Le Maroc compte sur ses importations de céréales pour combler la production nationale
Productions de Blé Illustration .© Dr
Le communiqué officiel de Bank Al-Maghrib, du 19 mars dernier, peint un tableau sombre sur les perspectives agricoles du pays. L’institution financière a annoncé une prévision décevante pour l’actuelle saison céréalière : un volume de récolte estimé à 25 millions de quintaux. C’est une chute drastique par rapport aux 55,1 millions de l’année précédente.
Conclusion de ces données : le Royaume risque de faire face à l’une des plus faibles récoltes qu’il ait connues depuis plus d’un demi siècle. L’atmosphère est donc empreinte d’une gravité sans pareil. Et le ciel économique, habituellement si clément, se pare de nuages inquiétants. Les explications sont à chercher du côté de la météo : une pluviométrie capricieuse et inéquitablement répartie qui a marqué de son sceau défavorable les terres cultivables du pays, désormais réduites à 2,5 millions d’hectares, contre presque 3,7 millions une année auparavant.
Importer pour combler le déficit
Devant le fait accompli, le pays doit se résoudre à une importation de céréales massives, à hauteur de 100 millions de quintaux, dans l’urgence de satisfaire les besoins nationaux, notamment en alimentation animale. Le blé dur et le blé tendre, piliers de la consommation marocaine, constitueront à eux seuls une demande d’importation d’au moins 60 millions de quintaux.
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Dans une mouvance internationale où les cours des céréales sont en baisse, le Maroc semble saisir une opportunité pour ajuster sa stratégie d’importation. Toutefois, cette manne tombée du ciel est loin de représenter une solution pérenne. Le Trésor national voit s’évaporer ses devises pour pallier les déficits céréaliers, mettant à mal l’équilibre précaire des balances commerciale et des paiements.
L’État, prévoyant, a lancé des initiatives pour constituer un stock stratégique de 10 millions de quintaux de céréales. Ces mesures ne sont que consolation modeste face à l’ampleur de la crise. L’Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL) se montre actif sur ce front, mais le cœur de la problématique demeure : le soutien nécessaire à l’agriculture nationale et l’encouragement des producteurs locaux, essentiels à la souveraineté alimentaire du Royaume, paraissent fragilisés.
Une subvention de 25 dirhams
Le gouvernement avait annoncé que des subventions seront accordées aux entreprises qui entreposent du blé importé, en raison de la baisse de la production locale due à la sécheresse. Une subvention de 2,5 dirhams est versée par quintal, soit l’équivalent de 25 dirhams par tonne métrique, toutes les deux semaines, pour un maximum d’un million de tonnes de blé tendre importé. Cette subvention s’applique aux importations de blé effectuées entre le 1er février et le 30 avril, et les entreprises éligibles devront stocker le blé pendant au moins trois mois, dans le cadre de la saison 2023/2024.
Si ces circonstances conjoncturelles favorisent l’importation, elles traduisent néanmoins une dépendance préoccupante vis-à-vis des marchés extérieurs. Le Maroc, dont plus de 95% du blé tendre provient de l’importation, se trouve dans une posture délicate, témoignant de la vulnérabilité d’un secteur vital pris dans les tourments climatiques.
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Et ce même si au mois de mars on a noté le retour de la pluie dans un contexte de sècheresse sévère depuis six ans. Les experts affirment que les précipitations notées n’auront pas les effets escomptés sur l’agriculture d’une manière générale et en particulier sur la production céréalière.
Cette tragédie céréalière n’est pas sans rappeler que, derrière les chiffres et les transactions, se profilent des réalités humaines : celles des agriculteurs confrontés aux aléas d’une nature de plus en plus imprévisible, et celle d’une population dont la sécurité alimentaire est intimement liée à la santé d’une terre de plus en plus aride.
La générosité du ciel ne suffisant plus, c’est tout un pays qui se retrouve au pied du mur, confronté à l’urgence de repenser son agriculture dans l’ombre d’un désert qui avance inexorablement.
Quand la croissance des recettes ne freine pas le déficit
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