Un jeune homme sans emploi © depositphotos
Dans le cadre d’une récente rencontre dédiée à la présentation des résultats de son avis intitulé « Les jeunes NEET : Quelles perspectives d’inclusion socio-économique ? », le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a souligné l’importance d’une approche intégrée pour améliorer les conditions des jeunes NEET (Not in Education, Employment, or Training), c’est-à-dire ceux qui ne sont ni en éducation, ni en emploi, ni en formation. Cet avis met en lumière la situation critique de cette catégorie de jeunes, marginalisés du système d’éducation/formation et du marché du travail, représentant un million et demi de personnes, soit un jeune marocain sur quatre.
🚨 Nouvelle publication du CESE 🚨
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— CESE Maroc (@CESEMaroc) May 8, 2024
L’avis identifie trois points de rupture majeurs dans le parcours de ces jeunes. Le premier survient prématurément, lors du décrochage scolaire entre l’enseignement primaire et secondaire, touchant en moyenne 331.000 élèves chaque année. Cet abandon scolaire est aggravé par l’échec éducatif, les difficultés d’accès aux écoles en milieu rural, un déficit de formation professionnelle, et des barrières socio-économiques telles que le mariage précoce, le travail des enfants, et les contraintes sociales.
Le deuxième point de rupture concerne la transition du système éducatif vers le marché du travail. Enfin, la troisième rupture se produit lors des transitions entre deux emplois, à la suite d’une perte d’emploi ou de la recherche de meilleures opportunités. Les conditions de travail précaires, les rémunérations inadéquates, ainsi que la fragilité du tissu entrepreneurial et les aléas conjoncturels compliquent davantage la situation. L’avis du CESE plaide donc pour une stratégie globale et coordonnée, afin de permettre à ces jeunes d’accéder aux opportunités d’inclusion socio-économique qui leur font défaut.
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Regards sur les NEET Marocains
Les jeunes au Maroc représentent une part essentielle de la population, constituant environ 16% des habitants. D’après les projections du Haut-Commissariat au Plan (HCP), leur nombre devrait croître, passant de 6,1 millions en 2014 à 6,3 millions en 2030. Cependant, malgré ce potentiel démographique, les jeunes Marocains ne semblent pas exploiter toutes les opportunités offertes par le marché du travail.
Le taux d’activité des jeunes âgés entre 15 et 24 ans est de seulement 23,5%, avec une participation encore plus faible chez les femmes (11,4%) et les titulaires d’un diplôme supérieur (19,8%). Cette situation se traduit également par un taux d’emploi bas de 16,2% et un taux de chômage élevé de 31,2%, soit 2,5 fois le taux national.
Une catégorie préoccupante parmi cette jeunesse est celle des NEET. Leur structure démographique est fortement marquée par un taux de féminisation élevé, avoisinant les 72%, ainsi que par une prédominance des jeunes inactifs, qui représentent près de 70%. La majorité de ces jeunes est caractérisée par un faible niveau d’éducation, avec environ 40% n’ayant qu’une éducation de niveau primaire ou inférieure, et seulement 8% disposant d’un diplôme universitaire.
Les disparités entre les sexes et les lieux de résidence sont également frappantes. Le taux de NEET chez les femmes atteint 38,8%, presque trois fois le taux observé chez les hommes (13,6%). Les écarts entre le milieu rural et le milieu urbain ajoutent une dimension supplémentaire aux disparités socio-économiques. Le taux de NEET est de 32% en milieu rural, contre 21,9% en milieu urbain. Chez les femmes vivant en milieu rural, le taux de NEET atteint un taux inquiétant de 61%, tandis qu’il est de 33% pour les femmes en milieu urbain et de 13% chez les hommes, quel que soit leur lieu de vie.
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Les recommandations du CESE
Le CESE recommande une approche intégrée fondée sur cinq axes pour accélérer l’insertion socio-économique des jeunes NEET. Le premier concerne le renforcement des capacités de repérage et de suivi de ces jeunes. Pour ce faire, le CESE recommande la création d’un système d’information exhaustif, rassemblant des données croisées de multiples sources. Ce système offrirait une vision claire du parcours des NEET et permettrait de développer des politiques adaptées pour leur inclusion.
Le deuxième axe vise à prévenir de nouvelles situations de NEET par la garantie d’une scolarisation obligatoire jusqu’à 16 ans. Cette obligation doit s’accompagner de mesures de rétention et de réinsertion impliquant les parents et les acteurs locaux. En milieu rural, le CESE recommande la généralisation des écoles communautaires, un renforcement de leurs équipements et une extension de la couverture du transport scolaire. L’offre publique de formation professionnelle en milieu rural doit également être élargie et adaptée aux besoins locaux.
Le troisième axe prévoit la création d’un écosystème élargi pour accueillir et orienter les NEET vers des options personnalisées répondant à leurs besoins spécifiques. Un réseau dense de points d’accueil, d’écoute et d’orientation doit être déployé à travers les collectivités locales. Une charte unifiée clarifierait les rôles et responsabilités de chaque acteur.
L’amélioration de la qualité des services et programmes d’insertion constitue le quatrième axe. Il s’agit notamment de renforcer l’efficacité des services publics d’insertion dans le marché du travail, tout en fournissant un accompagnement personnalisé. Des partenariats avec le secteur privé et le tiers-secteur doivent être mis en place pour améliorer l’employabilité des jeunes, leur réintégration dans les systèmes d’éducation ou de formation, ainsi que l’accès à des stages ou à des emplois. Ils devraient aussi bénéficier d’un soutien dans leurs démarches entrepreneuriales.
Enfin, le cinquième et dernier axe souligne l’importance d’un cadre de gouvernance cohérent et complémentaire, assurant une coordination optimale entre les différents programmes et parties prenantes. Cela permettra de maximiser l’efficacité et l’impact des efforts déployés en faveur de l’inclusion socio-économique des jeunes NEET. En combinant ces cinq axes, le CESE aspire à créer une stratégie globale qui réponde aux besoins spécifiques de cette catégorie marginalisée et leur donne une chance réelle de s’intégrer au tissu socio-économique du pays.
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