La volonté de l’Ukraine d’adhérer à l’OTAN reste une menace pour la Russie, affirme le Kremlin
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, et le secrétaire général de l’Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), Jens Stoltenberg, au quartier général de l’Alliance, à Bruxelles, le 16 décembre 2021. © Service de presse de la présidence ukrainienne
Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a déclaré ce matin que l’hypothèse d’une adhésion de l’Ukraine à l’alliance militaire atlantique, l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), représentait la «principale menace» pesant contre la Russie.
Cette volonté persistante de l’Ukraine d’adhérer à l’OTAN à l’Est illustre «la pertinence et la nécessité urgente de préserver [la] sécurité et [les] intérêts nationaux» russes et souligne, selon le Kremlin, la nécessité de poursuivre l’«opération militaire spéciale» dans ce pays.
Le rapprochement entre l’Ukraine et l’OTAN s’est opéré juste après la dissolution de l’URSS et l’indépendance du pays. L’intégration de l’Ukraine à l’alliance a, en effet, été évoquée lors du sommet de Bucarest en 2008. «Aujourd’hui, nous avons décidé que ces pays [ndlr, l’Ukraine et la Géorgie] deviendraient membres de l’OTAN», peut-on lire dans la déclaration officielle de l’organisation. Mais, les conditions ne sont pas réunies du point de vue de l’alliance pour une telle adhésion. Pour obtenir le plan d’action pour l’adhésion (MAP), il est exigé des pays candidats de régler «leurs différends internationaux par des moyens pacifiques […] conformément aux principes de l’OSCE et qu’ils recherchent des relations de bon voisinage».
Ainsi, l’annexion jugée illégale de la Crimée par la Russie en 2014, la persistance du conflit dans le Donbass et la guerre déclenchée par le gouvernement de Vladimir Poutine en février 2022 obèrent toute possibilité pour Kiev de rejoindre l’OTAN.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky affirmait, en mars dernier, ne pas vouloir être le président d’un «pays qui implore à genoux» et ne plus vouloir insister pour obtenir l’adhésion à l’OTAN, une des raisons qui ont officiellement motivé l’invasion russe de son pays. «S’agissant de l’OTAN, j’ai tempéré ma position sur cette question il y a déjà un certain temps, lorsque nous avons compris» que «l’OTAN n’était pas prête à accepter l’Ukraine», a-t-il déclaré dans une interview diffusée lundi 7 mars. «L’Alliance a peur de tout ce qui est controversé, et d’une confrontation avec la Russie», a-t-il déploré.
Toutefois, l’ambassadeur de Kiev en Allemagne, Andrij Melnyk, a confirmé en mai aux journaux du groupe Funke, partenaire du média Ouest-France, que son pays voulait rejoindre prochainement l’organisation militaire occidentale. «Si l’Ukraine faisait partie de l’alliance, le risque d’une guerre nucléaire diminuerait», avait-il déclaré.
Pour le diplomate ukrainien, cette adhésion peut se produire aussi rapidement que dans le cas de la Suède ou de la Finlande?. Les deux pays nordiques ont entamé, le 18 mai dernier, le processus officiel pour entrer dans la coalition militaire. «Il ne faudrait qu’une décision purement politique pour intégrer rapidement l’Ukraine dans l’Alliance. L’Ukraine a aujourd’hui de bien meilleures chances d’adhérer à l’OTAN qu’avant la guerre»?, a jugé le diplomate.
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«Vladimir Poutine saurait ainsi que si l’Ukraine était attaquée avec des armes nucléaires, il devrait compter avec une riposte nucléaire. Et cela l’arrêterait.»?, estime l’ambassadeur de Kiev. Et l’utilisation des armes de destruction massive par la Russie devient une crainte réelle, a prévenu ce mardi l’ancienne secrétaire générale adjointe de l’OTAN (2016-2019), Rose Gottemoeller.
Elle a confié au média The Express craindre que les Russes «ne ripostent d’une manière qui pourrait même impliquer des armes de destruction massive»?? alors que «l’élan est clairement du côté ukrainien en ce moment». Selon l’ancienne numéro 2 de l’alliance et spécialiste de la Russie, le Kremlin pourrait «réagir de manière imprévisible» aux revers subis par son armée lors de la riposte menée par Kiev ces derniers jours dans la région de Kharkiv.
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«Il [ndlr, le président russe Vladimir Poutine] pourrait lancer une frappe nucléaire de démonstration : soit une frappe unique au-dessus de la mer Noire, soit une frappe sur une installation militaire ukrainienne afin de semer la terreur non seulement dans le cœur des Ukrainiens, mais aussi dans celui des partenaires et alliés de l’Ukraine», a-t-elle précisé.
Ainsi, et pour définir les grandes lignes de son architecture de sécurité, le gouvernement ukrainien a fait appel au Danois Anders Fogh Rasmussen, 12? secrétaire général de l’OTAN (2009-2014). Le sujet est particulièrement délicat dans la mesure où l’Ukraine n’est pas, et ne sera peut-être jamais, membre de l’alliance. Elle ne peut donc pas bénéficier de sa clause d’assistance mutuelle, l’article 5. «L’objectif est d’assurer que l’Ukraine ne soit plus jamais envahie», a néanmoins assuré l’ancien secrétaire général, en présentant, ce mardi 13 septembre, des pistes censées répondre aux inquiétudes de Kiev. Dans son préambule, le document préparé par un groupe d’experts coprésidé par Rasmussen et par Andriy Yermak, le chef de l’administration présidentielle ukrainienne, et remis en main propre à Volodymyr Zelensky, avance que la stabilité de la zone euro atlantique dépend de la sécurité de l’Ukraine. Pour les rédacteurs du document, l’adhésion à l’OTAN et à l’Union européenne renforcera considérablement la sécurité de l’Ukraine à long terme. Cependant, l’Ukraine a besoin de garanties de sécurité maintenant.
L’ancien patron de l’OTAN a expliqué qu’«en ce moment, l’Ukraine démontre sur le front que, avec les ressources suffisantes, elle peut vaincre la Russie sur le champ de bataille, souligne l’ancien leader de l’Alliance atlantique. Les Ukrainiens montrent leur envie de se battre, le monde démocratique doit leur donner les moyens de le faire. Une fois que cette guerre sera terminée, nous devons nous assurer que la Russie ne soit plus jamais en mesure de lancer une invasion».
La question des garanties de sécurité apportées à l’Ukraine, en cas de cessation des hostilités avec la Russie, peut sembler prématurée, en raison de l’intensité des combats toujours en cours. Toutefois, après de discrètes consultations, le projet de pacte de sécurité propose d’ores et déjà de former un groupe de «garants» internationaux composé notamment des États-Unis, de la France, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, de la Pologne, de la Turquie, ainsi que des États baltes, scandinaves et d’Europe centrale volontaires.
Leur engagement doit avoir pour objectif de renforcer l’armée ukrainienne afin que le pays soit capable d’assurer son «autodéfense». À terme, l’idée serait de dissuader toute nouvelle attaque de la part de la Russie, mais aussi, dans le cas contraire, d’y répondre le plus vite possible. «À moins que l’Ukraine ne dispose de garanties de sécurité uniques et efficaces, intégrées dans un éventuel processus de paix, il n’y a aucune raison de croire que cela ne se reproduira pas [ndlr, une invasion de la Russie]», est-il précisé.
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