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Législatives 2024 : un nouveau visage politique pour la France

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Image d'illustration. © AFP

Plongée dans une turbulence politique sans précédent, la France se trouve à un tournant important après les dernières élections législatives. Le scrutin a révélé un Parlement profondément fragmenté, sans majorité claire, forçant les partis à naviguer dans un paysage incertain. Ce moment met en lumière les défis de gouvernance auxquels le pays doit désormais faire face, alors que la stabilité politique et la formation d’une coalition efficace deviennent des impératifs urgents pour l’avenir.

Alors que l’annonce des résultats électoraux, le paysage politique français se redessine. Le dimanche 7 juillet, une participation de 66,63% a marqué le second tour de ces élections législatives, mettant en lumière la montée en puissance du Nouveau Front populaire (NF) avec 182 sièges, et dévoilant une mosaïque politique plus complexe que jamais. Le camp présidentiel, Ensemble, et l’alliance RN-LR suivent de près, tandis que les formations mineures émergent avec des gains, promettant une ère de négociations et d’alliances inattendues. Cette nouvelle configuration, loin de clarifier le panorama politique souhaité par la dissolution anticipée de l’Assemblée, ouvre plutôt un chapitre de tractations intensives où chaque voix au Parlement pourrait redéfinir l’avenir du pays.

Nouveau Front populaire en tête

Le paysage politique français s’est redessiné avec Le Nouveau Front populaire qui a émergé en tête, surpassant le parti présidentiel qui a recueilli 168 sièges, tandis que le Rassemblement national a pris la troisième place avec 143 sièges. Les Républicains, restés en dehors de l’alliance avec le parti de Jordan Bardella, ont conquis 60 sièges. Les autres formations politiques se partagent les sièges restants, avec une répartition variée allant des régionalistes aux écologistes.

L’efficacité relative du «front républicain» a freiné l’ascension du RN et de ses alliés, bien que ces derniers forment une présence importante au Parlement. Au sein du Nouveau Front populaire, la France insoumise (LFI) s’est affirmée comme la principale force, tandis que le Parti socialiste (PS) a presque doublé son nombre de sièges. Le camp présidentiel a amélioré sa position par rapport aux précédentes élections européennes, avec une centaine de sièges obtenus par Renaissance au sein du bloc Ensemble.

La dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron visait à clarifier le paysage politique, mais la nouvelle configuration de l’Assemblée suggère une autre majorité relative, annonçant une période de négociations politiques complexes. Le premier ministre Gabriel Attal a exprimé son intention de démissionner, tout en se tenant prêt à continuer de servir si nécessaire.

Karim Ben Cheïkh triomphe dans la 9ᵉ circonscription des français de l’étranger

Dans la 9ᵉ circonscription des Français de l’étranger, couvrant le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest à l’exception du Bénin, Ghana, Togo et Nigeria, Karim Ben Cheïkh de l’Union de la gauche a triomphé lors du second tour des élections législatives. Il consolide ainsi sa position de leader avec 74,71% des voix. Face à lui, Samira Djouadi d’Ensemble a recueilli 25,29% des suffrages exprimés. Le Rassemblement national n’avait pas atteint ce stade de l’élection, ayant été éliminé dès le premier tour.

La domination de la gauche s’est affirmée clairement dans l’ensemble de la circonscription, avec des résultats marquants dans plusieurs grandes villes. À Agadir, Ben Cheïkh a obtenu 59,67% des voix, tandis que Djouadi a récolté 40,33%. À Marrakech, la compétition fut plus serrée, où Ben Cheïkh a capté 52,51% des votes, laissant 47,49% à Djouadi.

Les autres centres urbains ont vu une victoire plus nette de l’Union de la gauche. À Casablanca, Ben Cheïkh a largement devancé avec 73,86% des voix, et à Fès, il a élargi encore plus l’écart, remportant 79,22% des suffrages. Dans la capitale, Rabat, et à Tanger, les résultats étaient semblables à ceux de Fès, où Ben Cheïkh a séduit respectivement 79,73% et 79,77% des électeurs, contre 20,27% et 20,23% pour Djouadi.

Lire aussi : Législatives françaises : le Nouveau Front populaire arrive en tête

Attal reste en fonction à la demande de Macron

Après un second tour des élections législatives qui n’a pas permis d’obtenir une majorité claire, le premier ministre français Gabriel Attal a présenté la démission de son gouvernement à Emmanuel Macron. Face à cette impasse, le président a demandé à Attal de rester en fonction «pour le moment afin d’assurer la stabilité du pays», selon un communiqué de l’Élysée. Cette décision intervient alors que le NFP a émergé en tête, suivi par le camp présidentiel d’Ensemble.

Dans ce contexte fragmenté, aucune des formations politiques présentes n’a réussi à atteindre les 289 députés nécessaires pour former une majorité absolue. L’Assemblée nationale se prépare désormais à reprendre ses activités le 18 juillet. Au programme : l’élection de son nouveau président, la répartition des postes entre les différents groupes, et l’établissement du calendrier parlementaire qui inclura la discussion du prochain budget.

Le RN, «seule alternance face à l’alliance du déshonneur»

Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a vivement critiqué ce qu’il a qualifié «d’alliance du déshonneur», qui, selon lui, prive les Français «d’une politique de redressement», alors que son parti est arrivé en troisième position. «Le Rassemblement national incarne plus que jamais la seule alternance», a-t-il ajouté, promettant que son parti ne tomberait dans «aucune compromission politicienne». «Ce soir, tout commence, un vieux monde est tombé, rien ne peut arrêter un peuple qui s’est remis à espérer».

Jordan Bardella, qui était pressenti pour être premier ministre en cas de victoire de son parti, a assuré que «le Rassemblement national (allait) amplifier son travail à l’Assemblée nationale» lors d’une allocution au QG de campagne de son parti, trente minutes après l’annonce des résultats. Il a estimé que la France allait «vers l’incertitude et l’instabilité» en raison de la paralysie à venir des institutions.

Plus tôt, le vice-président du Rassemblement national, Sébastien Chenu, avait aussi estimé que «le système (allait) se bloquer», car «les trois blocs ont très peu de différences en termes de sièges».

Lire aussi : Législatives françaises : le détail par villes au Maroc

Mélenchon exige un premier ministre issu du NFP

Jean-Luc Mélenchon à son tour, leader de La France insoumise, a lancé un ultimatum au président de la République devant un rassemblement de ses partisans à Paris. Il a exigé que le président nomme un premier ministre issu du Nouveau Front populaire, affirmant que si le président choisit de rester, il doit permettre à la gauche de gouverner. Mélenchon a souligné que la politique traditionnelle était révolue, cédant la place à une nouvelle dynamique poussée par le peuple, en particulier les jeunes et les habitants des quartiers populaires.

«La gauche française est prête à gouverner», a-t-il déclaré, suite aux premières projections indiquant que le NFP pourrait devenir le groupe le plus important au Parlement. Il a souligné le rejet clair du «scénario du pire» par les électeurs, en référence à une potentielle montée de l’extrême droite.

Ce bloc de gauche, comprenant La France insoumise, le Parti socialiste, les Verts et le Parti communiste, formé récemment sous la bannière du NFP, représente une union stratégique en réponse aux enjeux politiques actuels. Cependant, le choix du candidat principal pour le poste de premier ministre reste incertain, avec Mélenchon comme une figure à la fois centrale et controversée.

Olivier Faure, chef du Parti socialiste, a appelé à une plus grande démocratie au sein de l’alliance pour assurer une collaboration efficace. Raphaël Glucksmann de Place publique a souligné la nécessité pour les membres de l’alliance d’adopter une attitude mature et responsable face à un Parlement divisé.

Ces déclarations interviennent dans un contexte où le président Emmanuel Macron avait convoqué des élections anticipées après les résultats décevants pour ses alliés centristes aux élections européennes. Le chef de l’État français a parié sur un renouveau politique qui semble maintenant se transformer en un défi plus complexe et multipartite.

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