Accueil / Monde

La Syrie après la chute de Bachar el-Assad : une ère d’incertitudes et de tensions

Temps de lecture

Les images du président déchu, Bachar El Assad, détruites à Damas. DR

La chute historique de Bachar el-Assad, provoquée par une offensive rebelle menée par Abou Mohammed al-Joulani, ouvre un nouveau chapitre incertain pour la Syrie. Entre ambitions politiques, rivalités géopolitiques et défis humanitaires, le pays se retrouve à un carrefour décisif.

Le régime de Bachar el-Assad, au pouvoir depuis plus de deux décennies, a été renversé dans la nuit du 8 décembre 2024, à la suite d’une offensive éclair des forces rebelles. Damas, autrefois le bastion du pouvoir syrien, est tombée sous le contrôle des insurgés dirigés par Abou Mohammed al-Joulani, le chef de Hayat Tahrir al-Sham (HTS). Cet ancien affilié d’al-Qaïda tente désormais de se présenter comme un acteur politique légitime dans une Syrie profondément divisée et meurtrie par plus de douze années de guerre. Alors que Bachar el-Assad et sa famille ont fui vers Moscou (fait que le Kremlin refuse de confirmer), de nombreuses questions émergent sur l’avenir politique, économique et social du pays.

Abou Mohammed al-Joulani : un ancien d’al-Qaeda à la tête de la rébellion

La figure clé de cette transition est Abou Mohammed al-Joulani, de son vrai nom, Ahmed Hussein al-Chara. Ce leader controversé, connu pour ses liens passés avec al-Qaeda, dirige le groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), qui a pris les rênes de la rébellion syrienne. S’efforçant de donner une image plus modérée, en discutant de la transition du pays avec le premier ministre en place, par exemple al-Joulani a aussi abandonné son nom de guerre, tentant de rompre avec son passé djihadiste. Malgré ses promesses de pluralisme et de tolérance, les critiques rappellent ses alliances stratégiques fluctuantes et ses actes violents pour consolider son pouvoir. Son groupe, HTS, est encore largement perçu comme une organisation extrémiste, et son accession au pouvoir suscite des craintes parmi les minorités syriennes et les opposants démocrates.
Sous sa direction, l’offensive contre le régime d’Assad a coûté la vie à 910 personnes, dont 138 civils, selon un premier bilan. Si la victoire des rebelles est saluée par certains comme un triomphe contre la dictature, elle marque également le début d’une nouvelle période d’incertitude et de défis pour la Syrie.

 

Lire aussi : Syrie : les statues des Assad renversées dans un élan populaire historique

 

Une transition politique sous haute tension

Avec la fuite de Bachar el-Assad et la prise de contrôle de Damas par les insurgés, la Syrie entre dans une phase critique de son histoire. La question de la gouvernance du pays reste entière, alors que la Syrie demeure fragmentée entre différentes factions armées.
Les puissances régionales et internationales, qui ont joué un rôle de première importance dans le conflit syrien, réagissent à ce bouleversement. L’Iran, allié de longue date de Bachar el-Assad, cherche à maintenir son influence sur le terrain. Selon un responsable iranien, Téhéran a déjà établi une ligne de communication avec les rebelles afin d’éviter des hostilités directes et préserver ses intérêts stratégiques. La chute de Damas pourrait affaiblir le Hezbollah libanais, un autre pilier du soutien à Assad, en coupant ses voies d’approvisionnement terrestre.
D’autres puissances, comme la Turquie ou les États-Unis surveillent également la situation de près, chacune poursuivant ses propres intérêts. Pour la Turquie, la question des réfugiés syriens et des zones kurdes reste une priorité.
Ces rivalités géopolitiques compliquent davantage la transition en Syrie et menacent de prolonger les tensions.

 

Lire aussi : Syrie : l’étau rebelle se resserre sur Damas

 

Un impact humanitaire et économique considérable

La chute du régime Assad a plongé la population syrienne dans un mélange d’espoir et de chaos. À Damas, si l’on a pu voir des scènes de familles dispersées qui se retrouvent, il y a surtout eu des incidents devant la Banque centrale et d’autres institutions publiques, ou la panique des citoyens est palpable, alimentée par des rumeurs sur l’insécurité des dépôts bancaires. Face à cette situation, la Banque centrale a publié un communiqué pour rassurer les citoyens, affirmant que les fonds étaient « en sécurité » et que les banques poursuivraient leurs activités.
Sur le plan international, la situation des réfugiés syriens connaît également un revirement. En Europe, des pays comme l’Autriche et l’Allemagne ont annoncé la suspension des demandes d’asile des Syriens, tout en préparant un plan d’expulsion en parallèle. Cette décision, prise au lendemain de la chute du régime, pourrait affecter des dizaines de milliers de réfugiés vivant actuellement sur le continent.
Pour les populations encore sur place, les défis sont immenses. La Syrie, pays multiethnique et multiconfessionnel, a été profondément divisée par des années de guerre. Beaucoup craignent une marginalisation accrue des minorités religieuses et ethniques sous le nouveau régime rebelle, en particulier face à la montée des extrémistes islamistes sunnites.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Liban : Amnesty International appelle à une enquête sur les bombardements d’Al-Qard Al-Hassan

Monde - Amnesty International a demandé ce mardi l'ouverture d'une enquête concernant les frappes israéliennes visant des locaux de l'organisme de microcrédits Al-Qard Al-Hassan, lié au Hezbollah, qualifiant ces attaques de potentiels « crimes de guerre ».

Farah Nadifi - 22 octobre 2024

Justice pour l’Afrique : l’ONU à la rescousse

Afrique, Diplomatie, Monde -António Guterres, a déclaré que les conditions sont réunies pour que la communauté internationale rende justice à l’Afrique.

Ilyasse Rhamir - 22 octobre 2024

Quarte jours pour mieux travailler !

Monde - Au cours d’une étude de six mois en Allemagne, la semaine de travail à quatre jours pourrait réduire le stress des employés.

Ilyasse Rhamir - 22 octobre 2024

Le FMI et la Banque mondiale lancent leurs assemblées annuelles à Washington

Monde - Les Assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et du Groupe de la Banque mondiale ont débuté ce lundi à Washington, rassemblant des leaders économiques et financiers des secteurs public et privé, ainsi que des représentants de la société civile et du milieu universitaire.

Farah Nadifi - 21 octobre 2024

Liban : six morts dans une frappe israélienne à Baalbek

Monde - Une récente frappe israélienne sur la ville de Baalbek, située dans l'est du Liban, a causé la mort de six personnes, dont un enfant.

Farah Nadifi - 21 octobre 2024

Turquie : décès aux États-Unis de Fethullah Gülen, prédicateur en exil

Monde - Le 21 octobre 2024, la Turquie a officiellement annoncé la mort de Fethullah Gülen, le prédicateur turc en exil aux États-Unis et ancien allié du président Recep Tayyip Erdogan.

Farah Nadifi - 21 octobre 2024
Voir plus

Inauguration de la plus longue passerelle suspendue au monde

Monde - Le "Sky Bridge 721" a été inauguré récemment à Dolni Morava, en République tchèque, près de la frontière polonaise. Longue de 721m, elle est la plus grande passerelle suspendue au monde.

Atika Ratim - 31 mai 2022

PNUD : le Maroc a réussi à réduire la pauvreté de moitié en 15 ans

Monde, Société - Selon un nouveau rapport du PNUD, le Royaume figure parmi les 25 pays qui ont réduit la pauvreté de moitié en 15 ans.

Manal Ben El Hantati - 13 juillet 2023

États-Unis : un «Super Tuesday» sans surprise pour une élection toujours sous tension

Monde - Trump comme Biden sont sortis vainqueurs de ces primaires, connues sous "Super Tuesday", aux allures de promenade de santé.

Rédaction LeBrief - 7 mars 2024

La France connaît une des plus faibles récoltes de blé depuis 40 ans

Monde - La récolte de blé en France pour cette année est sur le point de devenir l’une des plus faibles des quarante dernières années.

Rédaction LeBrief - 9 août 2024

Tebboune critique Sansal et la France

Monde - Tebboune a critiqué l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, arrêté à Alger, le qualifiant d’« imposteur » envoyé par la France.

Rédaction LeBrief - 30 décembre 2024

France : l’espérance de vie en bonne santé progresse

Monde En 2023, l'espérance de vie sans incapacité à 65 ans est de 12 ans pour les femmes, et de 10,5 ans pour les hommes.

Mouna Aghlal - 31 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire