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Les dessous de l’affaire Hassan Iquioussen, l’imam que la France veut expulser vers le Maroc

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L'imam Hassan Iquioussen © DR

Il fait parler de lui depuis quelques jours, au Maroc et en France, Hassan Iquioussen et son affaire affolent les médias. Un feuilleton rempli de rebondissements. Le dernier en date, c’est sa fuite mardi soir, juste après le feu vert donné par le Conseil d’État français pour son expulsion vers le Royaume. Qui est alors cet imam ? Que lui reproche la France ? Comment il en est arrivé là ? Et quelle est la position du Maroc dans cette affaire ? Détails.

Un gros rebondissement dans l’affaire de l’imam marocain Hassan Iquioussen. Menacé d’expulsion depuis plusieurs semaines, il a pris la fuite mardi soir. Son affaire remonte à fin juillet dernier, lorsque le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait annoncé son expulsion prochaine. Le prédicateur, né dans l’Hexagone, mais de nationalité marocaine, est accusé d’avoir tenu des propos « antisémites », « homophobes » et « anti-femmes » dans ses prêches ou conférences.

Qui est Hassan Iquioussen ?

Fils d’immigrés marocains, Hassan Iquioussen est né le 2 juin 1964 à Denain (Nord – France). Bachelier littéraire en 1983, il a ensuite décroché une licence d’Arabe. Et s’il a donc grandi en France, il a cependant choisi d’en rejeter la nationalité pour ne conserver que celle de ses parents. Un choix qui l’a contraint à solliciter des titres de séjour de dix ans afin de rester sur le territoire français.

En 1985, il s’est marié au Maroc et a eu cinq enfants. Depuis les années 1990, il est décrit comme proche des frères musulmans. Dans le passé, il avait occupé le poste de maître auxiliaire dans le secondaire, puis animateur social avec un projet de ferme écologique.

Hassan Iquioussen était éclaboussé par une première polémique en 2004, épinglé pour des propos jugés antisémites dans un discours sur la Palestine. L’intéressé s’est excusé par la suite et a reconnu que ses propos étaient déplacés. «L’antisémitisme est une horreur», avait-il lâché.

Son profil très conservateur l’emmène parfois jusqu’à un éloge du jihad et de ses figures. Il avait même qualifié Oussama Ben Laden de « grand combattant face aux Américains » et « grand défenseur de l’Islam ».

S’il était inconnu du grand public dans le passé, YouTube lui a permis d’avoir une forte audience, devenant l’un des prêcheurs conservateurs les plus suivis. En six ans, ses vidéos ont dépassé 17 millions de vues dans une chaîne qui compte plus de 200.000 abonnés. Il est également très actif sur Facebook avec une page de plus de 40.000 personnes.

Lire aussi : Affaire Hassan Iquioussen : l’imam est introuvable 

Que lui reproche la France et que risque-t-il ?

Antisémitisme, misogynie, promotion de la polygamie, incitation à la haine des chrétiens, des occidentaux et des apostats, complotisme, victimisation, légitimation de la violence… la liste des griefs que l’État français entretient à l’égard de Hassan Iquioussen semble interminable, et c’est ce qui lui vaut aujourd’hui de se trouver dans le collimateur des institutions et sous les feux de l’actualité.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait ordonné, à la fin du mois de juillet, l’expulsion de cet homme. Une décision rejetée, dans un premier temps, par le tribunal administratif, qui estimait qu’une expulsion porterait « une atteinte disproportionnée à sa vie privée et familiale« . Puis, elle a été annulée, mardi dernier, par le Conseil d’État français, qui a ainsi donné son feu vert à son expulsion vers le Maroc, estimant que dans les vidéos diffusées, Hassan Iquioussen avait tenu de manière répétée des discours sur « l’infériorité de la femme » et lancé des « actes de provocation explicites et délibérée à la discrimination ou à la haine« .

L’expulsion d’Iquioussen n’était pas possible avant la loi luttant contre le séparatisme, promulguée en août 2021. C’est à la faveur d’une demande de renouvellement cet hiver de son titre de séjour de dix ans que les autorités françaises ont décidé d’utiliser cette loi. Actuellement, l’intéressé reste introuvable et il est désormais inscrit sur le fichier des personnes recherchées. Il encourt jusqu’à trois ans de prison pour s’être soustrait à la justice. L’hypothèse de son départ pour la Belgique est évoquée.

Son fils, Soufiane, est sorti de son silence se disant sous le choc et en assurant ne pas avoir de nouvelles de son père. «Mon père représente à lui seul ‘l’ennemi de la République’, il n’y a rien qui justifie ça aujourd’hui. Il n’a jamais été condamné pour les propos qu’on lui reproche. Il n’a commis aucun délit ni aucun crime. Son pays c’est la France, on ne pensait pas qu’ils en arriveraient jusque-là. Il y a des conséquences humaines derrière, aujourd’hui c’est une famille complète qui souffre de ça», a-t-il lancé.

Lire aussi : Affaire Hassan Iquioussen : la CEDH s’oppose à la suspension de son expulsion

L’affaire devient diplomatique

Cette affaire s’invite aujourd’hui sur le terrain diplomatique. Le 1?? août dernier, le Maroc avait délivré le « laissez-passer consulaire », qui a une validité de 60 jours, afin de permettre l’expulsion de Hassan Iquioussen par la France vers le Royaume. Mais un blocage vient compliquer la procédure. Hier, Europe 1 a révélé que le Maroc a suspendu ce laissez-passer consulaire. Conséquences : s’il est arrêté, il ne peut plus être expulsé pour le moment.

Du côté de Rabat, les autorités expliquent cette suspension par le fait «qu’il n’y avait pas eu de concertations avec les autorités marocaines». Des discussions seraient déjà en cours entre la France et le Maroc.

L’affaire Iquioussen intervient dans un contexte de relations déjà compliquées entre les deux pays, marqué par la question de la politique des visas. L’automne dernier, la France avait, rappelons-le, décidé de durcir les conditions d’octroi des visas. En plus du Maroc, l’Algérie est également concernée, alors que la Tunisie vient de bénéficier d’une reprise du rythme normal relatif aux procédures.

lire aussi : Le refus des visas, cette nouvelle tendance frustrante

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