Image d'illustration. © DR
Au cours des trois premiers mois de 2024, le nombre d’individus sommés de quitter l’Union européenne pour retourner dans leur pays d’origine ou un autre pays a légèrement diminué, affichant une baisse de 2%. Selon un rapport de Schengen.News, cette diminution se traduit concrètement par 2.070 personnes de moins par rapport au trimestre précédent, celui de fin 2023.
D’après les données fournies par Eurostat, l’Office statistique de l’Union européenne, environ 30.570 personnes ont effectivement été reconduites hors des frontières de l’UE durant cette période. Ce chiffre représente une augmentation de 6% par rapport au trimestre antérieur et de 11% en comparaison avec la même période l’année dernière.
Près de 30% des personnes ayant reçu l’ordre de quitter l’UE ont été renvoyées vers un autre pays au cours de ces trois mois, soulignant une dynamique complexe de gestion des retours au sein de l’espace Schengen.
La France et l’Allemagne en tête
Au premier trimestre de 2024, deux pays se sont distingués en émettant près de la moitié (47,9%) des ordres de quitter le territoire de l’Union européenne. La France arrive en tête avec 34.190 ordres adressés à des ressortissants de pays tiers, suivie de l’Allemagne qui en a délivré 15.400. Parmi les autres pays ayant émis un nombre important d’ordres de départ, on retrouve la Belgique, l’Italie et la Grèce, avec des chiffres variant entre 2.265 et 6.965 personnes concernées.
À l’opposé, certains États membres de l’Union ont été plus modérés dans l’application de cette mesure. La Slovaquie a émis 140 ordres de départ, la Slovénie 185, l’Estonie 205 et Malte 210.
Par ailleurs, les pays enregistrant le plus grand nombre de retours effectifs vers d’autres nations sont la France (4.205 retours), l’Allemagne (3.950) et la Suède (3.135).
La Lituanie, la Hongrie et la Lettonie affichent également des taux élevés de retours après des ordres de départ. La Lettonie se distingue particulièrement : sur les 375 personnes sommées de partir, 350 ont effectivement été renvoyées vers un autre pays au cours de ce même trimestre, révélant un équilibre presque parfait entre les ordres de départ et les retours effectifs.
Politiques migratoires réformées
Le taux de succès des expulsions au sein de l’Union européenne a nettement augmenté, atteignant 29,5% au premier trimestre 2024, comparé à 21,6% à la même période en 2022, révèle Eurostat. Cette période a également vu une hausse de 15% des ordres d’expulsion émis et une augmentation de 58% des expulsions effectives.
Selon un porte-parole de la Commission européenne, cette efficacité accrue résulte en partie de la nouvelle feuille de route pour le retour. Celle-ci vise à soutenir les États membres dans l’accélération des retours et à améliorer la réintégration des migrants. La reconnaissance mutuelle des décisions de retour entre les pays de l’UE et les pays d’origine a également facilité cette procédure.
Depuis 2016, l’UE a conclu des accords avec plusieurs pays, dont la Mauritanie, la Tunisie, la Turquie et récemment l’Égypte, pour limiter la migration irrégulière. Ces accords ont été critiqués par des organisations de défense des droits de l’Homme pour leur possible non-respect du droit humanitaire.
La question migratoire a été un enjeu important lors des récentes élections du Parlement européen, qui se sont tenues du 6 au 9 juin, marquant une montée en puissance des partis nationalistes de droite. Cette tendance influence désormais la politique migratoire de l’UE face aux défis futurs, tant en termes de géopolitique que d’immigration.
La crise migratoire de 2015, où plus d’un million de personnes, majoritairement des réfugiés syriens, ont afflué via la Méditerranée, a exposé les divisions au sein de l’UE sur la répartition des responsabilités en matière d’accueil des migrants. Depuis lors, l’Union s’est principalement concentrée sur la réduction du nombre d’arrivées.
Nationalités dominantes dans les ordres de quitter l’UE
Sur plus de 100.000 non-Européens ayant reçu l’ordre de quitter l’UE au premier trimestre 2024, près d’un tiers ont été effectivement expulsés. La majorité de ces expulsions ont conduit les individus hors de l’Union, représentant une augmentation par rapport aux trimestres précédents.
Parmi les nationalités les plus fréquemment sommées de quitter l’Union européenne, les Algériens et les Marocains se distinguent, chacun représentant sept pour cent du total des ordres émis. Ils sont suivis de près par les Turcs, qui constituent six pour cent des destinataires. Les Syriens et les Géorgiens arrivent ensuite, occupant respectivement la quatrième et la cinquième place, chacun représentant cinq pour cent des personnes ayant reçu l’ordre de partir.
Concernant les retours vers un autre pays, les Géorgiens occupent la première position, représentant neuf pour cent du total des retours. Ils sont suivis par les Albanais et les Turcs, chacun avec six pour cent. Les Colombiens, les Marocains, les Algériens et les Syriens viennent ensuite, chacun constituant quatre pour cent des retours. Ces données mettent en lumière les dynamiques de mobilité et les tendances des migrations au sein de l’espace européen.
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