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Les influenceurs sous les radars du fisc

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Photo d'illustration © DR

Instagrameurs, YouTubeurs, TikTokeurs et autres influenceurs… ces passionnés des réseaux sociaux sont désormais visés par l’administration fiscale et devront déclarer les gains générés par leur activité. Si certains d’entre eux prennent l’initiative de régulariser leur situation, d’autres font profil bas et se croient à l’abri de tout contrôle. Zoom sur ce marché qui n’est toujours pas réglementé, mais qui constitue une véritable source de richesse.

Le nombre d’influenceurs en ligne augmente au Maroc. Ils sont des « créateurs de contenu » qui usent de leur notoriété pour gagner de l’argent. Beaucoup d’argent. Certains travaillent avec des marques dans le cadre de leurs stratégies de communication, d’autres ont fait le choix d’exhiber leur vie, créant le phénomène polémique « Routini Al Yaoumi ».

Ces « nouveaux riches » ont créé un empire numérique avec peu de moyens, en prenant simplement quelques clichés d’une main pour des récompenses financières qui dépassent souvent l’imagination. Nul besoin de diplôme pour exercer cette activité. Tout le monde et n’importe qui peut donc devenir influenceur.

Une activité qui rapporte gros

Au Maroc, les influenceurs les plus connus cumulent un pactole annuel hallucinant. En exemple, une personne qui publie deux ou trois vidéos par jour sur YouTube peut facilement encaisser jusqu’à 80.000 DH par mois, si le nombre de vues atteint 400.000 pour chaque vidéo.

Mais Instagram reste aujourd’hui plus rémunérateur, car il est courant d’être payé plus cher par story ou publication. Il est placé en première position des réseaux les plus engageants, devant YouTube et Facebook.

Les personnes qui collaborent avec les marques peuvent gagner jusqu’à 100.000 DH pour une seule publication, à condition d’avoir un nombre d’abonnés fixé par l’annonceur. Autre activité sur ce réseau social : les codes promotionnels. À chaque fois qu’une personne utilise ce code, l’influenceur touche un pourcentage de la vente.

Sur la plateforme TikTok, dernière-née des réseaux sociaux, les tarifs varient également selon le nombre d’abonnés. Ceux qui comptent 10.000 followers perçoivent en moyenne entre 2.000 et 3.000 DH. Mais une fois que les abonnés se comptent par millions, les prix peuvent s’envoler.

La forme de la rémunération de l’influenceur peut d’ailleurs être diverse, allant d’un voyage à une participation à un événement en passant par des produits offerts. Exemple : pour assister à l’ouverture d’un magasin, les prix sont fixés à l’heure et le montant peut aller jusqu’à 20.000 DH.

Lire aussi : Influenceurs, des professionnels comme les autres ?

Comment le fisc mène-t-il sa traque ?

Dans la mesure où ces influenceurs sont assimilés à des prestataires de services, il leur appartient de déclarer leurs revenus perçus, mais l’absence d’un statut juridique propre à cette activité fait perdre à l’État des millions de dirhams.

Depuis un certain temps, l’administration fiscale a commencé à s’intéresser aux revenus de ces influenceurs. La Direction générale des impôts (DGI) est passée à l’acte en déployant une équipe de contrôleurs fiscaux, dont l’objectif est de coincer ces influenceurs qui voudraient échapper aux filets, en accédant à leurs données, telles que les relevés bancaires.

La régie publicitaire de Google, appelée AdSense, est également un moyen pour la DGI afin de régler la problématique liée à la traçabilité. Cette plateforme permet d’opérer des recoupements de nature à identifier précisément les professionnels du web les plus actifs, en remontant jusqu’aux sources des opérations. Concernant le volet des transactions internationales, l’Office des changes a également mis l’activité des influenceurs dans son viseur, en leur demandant de fournir un compte rendu de leurs exportations de services réalisées ces dernières années.

Aujourd’hui, le fisc marocain a beaucoup investi dans la data et la modernisation de son système. Il dispose désormais de tous les moyens nécessaires pour identifier les personnes qui génèrent d’importants revenus sans les déclarer. On peut donc s’attendre à une intensification des contrôles de ces acteurs qui s’estimaient depuis longtemps au-dessus des lois.

Lire aussi : Deux influenceuses pour promouvoir la destination Maroc

Que risquent-ils ?

Aux yeux de la loi, une personne qui ne déclare pas la totalité de ses biens ou qui omet de payer sa taxe ou son impôt est considérée comme frauduleuse. Ces influenceurs, qui sont en situation de violation des lois de la DGI, ont intérêt à jouer la transparence s’ils veulent éviter des sanctions, qui peuvent parfois être très lourdes.

L’oubli voulu de la déclaration fiscale peut être passible d’une majoration ou amende. Toutefois, il faut préciser que ses sanctions s’appliquent en plus de l’impôt total qui aurait dû être payé. Mais avant, des rappels à l’ordre sont donnés au contribuable pour régulariser sa situation dans un délai bien défini.

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