Les dessous de la carte
C’était le 29 octobre, et nul ne pouvait passer à côté des applaudissements qu’a reçus Emmanuel Macron au Parlement du Maroc. Outre les manifestations et la Coupe du Monde, cela faisait bien longtemps que ces lieux n’ont autant fait de bruit. Oui, le discours était beau. Oui, il nous offrait, nous Marocains, ce que nous attendions depuis bien longtemps de la part de ce pays qui se dit ami. Mais comme dans toute amitié, il y a des chamailleries, parfois même à l’âge adulte, où tous les coups bas sont permis en dehors du champ de vision des plus sages.
Replaçons cette grande amitié dans le contexte actuel et énumérons les personnages principaux : le Maroc, la France, l’Organisation des Nations Unies, la MINURSO… et bien sûr, l’Afrique !
Sortie de fiction. Retour à la réalité. Pour comprendre les tenants et aboutissants de ce qui se passe actuellement, revenons au discours d’Emmanuel Macron point par point. Tout n’a pas toujours été rose, les coqs ont tenté de picorer les Lions à plusieurs reprises et il en aura fallu du souffle pour en arriver là ! Le président français commence par un rappel de l’Histoire entre le Maroc et la France, marquée par des siècles d’échanges diplomatiques, culturels et commerciaux. Cette dimension historique s’accompagne également d’une reconnaissance des épisodes plus sombres, notamment la colonisation et les traités inégaux ! En abordant cette Histoire commune avec honnêteté, Macron semble vouloir poser les bases d’une relation future libérée des erreurs passées. Une sorte de réciprocité fondée sur la mémoire et le respect des luttes respectives des deux nations ? Encore faudrait-il revenir sur des siècles d’inégalité.
Je t’aime… moi non plus !
Les relations entre le Maroc et la France remontent au XVIe siècle, lorsque la France, sous le règne de François Iᵉʳ, noue des liens diplomatiques et commerciaux avec le Royaume, un carrefour stratégique en Afrique du Nord. En 1533, François Iᵉʳ signe un traité de paix et de commerce avec le sultan wattasside de Fès, Abu al-Abbas Ahmad ben Muhammad.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les relations se renforcent grâce aux échanges commerciaux, notamment par l’exportation de produits marocains comme le cuir, les épices et les textiles, en contrepartie de biens manufacturés français. La présence de consuls français dans les villes côtières du Maroc prouve à ce moment un intérêt grandissant de la France pour le côté stratégique du Maroc.
Cependant, cette relation est jalonnée d’alliances temporaires et de conflits diplomatiques, notamment lorsque la France et le Maroc se retrouvent parfois alliés ou adversaires en raison de leurs alliances respectives avec d’autres puissances européennes. Le royaume du Maroc, pour sa part, reste attentif à ne pas se faire engloutir par les ambitions coloniales européennes qui commencent à se manifester.
Et le Maroc avait du flair, puisqu’en 1912, la Convention de Fès marque le début du protectorat français au Maroc. Ce traité fait suite aux pressions diplomatiques et militaires de la France, désireuse de consolider son influence en Afrique du Nord, alors que d’autres puissances, comme l’Espagne, exercent déjà un contrôle sur certaines régions du Maroc. Le Sultan reste officiellement à la tête du pays, mais le pouvoir est en réalité entre les mains de l’administration française, avec le général Hubert Lyautey comme premier résident général.
Lyautey adopte une politique de « modernisation » du pays, qui se traduit par des réformes dans les domaines de l’urbanisme, des infrastructures et de l’éducation. Sous le protectorat, des villes comme Casablanca et Rabat connaissent un ravalement de façade rapide, avec la construction de routes, de chemins de fer et de ports pour faciliter les échanges commerciaux et renforcer le contrôle du territoire. Ce développement économique s’accompagne toutefois d’une exploitation des ressources marocaines au profit du « grand ami ».
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Le protectorat français suscite un sentiment croissant de frustration et d’opposition au sein de la population marocaine. Dans les années 1930, un mouvement nationaliste émerge, incarné par des figures comme Allal El Fassi, qui réclame la fin de la tutelle coloniale et le retour à l’indépendance. La Seconde Guerre mondiale et l’affaiblissement des puissances européennes favorisent ces revendications et en 1956, après des années de lutte diplomatique et de résistance populaire, le Maroc obtient enfin son indépendance !
Tout s’est terminé le 2 mars 1956. Enfin, tout… tout est relatif ! Cette date marque l’indépendance officielle du Maroc, avec feu le roi Mohammed V, le père de l’indépendance. Cet événement historique est le début d’une nouvelle ère dans les relations franco-marocaines. Bien que le Maroc soit désormais un État souverain, la France reste très -trop- présente dans le pays, notamment à travers des accords de coopération dans les domaines économique, militaire et culturel.
Les années 1960 sont marquées par la montée en puissance de feu le roi Hassan II, qui succède à son père en 1961. Le Roi souhaite affirmer l’indépendance politique et économique du Maroc et les relations avec la France connaissent des tensions, notamment en raison des différences idéologiques. Alors que le Maroc cherche à renforcer sa position internationale, la France, elle, souhaite maintenir son influence, ce qui crée parfois des frictions, notamment autour des questions de sécurité et de souveraineté.
Pendant cette période, les relations bilatérales sont également influencées par l’immigration marocaine vers la France. En quête de main-d’œuvre pour sa reconstruction post-guerre, la France accueille de nombreux travailleurs marocains. Cette immigration donne naissance à une diaspora marocaine qui jouera un rôle essentiel dans les échanges culturels et économiques franco-marocains.
À partir des années 1980, les relations entre la France et le Maroc prennent un nouveau tournant. Le partenariat économique devient l’un des piliers de la relation bilatérale, avec la France en tant que premier partenaire commercial du Maroc. Les investissements français affluent, notamment dans des secteurs comme l’industrie, les infrastructures et l’agriculture. Des entreprises françaises s’implantent durablement dans le pays, et la France soutient le développement économique marocain à travers des projets structurants.
Sur le plan stratégique, le Maroc devient un allié important pour la France en Afrique du Nord et dans le monde arabe. La coopération sécuritaire entre les deux pays s’intensifie, notamment dans la lutte contre le terrorisme, surtout après les attentats du 11 septembre 2001. Le Maroc et la France collaborent étroitement en matière de renseignement, contribuant à la stabilité régionale.
Dans le domaine culturel, la France continue d’exercer une influence importante au Maroc, où la langue française est largement parlée et enseignée. Les échanges culturels sont encouragés, avec des festivals, des institutions francophones et des accords académiques. « Combien d’intellectuels marocains francophones ont été forgés au Maroc par la France, ou se sont constitués en France, dans des universités ou des instituts spécialisés. Que d’artistes et écrivains marocains francophones célèbres peut-on compter sur ce chapitre. Un Tahar Benjelloun, prix Goncourt, ne demeure-t-il pas aujourd’hui leur doyen ? », déclare Pr. Issa Babana El Alaoui, enseignant-chercheur, politologue, historien, Docteur d’Etat, à Le Brief.
Dans les années 2010, le Maroc se tourne de plus en plus vers les pays africains et les relations entre le Maroc et la France entrent dans une nouvelle phase, marquée par des collaborations stratégiques, mais aussi par de nouvelles tensions. Certains dossiers délicats viennent parfois troubler cette relation. En 2014, une affaire de tensions diplomatiques éclate lorsque des responsables marocains sont accusés de violations des droits de l’homme par des associations françaises, ce qui pousse les autorités marocaines à suspendre temporairement leur coopération judiciaire avec la France. En 2021, l’affaire Pegasus, impliquant des accusations d’espionnage présumé sur des responsables français par les services marocains, fait également des vagues et refroidit les relations bilatérales.
La question migratoire est un autre point de tension entre les deux pays. Alors que le Maroc est à la fois un pays de départ et de transit pour les migrants, la France adopte une politique de plus en plus stricte en matière d’immigration. Ces divergences créent des discussions tendues, bien que la France reconnaisse le rôle du Maroc dans le contrôle des flux migratoires vers l’Europe.
France et Sahara… marocain SVP !
Un des points saillants du discours est la réaffirmation de la position française concernant la souveraineté marocaine sur le Sahara. Emmanuel Macron insiste sur le soutien de la France au plan d’autonomie de 2007 proposé par le Maroc. Le président le dit avec ses mots, ne ratant nullement l’occasion d’utiliser une appellation coloniale pour parler du Sahara marocain… mais un soutien tout de même.
La France, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, peut exercer une influence majeure en faveur du MarocDriss Aissaoui, politologue
En reconnaissant la souveraineté marocaine, la France se place comme un allié fort dans les instances internationales, ce qui pourrait solidifier le partenariat franco-marocain et positionner les deux nations comme des piliers de stabilité régionale. Driss Aissaoui, politologue, explique à Le Brief que la France, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, peut exercer une influence majeure en faveur du Maroc. Le politologue met en lumière l’initiative marocaine de 2007 qui propose une autonomie sous souveraineté marocaine comme solution durable au conflit.
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Ce positionnement sur le Sahara pourrait également améliorer la coopération économique (l’on parle tout de même de plusieurs milliards d’euros à la clef) et diplomatique, notamment en permettant à des entreprises françaises d’investir davantage dans cette région. Cette prise de position pourrait provoquer des réactions au sein de l’Union européenne ou d’autres acteurs régionaux. Mais le Maroc augmente chaque jour le nombre de ses soutiens proches. D’ailleurs, le 31 octobre 2024, le Conseil de sécurité a adopté à une large majorité la nouvelle résolution 2024 sur le Sahara. 12 pays étaient pour, à savoir les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, la Chine, la Corée, la Guyane, le Japon, Malte, la Sierra Leone, la Slovénie, la Suisse et l’Équateur. La Russie et le Mozambique se sont abstenus. Quant à l’Algérie… eh bien… elle n’était évidemment pas là ! Les fennecs glapissent, les lions passent.
Dans son discours, Macron met, par ailleurs, un accent particulier sur la coopération économique et industrielle, en rappelant que la France est le premier investisseur étranger au Maroc. Il propose une collaboration économique plus avancée, notamment dans les domaines de la colocalisation industrielle et de la production d’hydrogène vert, en lien avec la transition énergétique. Ce partenariat pourrait aider le Maroc à devenir l’un des acteurs les plus importants de cette pièce. Mais qu’on ne s’y trompe pas, ces énergies renouvelables, bénéficieront aussi à la France et à l’Europe !
Terrorisme et sécurité
La France a souvent été victime d’attentats terroristes avec d’importantes pertes humaines. Sur ce volet, le Maroc a toujours été pionnier en termes sécuritaires. Emmanuel Macron a abordé les enjeux de sécurité qui concernent les deux nations. Il mentionne des défis communs tels que l’immigration illégale, la lutte contre le narcotrafic et le terrorisme. Le Maroc, ayant démontré son efficacité dans la lutte contre le terrorisme, est considéré par la France comme LE partenaire pour garantir la stabilité en Méditerranée et en Afrique du Nord.
le Maroc et la France demeureront donc deux partenaires sécuritaires incontournablesPr. Issa Babana El Alaoui
Le renforcement de la coopération dans la sécurité pourrait inclure un partage accru des renseignements, une formation des forces de sécurité, et des initiatives conjointes pour endiguer les réseaux de criminalité transnationale. Ce partenariat sécuritaire est très important, d’autant que la région du Sahel, voisine du Maroc, reste un foyer d’instabilité. « Il y a bien une certaine corrélation positive – pour emprunter les méthodes quantitatives en analyse géopolitique – entre la stabilité sécuritaire au Sahel via le Sahara marocain d’une part, et celle de la France et ses voisins directs d’autre part. Car, premier générateur d’insécurité au Maghreb, le conflit artificiel du Sahara marocain représenterait d’abord une source de préoccupation pour les États-associés de l’Initiative atlantique du Maroc à travers la région sahélienne dont la France ne pourrait se désintéresser. Pour le motif que les intérêts économiques et géostratégiques de la France dans la région (surtout par ses futurs investissements au Sahara marocain) seraient indirectement menacés. Il va sans dire que l’exportation du terrorisme du « polisario » à partir de son siège à Tindouf, ayant dépassé la zone tampon (démilitarisée) n’épargne pas des régions sahéliennes où opèrent notamment Al-Qaïda à travers l’AQMI (plus de 1200 combattants) et Boko haram. Tant d’experts l’ont confirmé. La coopération militaire et sécuritaire franco-marocaine, jamais rompue malgré leurs crises diplomatiques intermittentes, serait de plus en plus impérative en couvrant ipso facto le Sahel. L’Initiative royale pour l’Atlantique, avec l’implication déjà assurée des quatre États sahéliens (Mali, Niger, Burkina Fasso, Tchad), constituerait en conséquence la meilleure alliance pragmatique à la stabilité régionale. Leurs mécanismes sécuritaires s’adapteront inévitablement aux nouveaux défis auxquels, encore une fois, la France ne saurait être indifférente. Cela étant dit, le Maroc et la France demeureront donc deux partenaires sécuritaires incontournables », détaille Pr. Issa Babana El Alaoui.
Sur un volet plus joyeux, le Président de la République française s’est aussi attardé sur l’éducation, la mobilité et la formation des jeunes, des domaines dans lesquels il souhaite intensifier la coopération franco-marocaine. Il évoque les établissements français au Maroc et la francophonie comme un levier pour renforcer les liens culturels et académiques.
Macron souligne la nécessité de créer un environnement de mobilité fluide pour les étudiants, les chercheurs et les professionnels marocains, et d’instaurer des visas de circulation.Il mentionne également l’importance d’un cadre éducatif renforcé pour former une jeunesse prête à affronter les défis du siècle, dans un esprit d’innovation et de compétitivité. Ce point, Mesdames et Messieurs, peut-être comparé à un couteau suisse, disons-le franchement. Car cette éducation pourrait permettre d’attirer et de retenir les talents nécessaires pour la croissance française. Certes cela offrira des perspectives à une jeunesse marocaine, mais qui contribuera essentiellement aux progrès de la France et de l’Europe !
La route de l’Afrique et de la décarbonation
Elle est pavée d’or cette route. L’un des objectifs du discours est de positionner le Maroc comme une passerelle entre l’Europe et l’Afrique. Macron soutient l’idée d’un partenariat stratégique euro-africain avec le Maroc comme plateforme, en raison de son positionnement géographique et de sa stabilité politique. Cette vision s’inscrit dans une perspective où le Maroc jouerait un rôle central dans la médiation et l’animation des relations entre le continent africain et l’Europe.
Le partenariat euro-africain pourrait ainsi s’appuyer sur des initiatives conjointes pour le développement de l’Afrique subsaharienne, incluant l’éducation, l’agriculture, l’énergie et les infrastructures. La France et le Maroc pourraient également coopérer pour gérer les crises migratoires en promouvant des projets de développement qui réduiraient les flux migratoires en Afrique, offrant aux populations locales des opportunités économiques et sociales.
En termes climatiques, le Maroc, la France et l’Afrique sont engagés dans la lutte contre le changement climatique, comme en témoignent les COP21 et COP22. Macron reconnaît les efforts marocains en matière de gestion de l’eau et d’adaptation climatique. Il exprime un soutien à l’initiative marocaine des « autoroutes de l’eau », qui pourrait servir de modèle pour d’autres nations.
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Ensemble, les deux pays envisagent de développer des projets ambitieux, comme les corridors d’hydrogène vert et les fermes solaires et éoliennes. Cette question a d’ailleurs été soulevé par Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des Finances, lors de la 16ème édition du colloque international des finances publiques : « Aujourd’hui, le Maroc a lancé un programme ambitieux avec des partenaires financiers internationaux pour intégrer les considérations climatiques dans les différents compartiments des finances publiques avec des projets portant, notamment, sur le marquage budgétaire et la taxonomie verte, les obligations vertes (green bonds), les marchés publics verts, la fiscalité verte… Ce programme vient, donc, en soutien à la réalisation des engagements du Maroc dans le cadre de sa contribution déterminée au niveau international. D’ailleurs, le projet de refonte de la Loi organique des Finances comprend, entre autres aspects, des dispositions qui versent dans ce sens ».
Un rêve de paix
La dernière partie du discours de Macron touche aux engagements diplomatiques de la France et du Maroc dans le conflit israélo-palestinien et au Moyen-Orient en général. Il insiste sur la nécessité d’un cessez-le-feu à Gaza pour protéger les populations civiles. La position marocaine sur la question palestinienne et l’engagement du Roi en faveur de la paix et du dialogue confèrent au Maroc une autorité morale dans la région, que la France souhaite soutenir. Ce soutien diplomatique conjoint entre le Maroc et la France pourrait être décisif dans les instances internationales et renforcer le rôle du Maroc comme médiateur dans les conflits régionaux.
Je t’aime… moi aussi !
La relation entre le Maroc et la France, parfois tumultueuse, est en pleine renaissance. Après des années de coopération ponctuées de divergences, le retour de l’amitié franco-marocaine s’impose à nouveau comme une force unificatrice, stimulant aussi bien les relations économiques que culturelles et politiques. Les investissements français au Maroc ont considérablement évolué ces dernières années, répondant à la modernisation du tissu économique marocain. Les secteurs incluent notamment l’industrie, les infrastructures et les technologies vertes, dans lesquels les entreprises françaises jouent un rôle prépondérant. Les multinationales françaises, telles que Renault, Peugeot et Veolia, continuent de renforcer leurs investissements, créant des emplois et des opportunités de transfert de savoir-faire. L’accent est aujourd’hui mis sur des secteurs d’avenir tels que les énergies renouvelables, l’agroalimentaire et les services financiers. Le Maroc, pionnier en Afrique dans le développement des énergies renouvelables, collabore étroitement avec la France pour diversifier ses sources d’énergie. Des projets communs comme le complexe solaire de Noor à Ouarzazate bénéficient de l’expertise française, favorisant ainsi une transition énergétique en adéquation avec les enjeux climatiques actuels.
Les entreprises marocaines trouvent aussi des opportunités en France. Par le biais de joint-ventures et d’accords de transfert de technologies, elles accèdent au marché européen tout en renforçant leurs capacités internes. Ce dynamisme d’échanges économiques ne bénéficie pas seulement aux entreprises des deux pays, mais participe également à la croissance de la coopération économique régionale, notamment en Afrique où le Maroc et la France partagent des intérêts communs.
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Les liens entre la France et le Maroc sont aussi ancrés dans la mémoire collective des deux peuples. Malgré les aléas diplomatiques, les Marocains conservent une perception positive de la France, souvent perçue comme une terre de culture, d’opportunités éducatives et d’échanges intellectuels. La France demeure pour de nombreux Marocains un symbole de modernité et de progrès. Cette affection réciproque nourrit une relation humaine qui transcende les enjeux politiques.
Les manifestations artistiques franco-marocaines se multiplient, illustrant un attachement commun à la culture. Des festivals comme le « Visa for Music » à Rabat ou le Festival du Film de Marrakech sont des lieux privilégiés pour promouvoir les artistes des deux pays. La littérature franco-marocaine, avec des auteurs comme Tahar Ben Jelloun ou Leïla Slimani, fait également écho à cette relation singulière, traitant souvent de thèmes tels que l’identité, la migration et la modernité.
Selon Driss Aissaoui, politologue, promouvoir la culture et la langue françaises au Maroc pourrait largement contribuer au renforcement des liens entre les deux pays, tout en respectant l’identité culturelle marocaine. Le Maroc, déjà ouvert à une pluralité de langues et de cultures, voit ses jeunes devenir de plus en plus polyglottes, s’initiant à l’anglais, à l’espagnol, au portugais, et même au chinois et au coréen. Les centres culturels français, déjà bien implantés au Maroc, pourraient intensifier leurs initiatives en matière de transfert de savoir et de compétences, non pour imposer la culture française, mais pour l’offrir comme une source d’enrichissement.
Les crises politiques et sanitaires récentes ont eu des répercussions sur la perception mutuelle. Cependant, les deux nations font preuve de résilience en renforçant les échanges interpersonnels. Les réseaux sociaux, les organisations de la diaspora et les associations culturelles permettent de maintenir un dialogue ouvert, facilitant la compréhension mutuelle et renforçant les liens malgré les défis.