi qu’avec le Président du Sénat marocain et les parlementaires.
Sur la question du Sahara occidental, la souveraineté du Maroc est indiscutable. Il est urgent de résoudre cette question stratégique ! pic.twitter.com/BzeZm1Kwjd
— Eric Ciotti (@ECiotti) May 4, 2023
Ces propos, écrit notre confrère de l’Opinion, illustrent la clarté de la droite française au sujet de l’intégrité territoriale du Royaume : un pays pivot du Maghreb, priorité pour les élus des Républicains qui n’ont eu de cesse de critiquer la politique du président, Emmanuel Macron, à l’endroit du Royaume. Le locataire de l’Élysée est coupable aux yeux de toute la droite française d’avoir sacrifié les relations avec le Maroc au profit d’une lune de miel nouvelle et incertaine avec l’Algérie.
En affirmant aussi clairement la marocanité du Sahara, Éric Ciotti a osé dire ce que le gouvernement français refuse de faire depuis des années, bien que le Maroc attende une position plus audacieuse de la part d’un allié considéré traditionnel sur la cause nationale, conclut le média.
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