Visa Schengen © DR
Depuis quelques années, les politiques migratoires de l’Union européenne (UE) se sont durcies. Le nombre de refus injustifiés de demandes de visas Schengen au Maroc s’est multiplié. À la fin de 2021, la France avait pris la décision de réduire le nombre de visas délivrés aux Maghrébins. Cette mesure avait pour but d’obliger les gouvernements marocain, algérien et tunisien à récupérer leurs ressortissants expulsés du sol français. Une réduction qui a provoqué l’indignation et l’incompréhension chez les Marocains. Un peuple dont les relations avec l’Hexagone remontent à plusieurs décennies.
Concernant les frais des visas refusés, ils n’ont jamais été remboursés. Le président de la Fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC), Bouazza Kherrati, avait adressé une correspondance à Hélène le Gal, l’ambassadrice de France au Maroc, à ce propos. Il l’a appelée à restituer les frais des visas non délivrés aux citoyens marocains par les consulats français. En outre, le président regrette, dans sa lettre, le manque de transparence sur les nouvelles modalités de délivrance des visas. Ce qui relève du non-respect du droit à l’information.
Lire aussi : Forte baisse du nombre de visas Schengen délivrés aux Marocains
La France fait des exceptions pour les investisseurs marocains “seulement”
La restriction des visas pour les hommes d’affaires ne plait pas au marché entrepreneurial français. Fabrice Le Saché, vice-président et porte-parole du Mouvement des entreprises de France (Medef), a réagi à cette situation. Il a ainsi affirmé qu’il est «urgent de fluidifier les visas pour nos homologues d’affaires marocains».
Lors de la Rencontre des entrepreneurs de France (REF) 2022, tenue ces 29 et 30 août à Paris, Fabrice Le Saché a exprimé la détermination du Medef, avec le patronat marocain, à «avancer ensemble sur des sujets concrets : mobilité des personnes, nouveaux projets industriels au Maroc, investissements marocains en France».
Sur son compte Twitter, le président du Medef a remercié la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), en notant : «Déterminés à avancer conjointement sur des sujets concrets : mobilité des personnes, nouveaux projets industriels au #Maroc, investissements marocains en #France. Une relation dans les deux sens. Merci @CGEM_MA pour ce dynamisme ! @AljChakib».
🇫🇷🇲🇦 Avec le patronat marocain à #LaREF22. Déterminés à avancer ensemble sur des sujets concrets : mobilité des personnes, nouveaux projets industriels au #Maroc, investissements marocains en #France. Une relation dans les deux sens. Merci @CGEM_MA pour ce dynamisme ! @AljChakib pic.twitter.com/K9dmaK1IcT
— Fabrice Le Saché (@f_lesache) August 30, 2022
Fabrice Le Saché n’a pas manqué d’exprimer, sur son compte Twitter, sa volonté de réaliser plusieurs projets en collaboration avec le Maroc. «Le Maroc est un grand pays. Le dialogue entre nos secteurs privés est permanent. Il faut continuer de bâtir des projets communs», a-t-il noté, exprimant ainsi sa joie «qu’une délégation du patronat marocain soit présente à la REF 2022».
🇫🇷🇲🇦 & bien évidemment il est indispensable et urgent de fluidifier et faciliter les visas pour nos homologues d'affaires marocains. Il n'y a pas de commerce sans circulation des personnes.@MEDEF_I @CGEM_MA @HeleneLeGal @GDarmanin @francediplo https://t.co/kgd3rb3sLZ
— Fabrice Le Saché (@f_lesache) August 28, 2022
Le désespoir des uns fait le bonheur des escrocs
Le manque de transparence et d’information au sujet des procédures de demandes de visas est de plus en plus frustrant pour les Marocains qui veulent se rendre en Europe pour des raisons de santé, personnelles ou professionnelles. Chercher un rendez-vous sur les sites des sociétés sous-traitantes des consulats européens est aussi compliqué que chercher une aiguille dans une botte de foin. Profitant du désespoir de certains demandeurs de visas, des « smasrya » se présentent devant eux en bons samaritains et se proposent de les aider à trouver des rendez-vous.
Ces intermédiaires, entre le citoyen et les sociétés sous-traitantes, réclament ensuite une somme conséquente pour payer leurs services. Condamnant ces pratiques, le directeur du Centre monétique interbancaire (CMI), Ismaïl Bellali, a dénoncé, sur son compte LinkedIn : «Devant l’appétit des citoyens à obtenir des RDV pour les demandes de Visa Schengen auprès des centres BLS et TLS, des mercenaires se sont installés et prétendent vendre des RDV proches. Ils proposent leurs services sur les réseaux sociaux».
Mais pas que ! Six individus, dont deux femmes, ont été interpellés à Oujda pour leurs liens présumés avec un réseau criminel actif dans la falsification de documents officiels requis pour constituer les dossiers de visa Schengen.
Par ailleurs, l’Association marocaine des droits humains (AMDH) a adressé, ce mardi, une lettre à la présidence et à la chefferie du gouvernement français. Elle a appelé à «cesser d’insulter les citoyens marocains par les services consulaires de France au Maroc». L’ONG a souligné aussi qu’elle assure «le suivi des souffrances des citoyens marocains et des citoyens demandeurs de visa, notamment auprès des services consulaires des pays européens et l’État français en particulier».
Enfin, les frictions entre Rabat et Paris sont loin d’être apaisées. Reste à savoir si le président français, Emmanuel Macron, qui, selon ses propres dires, va se rendre au Maroc fin octobre, va pouvoir aborder le sujet des visas avec les responsables marocains, pour résoudre au plus vite ce problème. À suivre…
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