2024 a marqué le Maroc par des réformes audacieuses, des drames surmontés avec résilience et des défis sociétaux qui interrogent l’avenir. Du Code de la famille révisé à la lutte contre le chômage, en passant par la reconstruction des zones sinistrées d’Al Haouz et l’engagement pour les droits humains, cette année a été le théâtre de bouleversements profonds. Retour sur ces événements qui dessinent les contours d’un Maroc en quête d’équilibre entre tradition et modernité.

L’année 2024 a marqué une période charnière pour le Maroc, où des avancées sociales et des réformes structurelles ont redéfini le paysage politique et économique du pays. Au cœur de ces changements, des initiatives ambitieuses ont émergé, visant à répondre aux enjeux sociétaux, à renforcer la justice sociale et à réconcilier modernité et tradition. Des révisions législatives aux crises humanitaires, en passant par des questions de santé publique et de migration, chaque étape de l’année a révélé un Maroc en pleine transformation, confronté à des défis mais aussi animé par un désir de progrès.

Réforme du Code de la famille : un pas vers l’égalité

L’année 2024 a été marquée par une réforme majeure du Code de la famille au Maroc, une initiative du roi Mohammed VI visant à moderniser le cadre juridique tout en respectant les principes religieux du pays. Cette révision a introduit des changements importants, notamment l’interdiction quasi totale du mariage des mineurs et l’imposition de conditions strictes pour la polygamie. Elle a également permis aux mères divorcées d’avoir une plus grande part de responsabilité dans la garde des enfants, en leur offrant davantage de droits.

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Des mesures visant à protéger du foyer conjugal ont également été mises en place, notamment la préservation des biens du foyer après un divorce, afin de garantir un logement stable pour la famille. En résumé, cette réforme vise à répondre aux défis d’une société marocaine en pleine transformation, en conciliant modernité et tradition, et en œuvrant pour l’égalité des sexes et la protection des enfants.

Progrès sociaux du Maroc en 2024

En 2024, le Maroc a fait des progrès significatifs dans la consolidation de l’État social, avec des avancées notables dans la couverture sanitaire, les subventions pour les produits de base, et le dialogue social. La mise en place d’un système de ciblage social a permis de bénéficier à plus de 4 millions de familles, tandis que le nombre de bénéficiaires de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) a dépassé 11 millions.

Face à la crise mondiale, des programmes exceptionnels de 20 milliards de dirhams ont été lancés pour soutenir les secteurs touchés par la sécheresse et maintenir la stabilité des prix. En matière de logement, un programme d’aide a soutenu 28.458 demandes, et des efforts ont été faits pour résorber les bidonvilles.

Le dialogue social a permis des augmentations salariales pour les fonctionnaires et les travailleurs du secteur privé, ainsi que des améliorations dans les secteurs de l’éducation, de la santé et des reconstructions suite au séisme d’Al Haouz. Enfin, des projets de réhabilitation des infrastructures routières et de centres de santé ont été lancés pour renforcer l’impact de ces réformes sociales.

Chômage et jeunesse : un défi toujours présent

Le chômage est resté une question centrale au Maroc en 2024, avec des chiffres qui varient selon les sources. Selon le recensement général de la population et de l’habitat (RGPH), le taux de chômage s’élevait à 21,3%, tandis que l’enquête du Haut-Commissariat au Plan (HCP) le plaçait à 13,6%. Les jeunes et les femmes sont particulièrement touchés par ce phénomène. En particulier, 50,3% des jeunes de 15 à 24 ans hors du système éducatif sont sans emploi, ce qui indique une crise de l’emploi parmi les jeunes urbains.

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Malgré cette situation, certains signes d’amélioration ont été notés. Le troisième trimestre 2024 a vu la création de 257.000 emplois nets, principalement dans les secteurs des services et du BTP, bien que l’agriculture ait perdu 124.000 postes. Ces chiffres témoignent d’une dynamique positive, mais insuffisante face à la crise du marché de l’emploi.

Le recensement 2024 : nouvelles données sur la population marocaine

Le Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) 2024 a révélé des tendances démographiques importantes au Maroc. La population a atteint 36,8 millions d’habitants, mais la croissance démographique ralentit, en grande partie à cause de la baisse de la fécondité. Parallèlement, l’urbanisation continue d’être un phénomène majeur, avec 63 % de la population vivant en milieu urbain.

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Le recensement a aussi mis en lumière le vieillissement de la population. La proportion des personnes âgées de 60 ans et plus est passée de 9,4% à 13,8% en dix ans. Par contre, la part des jeunes de moins de 15 ans a diminué. Sur le plan économique, le recensement a révélé une baisse du taux d’activité, notamment chez les femmes et un taux de chômage préoccupant, en particulier chez les jeunes et les femmes. Malgré ces défis, il y a eu des progrès en matière de conditions de vie, comme l’extension de l’accès à l’électricité et à l’eau potable.

Une avancée symbolique pour les droits humains : le moratoire sur la peine de mort

En 2024, le Maroc a pris une décision importante en votant en faveur du moratoire sur la peine de mort à l’Assemblée générale des Nations Unies. Bien que l’abolition de la peine capitale ne soit pas encore à l’ordre du jour, ce vote marque un engagement fort du pays en faveur des droits humains. Le Maroc, qui n’a pas procédé à d’exécutions depuis 1993, a vu 161 condamnations à mort commuées depuis 2020.

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Cette initiative reflète une volonté de promouvoir une culture des droits humains, tout en renforçant ses engagements internationaux. Ce vote symbolique est un pas en avant pour un système judiciaire plus humain et plus conforme aux standards internationaux.

Séisme d’Al Haouz : un élan de solidarité nationale

Séisme d’Al Haouz : ce bilan qu’on ne veut voir

Le tremblement de terre qui a frappé la région d’Al Haouz en 2024 a suscité une réponse collective exceptionnelle. Le gouvernement marocain a alloué près de 2,7 milliards de dirhams pour la reconstruction des zones touchées. Plus de 35.000 logements ont été réhabilités ou reconstruits et des efforts ont été déployés pour résoudre les problèmes d’accès aux zones affectées. Cette solidarité nationale a été marquée par l’implication directe des citoyens et des autorités. Toutefois, il reste encore des défis à relever pour assurer la reconstruction complète et favoriser une relance économique durable dans ces régions.

La migration marocaine : un enjeu régional et international

Le Maroc a continué d’être au cœur des flux migratoires en 2024, en tant que pays d’origine, de transit et de destination. Ce rôle stratégique a été mis en évidence par les rapports de l’OCDE, qui ont souligné la nécessité pour le pays de renforcer ses politiques d’intégration, de diversifier ses partenariats migratoires, notamment avec l’Afrique et l’Asie, et de coopérer davantage avec l’Europe.

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En parallèle, le Maroc a fait face à des défis liés à la gestion des migrations internes et à l’intégration de sa diaspora. Cependant, ces défis offrent aussi des opportunités pour le développement économique et social, en particulier à travers l’entrepreneuriat et les investissements.

Autopsie d’une déferlante préméditée

Sécurisation des données : la lutte contre les escroqueries en ligne

En 2024, la CNSS a intensifié ses efforts pour prévenir les escroqueries en ligne, qui ciblent les assurés sociaux. Des individus se sont fait passer pour des agents de la CNSS afin de recueillir des informations personnelles et bancaires. Face à cette menace, l’institution a alerté le public sur ces tentatives de fraude et a précisé qu’elle ne demandait jamais de telles informations par téléphone ou par d’autres moyens non sécurisés.

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Cette vigilance est essentielle pour protéger les assurés et garantir la sécurité des données sensibles dans un monde de plus en plus connecté.

Réforme des retraites : une gestion moderne pour un avenir durable

La réforme des retraites a été une autre priorité en 2024. La Caisse marocaine des retraites (CMR) a lancé un projet ambitieux de modernisation de son système d’information, avec un investissement de 32 millions de dirhams. L’objectif est de mieux gérer l’afflux croissant d’affiliés et de pensionnés.

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Une mesure notable a été l’exonération fiscale des pensions pour 164.000 retraités, qui bénéficieront d’une exonération totale à partir de 2025. Cette initiative vise à alléger la pression fiscale sur les retraités et à promouvoir une redistribution plus équitable des ressources.

La santé mentale : une priorité de santé publique

La santé mentale a émergé comme une problématique majeure au Maroc en 2024, avec la reconnaissance des troubles psychiques comme un défi de santé publique. Environ 48 % des adultes marocains ont souffert d’un trouble psychique, mais l’accès aux soins reste insuffisant, particulièrement en milieu rural. Des réformes ont été proposées pour renforcer le système de santé mentale, y compris la mise en place de cellules d’écoute psychologique dans les écoles et universités, ainsi que des campagnes de sensibilisation pour lutter contre la stigmatisation des maladies mentales. Ces mesures visent à garantir un meilleur accès aux soins et à intégrer la santé mentale dans la politique de santé publique du pays.

Des réformes pour un avenir inclusif et équitable

En 2024, le Maroc a fait un pas important vers un avenir plus équitable et inclusif. Les réformes dans le domaine du Code de la famille, de la gestion des retraites, des droits humains et de la santé mentale témoignent de l’engagement du pays à répondre aux défis contemporains. Ces évolutions montrent que le Maroc cherche à concilier développement économique, progrès social et respect des droits fondamentaux pour construire une société moderne et harmonieuse.

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