Image d’illustration. © DR
Le rapport 2024 de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur les migrations internationales met en lumière des tendances migratoires inédites, marquées par des flux records vers les pays de l’OCDE, des politiques de plus en plus complexes et un rôle croissant des migrants dans les économies d’accueil. Dans un contexte mondial de transformations économiques et démographiques, le Maroc, pays d’émigration et de transit, voit son positionnement et ses politiques migratoires devenir des enjeux majeurs. Entre les défis et les perspectives propres au Maroc, l’appui les conclusions du rapport permet d’examiner les spécificités marocaines face aux flux migratoires et à leur gestion.
Le Maroc au cœur des flux migratoires
Le Maroc occupe une position unique dans le paysage migratoire mondial : il est à la fois pays d’origine, de destination et de transit pour des milliers de migrants chaque année. L’OCDE observe que de nombreux Marocains continuent d’émigrer vers l’Europe et d’autres pays de l’OCDE principalement pour des raisons économiques et de regroupement familial. En parallèle, le pays attire de plus en plus de migrants d’Afrique subsaharienne, cherchant à rejoindre l’Europe ou à s’installer durablement au Maroc. Ces dynamiques font du Maroc un acteur essentiel dans les discussions sur la migration en Afrique du Nord et un partenaire clé pour l’Union européenne dans la gestion des flux migratoires.
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Selon les dernières données, environ 4,2 millions de Marocains vivent à l’étranger dont plus de 85% dans les pays de l’OCDE, notamment en France, en Espagne, en Italie et aux Pays-Bas. Ces communautés établies ont souvent un impact économique et culturel important pour le Maroc, par le biais des transferts de fonds, mais aussi à travers les liens commerciaux et culturels. Le rapport souligne l’importance pour le Maroc de renforcer son rôle en tant que pays de transit et de destination et d’optimiser la gestion des flux pour mieux répondre aux besoins économiques du pays et de sa diaspora.
L’intégration des Marocains dans les pays de l’OCDE
Le rapport de l’OCDE met en avant les défis d’intégration auxquels sont confrontés les Marocains résidant dans les pays de l’OCDE, particulièrement en Europe. En dépit de leur présence historique dans plusieurs pays, les Marocains rencontrent souvent des obstacles sur le marché de l’emploi, dans le logement et dans le domaine éducatif. Dans certains cas, la montée de la xénophobie et des politiques restrictives rend l’intégration encore plus complexe et certains indicateurs montrent que les Marocains peuvent être moins bien intégrés que d’autres groupes d’immigrés dans certains pays de l’OCDE.
Pourtant, le rapport note que certains pays, comme les Pays-Bas et l’Allemagne, mettent en œuvre des politiques innovantes pour faciliter l’accès à l’emploi, reconnaître les diplômes étrangers et promouvoir l’apprentissage de la langue locale. Des programmes de mentorat et des initiatives pour favoriser l’inclusion socio-économique sont également en cours. Le renforcement de telles mesures est crucial pour favoriser une intégration réussie des Marocains dans leurs pays d’accueil, améliorer leur participation économique et sociale, et renforcer les liens culturels entre le Maroc et sa diaspora.
Le rôle des politiques migratoires au Maroc
Sur le plan national, le Maroc a progressivement ajusté ses politiques migratoires pour mieux gérer les flux entrants en réponse aux pressions internes et aux attentes de la communauté internationale. En 2013, le pays a initié une politique migratoire ambitieuse, incluant deux campagnes de régularisation des sans-papiers en 2014 et 2017, qui ont permis à près de 50 000 migrants d’obtenir des titres de séjour. Cette démarche a renforcé l’image du Maroc comme modèle de gestion humaine des flux migratoires dans la région, bien que des défis persistent.
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Le rapport de l’OCDE souligne l’importance pour le Maroc de continuer à développer ses politiques migratoires, surtout en améliorant les dispositifs d’accueil et en favorisant l’inclusion sociale des migrants régularisés. Des efforts sont également nécessaires pour sécuriser les frontières tout en offrant des alternatives de régularisation et en garantissant des conditions de vie décentes pour les migrants en transit. L’enjeu est de taille : le Maroc doit jongler entre des impératifs de sécurité et son rôle de passerelle vers l’Europe tout en répondant aux besoins de sa propre population.
Les défis de l’émigration et de la main-d’œuvre
L’émigration marocaine pose également des défis pour le pays, particulièrement en matière de perte de main-d’œuvre qualifiée. Alors que de nombreux jeunes diplômés marocains choisissent de s’installer à l’étranger, la fuite des talents impacte des secteurs stratégiques, comme la santé et l’ingénierie. Le rapport de l’OCDE suggère que le Maroc pourrait renforcer ses efforts pour retenir ces compétences en proposant des incitations professionnelles et des programmes d’entrepreneuriat destinés aux jeunes diplômés.
En parallèle, le Maroc pourrait encourager davantage l’investissement de la diaspora dans le pays. Les transferts de fonds de la diaspora marocaine représentent une source significative de devises étrangères et de soutien économique pour de nombreuses familles mais les liens économiques pourraient être encore renforcés. L’OCDE recommande ainsi des partenariats entre les entreprises marocaines et la diaspora pour stimuler l’entrepreneuriat, encourager les investissements dans les infrastructures locales et promouvoir des projets de développement. Le renforcement de ces liens permettrait non seulement de compenser partiellement les pertes de main-d’œuvre, mais aussi de contribuer à la croissance économique du Maroc.
Perspectives et recommandations de l’OCDE pour le Maroc
Pour améliorer la gestion migratoire, l’OCDE émet plusieurs recommandations à destination du Maroc. Elle encourage notamment le pays à diversifier ses partenariats migratoires, non seulement avec l’Europe mais aussi avec les pays africains et asiatiques pour mieux contrôler les flux et assurer des canaux migratoires sûrs et organisés. Une telle approche pourrait également contribuer à élargir les opportunités économiques pour les migrants et à alléger la pression sur les ressources et infrastructures marocaines.
Le rapport insiste également sur l’importance d’une coopération renforcée avec les pays européens pour gérer efficacement les migrations. En tant que pays de transit pour de nombreux migrants africains en route vers l’Europe, le Maroc est un partenaire clé pour l’UE dans la lutte contre la migration irrégulière et le développement de voies d’immigration légales. Les réformes visant à améliorer l’intégration des migrants comme l’accès à l’éducation et à la formation professionnelle, sont également essentielles pour assurer une migration durable et bénéfique pour le pays.
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Enfin, l’OCDE souligne que le Maroc pourrait tirer profit d’une meilleure gestion de sa diaspora en mobilisant davantage les compétences et les ressources des Marocains résidant à l’étranger. Le rapport encourage le développement de réseaux et de programmes destinés à faciliter le retour temporaire ou définitif des Marocains qualifiés. De telles initiatives renforceraient les capacités nationales et offriraient de nouvelles opportunités d’innovation et de développement pour le Maroc.
Le rapport 2024 de l’OCDE sur les migrations internationales met en évidence le rôle complexe et stratégique du Maroc dans le contexte migratoire mondial. En tant que pays d’origine, de destination et de transit, le Maroc doit faire face à des défis majeurs mais aussi à des opportunités uniques pour renforcer sa position et optimiser ses politiques migratoires. En intégrant les recommandations de l’OCDE, le Maroc pourrait consolider son statut de modèle en matière de gestion humaine et efficace des migrations tout en stimulant sa propre croissance économique et sociale.
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