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La guerre entre Hamas et Israël atteint son «point Godwin»

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Au 13ᵉ jour du conflit, nous sommes au point de non-retour. D’un côté comme de l’autre. La guerre que beaucoup voient désormais comme un conflit régional fera couler encore du sang. Quelle lecture pouvons-nous faire de l’escalade possible avec les informations dont nous disposons ? Éléments de réponse.

L’opération «Épées de fer» a promis de venir à bout du Hamas qui a décidé le 7 octobre de mener une attaque sans précédent contre Israël. 1.400 Israéliens en sont morts.

À Gaza, nous assistons, à mesure que le temps passe, à un nombre de morts plus conséquent. À date, la riposte israélienne a fait 3.478 morts et plus de 12.065 blessés. Parmi eux, majoritairement (70%) figurent des enfants, des femmes et des personnes âgées qui, pour le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, sont complices du mouvement.

Les membres du Hamas ayant participé à l’attaque du 7 octobre que les forces de défense d’Israël ont visé sont, eux, selon Tsahal, au nombre de «dix et plus».

Humanité

La «défense légitime» est devenue aujourd’hui une riposte aveugle. À tel point qu’elle atteint même les zones protégées par le droit international. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recense 18 établissements de santé bombardés dont quatre ont cessé de fonctionner. Au moins 15 établissements d’enseignement ont été touchés, dont cinq écoles de l’UNRWA endommagées. Plus de onze mosquées ont été visées et détruites, et sept églises et mosquées ont été endommagées…

S’il a appelé, vendredi dernier, à évacuer le Nord de Gaza sous les 24 heures, l’État hébreu prépare désormais son intervention terrestre. «Tous les préparatifs sont terminés», a annoncé dans la soirée une chaîne de télévision israélienne.

L’aide humanitaire a, elle aussi, été autorisée par le gouvernement Netanyahu. Car la destruction de l’hôpital Al-Ahli Arabi a rendu encore plus nécessaire l’assistance humanitaire.

Lire aussi : Gaza aura mis à nu l’essence de l’Homme et l’«intégrité» journalistique

Le président Biden a déclaré hier qu’un premier groupe de 20 camions pourrait entrer à Gaza depuis l’Égypte aujourd’hui, après que les nids-de-poule sur les routes d’accès auront été réparés. Cette aide ne pourra vraisemblablement pas arriver avant vendredi.

L’armée israélienne aurait, par ailleurs, exhorté les Palestiniens à se déplacer vers al-Mawasi, une zone côtière proche de Rafah. Là-bas, ont déclaré les Israéliens, «une aide humanitaire internationale sera fournie». Seuls la nourriture, l’eau et les médicaments seront autorisés. Mais à l’heure où l’électricité est intermittente, en raison du blocus israélien, l’ONU affirme que le carburant est également désespérément nécessaire.

Le leader du monde libre, s’est pourtant interposé, mercredi, à une seconde résolution du Conseil de sécurité qui appelait à une «pause humanitaire» entre le Hamas et l’État hébreu. Washington a fustigé un texte qui ne mentionnait pas le «droit d’Israël à se défendre».

«Time is up»

Le Cabinet israélien de guerre, officiellement gouvernement d’urgence et d’unité, formé le 11 octobre 2023, aurait clairement fait savoir au président Biden qu’une intervention terrestre à Gaza était inévitable. Cette action entrainerait de fait l’Iran dans cette guerre, prévenait le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian.

David Petraeus, ancien directeur de la CIA et l’un des principaux généraux américains en Irak et en Afghanistan, a prévenu que la poursuite de la campagne de bombardement de Tsahal par une invasion terrestre «pourrait devenir Mogadiscio sous stéroïdes très rapidement» : des combats urbains visqueux impliquant des kamikazes, de nombreuses embuscades et des fils-pièges ici et là.

L’incident de 1993 au cours duquel trois hélicoptères américains Black Hawk ont été abattus dans la capitale somalienne avait provoqué des combats urbains sanglants alors que les forces américaines luttaient pour secourir les survivants de l’accident.

«Je pense que nous sommes peut-être au bord d’une guerre majeure au Proche-Orient. Qui est prêt à une escalade après l’opération terrestre israélienne à Gaza ? Cela pourrait être l’Iran, le Hezbollah, les Houthis yéménites. Nous sommes à une étape très dangereuse dans l’histoire moderne de la région du Proche-Orient», a déclaré, pour sa part, Sara Bazoobandi, chercheuse à l’Institut allemand d’études mondiales et régionales.

Lire aussi : Dans la poudrière du monde : Gaza, le Hamas et Israël

«La situation évolue de manière dynamique et peut conduire à des hostilités à grande échelle, définissant clairement les forces de l’ennemi : ce qu’on appelle «l’axe de la résistance» selon l’Iran et ses alliés, ou «l’axe du mal» selon les États-Unis et leurs alliés. Il s’agit de l’Iran, de la Syrie, en partie de l’Irak, du Hezbollah, d’Ansar Allah d’une part, et de leurs opposants – les États-Unis, Israël et la Grande-Bretagne», a précisé Semen Bagdasarov, directeur du Centre d’études sur le Moyen-Orient et l’Asie centrale.

Vers la résurgence du conflit israélo-arabe ?

En plus du front de Gaza, établi contre le Hamas, un deuxième front semble s’ouvrir dans le nord d’Israël, où le Hezbollah se montre de plus en plus actif. Sur le terrain, la situation dans la zone frontalière entre le Liban et l’État hébreu «devient de plus en plus sensible», résume le journaliste Amos Harel dans les colonnes du quotidien israélien Ha’Aretz.

Les brigades irakiennes du Hezbollah ont officiellement annoncé leur participation à l’opération «Déluge d’Al-Aqsa». Leur représentant militaire, Jafar Al Husseini, a déclaré que «les Américains sont des complices clés de la mort des habitants de la bande de Gaza et qu’ils doivent donc assumer la responsabilité des conséquences». Il a souligné que les brigades irakiennes du Hezbollah ont commencé le combat avec des attaques contre des bases américaines.

Lire aussi : Les «descendants d’Abraham» condamnés à l’enfer sur Terre

Selon Bagdasarov, après le début de l’opération terrestre, le Hezbollah, Ansar Allah (Yémen) et les formations chiites de Syrie et d’Irak, avec le soutien indirect de l’Iran, interviendront dans le conflit. Des hostilités à grande échelle commenceront dès lors aux frontières avec le Liban et la Syrie). Ansar Allah lancerait des attaques de missiles et de drones sur des cibles stratégiques israéliennes, le tout accompagné d’actions actives du Hamas.

Une situation qui ne manquera pas de faire réagir les États-Unis et la Grande-Bretagne. Ceux-ci utiliseront leurs groupes en Méditerranée et commenceront à frapper activement la Syrie, le Liban et l’Irak.

Les enjeux géopolitiques sont ce qu’ils sont. Les prochains jours nous éclaireront davantage sur la nature de la guerre à venir. Entre-temps, la diplomatie continue de s’activer pour empêcher toute escalade. Mais le bruit des bottes résonne déjà.

Si les autodafés par dizaine du Coran ont représenté aux yeux du monde occidental la juste expression d’opinions, les manifestations de soutien au peuple palestinien sont, en certains lieux, considérées comme «apologie au terrorisme». Car, et je me répète, dans ce conflit entre le Hamas, qui gouverne certes la bande de Gaza, et Israël, nous avons oublié les Palestiniens !

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