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Le Conseil de sécurité de l’ONU, cette instance convoitée par les diplomaties

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Les membres du Conseil de sécurité de l’ONU, réunis au siège des Nations unies à New York, le 22 décembre 2023. © David Lee Delgado / Reuters

Depuis le 1ᵉʳ janvier 2024 et pour deux ans, cinq nouveaux membres, parmi eux l’Algérie, siègeront en tant que membres non permanents au Conseil de sécurité de l’ONU. Un «succès diplomatique» pour Alger pour qui l’objectif à long terme serait de briguer un poste permanent au sein de cet organisme chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Pour nombre d’observateurs, le voisin à l’Est profitera certainement de son mandat pour inscrire le dossier du Sahara sur les multiples agendas des Nations unies.

Lundi 1er janvier 2024, cinq nouveaux membres non permanents ont rejoint le Conseil de sécurité de l’ONU, le premier organisme chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales, pour un mandant de deux ans. Au total, 192 pays ont voté l’été dernier pour pourvoir trois sièges du Conseil attribués aux groupes Afrique et Asie-Pacifique, et un pour l’Europe de l’Est et un pour l’Amérique latine et les Caraïbes.

Sur les six pays candidats (la Biélorussie ayant également soumis sa candidature), l’Algérie, la Guyane, la République de Corée du Sud, la Sierra Leone et la Slovénie ont été élues pour remplacer les États sortants : l’Albanie, le Brésil, le Gabon, le Ghana et les Émirats arabes unis, et rejoindront les cinq pays dont le mandat est encore en cours : l’Équateur, le Japon, Malte, le Mozambique et la Suisse.

«Le vote de l’Assemblée générale d’aujourd’hui montre pourquoi la compétition lors des élections à l’ONU est essentielle», avait alors déclaré Louis Charbonneau, directeur de Human Rights Watch à l’ONU. «Les États membres de l’ONU ont sans aucun doute décidé que les graves violations des droits de l’Homme commises par la Biélorussie et le blanchiment des atrocités russes en Ukraine, la disqualifiaient de siéger au Conseil de sécurité, un organe crucial pour la sauvegarde des droits de l’Homme.»

Le Conseil de sécurité est composé de 15 États membres – cinq pays disposant d’un droit de veto permanent (la Grande-Bretagne, la Chine, la France, la Russie et les États-Unis) et 10 autres, attribués pour représenter toutes les régions de manière égale, qui exercent un mandat de deux ans. Chaque année, cinq de ces places sont à gagner.

Alger et Freetown pour représenter l’Afrique

Le vote, qui se déroule au scrutin secret, doit permettre aux candidats d’obtenir une majorité des deux tiers, soit 128 voix, même s’ils se présentent sans contestation. C’est ainsi qu’en juin dernier, et pour la période 2024-2025, l’Algérie, obtenant 184 voix et la Sierra Leone représenteront l’Afrique, la Corée du Sud a remporté le siège de l’Asie-Pacifique et la Guyane a remporté un siège réservé à l’Amérique latine et aux Caraïbes.

Aussitôt après l’annonce de cette nouvelle, la présidence algérienne a réagi s’est félicité de ce «succès diplomatique» qui confirme «le retour de l’Algérie nouvelle sur la scène internationale». «Cette élection, qui est à inscrire à l’actif de la politique étrangère de notre pays, traduit la considération et l’estime dont bénéficie le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, de la part de la communauté internationale et reflète sa reconnaissance pour sa contribution en faveur de la paix et de la sécurité internationales», a estimé la présidence algérienne.

Lire aussi : Sahara : l’agenda séparatiste de l’Algérie en Afrique du Nord

Pour la même source, «ce succès diplomatique confirme bien le retour de l’Algérie nouvelle sur la scène internationale et entérine la vision et approche du président de la République pour la préservation de la paix et la sécurité dans le monde, fondées sur la coexistence pacifique, le règlement pacifique des différends et la non-ingérence dans les affaires intérieures des pays dans le cadre d’une politique étrangère qui puise ses principes, ses valeurs et ses idéaux de notre guerre libératrice».

La Présidence algérienne a également assuré que le pays, «qui ambitionne d’apporter sa contribution à l’action du Conseil de sécurité, est déterminée à focaliser ses efforts pour le renforcement de la paix et la sécurité internationales et d’un multilatéralisme revigoré avec de grands partenariats, la promotion des principes et valeurs du non-alignement ainsi que la poursuite de la lutte antiterroriste et la promotion de la participation des femmes et des jeunes à ces efforts internationaux».
«L’Algérie veillera également à porter la voix des pays arabes et africains et à assurer la défense des intérêts stratégiques communs sur les différentes questions relevant des compétences du Conseil de sécurité», a soutenu le communiqué présidentiel. Le chef de l’État algérien a en ce sens assuré que son pays poursuivra ses efforts pour changer les injustices historiques contre le continent africain et soutenir les personnes opprimées qui luttent pour leur liberté.

Restructuration de l’ONU, situation en Palestine et le dossier du Sahara

Le locataire du palais Mouradia n’a pas caché son intention de procéder à une profonde restructuration de l’un des organes les plus importants de l’ONU. Lors du sommet restreint au « Comité des Dix » de l’Union africaine (C-10) qui s’est tenu en novembre dernier en Guinée équatoriale, Abdelmadjid Tebboune a déclaré qu’«aujourd’hui plus que jamais, la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU doit être abordée avec la plus grande diligence… et elle se présente aujourd’hui avec insistance».

Un constat qu’il a, auparavant (19 septembre 2023), établi, lors de la 78e session de l’Assemblée générale des Nations unies. «Nous devons tous réfléchir à la nécessité de respecter les règles de la Charte et d’établir un cadre solide pour renforcer la coopération internationale», avait-il déclaré, soulignant l’évidence du rôle affaibli du Conseil de sécurité au cours des dernières années.

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«Nous devons atteindre les objectifs mondiaux dans un monde multipolaire», avait-il également plaidé tout en disant que son pays est prêt à renforcer la coopération avec tous les membres du Conseil et à utiliser son expérience en matière de médiation pour rechercher des solutions pacifiques aux conflits.

Selon lui, le Conseil de sécurité a des problèmes qui doivent être résolus «de toute urgence», car l’escalade de la violence à Gaza après l’attaque terroriste du Hamas a révélé la «paralysie» de l’organe onusien. Soulignant le soutien de longue date de son gouvernement au droit du peuple palestinien à créer un État indépendant, il avait appelé le Conseil à adopter une résolution pour garantir la solution à deux États et mettre fin aux pratiques unilatérales de l’autorité occupante, y compris les colonies de peuplement sur les territoires palestiniens.

Toutefois l’insistance du président algérien sur ces changements pourrait avoir sa véritable motivation dans la diminution de l’influence internationale de l’Algérie au détriment de la montée en puissance de son voisin marocain en tant que leader régional. Et pour cause, nombre d’observateurs soulignent que le dossier du Sahara est la principale priorité d’Alger.

Le soutien croissant à la solution marocaine, notamment la position de plus en plus ferme de l’ONU, suscite un ressentiment en Algérie. Une situation qui la pousserait à vouloir changer les institutions mêmes. D’où le fait que l’élection au Conseil de sécurité en tant que membre non permanent est considérée comme une glorieuse victoire pour ce qui n’est qu’une simple formalité.

Ainsi, Abdelmajid Tebboune souhaite renforcer sa position sur la scène internationale pour ainsi constituer une force de l’intérieur face à ce qui devrait être des refus constants quant aux solutions possibles au dossier du Sahara. Car malgré tous les efforts de l’Algérie pour attiser le guêpier sahraoui en soutenant le Front Polisario, ceux-ci semblent infructueux.

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Il est ainsi probable que l’Algérie inscrive le Sahara sur une multitude d’agendas mensuels de l’instance exécutive de l’ONU, en demandant des réunions extraordinaires pour l’examen du dossier. Car comme l’ont noté plusieurs experts, l’Algérie avait réuni, bien avant son entrée officielle, les nouveaux membres du Conseil de sécurité. En témoigne la réunion tenue en marge de la 78e session de l’AG onusienne, à l’initiative du ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, avec ses homologues de la Corée du Sud, de la Slovénie, de Sierra Leone et de Guyane, afin de «coordonner» leurs positions au Conseil de sécurité et de ne pas tomber sous l’influence de la «logique de la polarisation» sur certains dossiers.

Pour d’autres observateurs, l’un des objectifs possibles de l’Algérie est d’obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité. Bien que compliqué, le «consensus Zulwini» de 2005 exprimait la volonté de doter le continent africain de deux représentants permanents au Conseil possédant de fait un droit de veto. L’Algérie ne perdrait pas de vue cette possibilité, même si la réalité indique qu’il est peu probable que l’Algérie soit l’un des deux représentants africains.

Représenter l’Afrique de manière permanente

En novembre dernier, le président de la Guinée équatoriale, Obiang Nguema Mbasogo, avait renouvelé les vœux africains pour obtenir des sièges permanents au Conseil de sécurité de l’ONU. Le continent fait en effet pression pour ce poste depuis 2005 sans progrès significatif vers la réalisation de ses aspirations légitimes.

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Il est nécessaire «d’une action renouvelée et revitalisée de la part du continent africain, dans sa demande de corriger l’injustice historique dont il a été victime, car c’est le seul continent qui n’a pas de représentation au Conseil de sécurité de l’ONU», avait-il déclaré dans son discours au C-10 en Guinée équatoriale.

Le C-10 de l’Union africaine a été créé en 2005, avec pour mandat principal de présenter, défendre et solliciter le soutien à la position africaine commune sur la réforme du Conseil de sécurité. L’Assemblée générale des Nations Unies a entamé des négociations intergouvernementales sur la réforme du Conseil de sécurité lors de la 63e session de l’Assemblée générale des Nations Unies en 2009.

Cette demande émanant du continent africain de réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies, gagne en force – mise en évidence dans le rapport du Secrétaire général intitulé « Notre programme commun », publié le 10 septembre 2021- et suscite le débat. Et pour les géopolitologues, le Royaume serait le meilleur candidat de représenter l’Afrique, de par ses atouts et par son poids sur le continent.

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Une légitimité mise en avant lors de la 12e édition des Atlantic dialogues, qui se sont tenus du 14 au 16 décembre 2023, à Marrakech : Omar Hilale, Représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU, a estimé qu’il est temps que le royaume soit un membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU.

Le diplomate considère que le Maroc, en tant que membre de l’Union africaine, sa vision ambitieuse pour le continent atlantique pourrait aspirer à un siège permanent au Conseil de sécurité. Il fait référence notamment à la stabilité politique, la légitimité historique, l’engagement envers la paix, et la contribution significative aux opérations de maintien de la paix dans lesquels le royaume est engagé depuis plusieurs années.

Il a mis en avant l’importance d’une diplomatie constructive et de compromis dans un monde en crise. Il a appelé de ses vœux une réflexion approfondie sur les critères d’admission au Conseil de sécurité. L’action du Maroc en tant qu’acteur de paix et de solidarité, constitue, selon lui, une feuille de route pour repenser et renforcer les fondements de la gouvernance mondiale pour faire face aux défis du 21e siècle.

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