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La guerre à Gaza, priorité du Forum de coopération russo-arabe

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Photo de famille des Chefs des délégations participant à la 6ème session du Forum de Coopération Arabo-Russe, dont les travaux se sont ouverts ce mercredi 20 décembre 2023 à Marrakech. © Ministère des Affaires étrangères via Twitter

Les ministres des Affaires étrangères des pays arabes se sont réunis aujourd’hui à Marrakech pour la 6ᵉ édition du Forum de coopération Russie – Monde arabe, initié par Moscou il y a 14 ans. Au menu : des questions diverses ayant trait au développement et à la coopération avec un focus particulier sur la paix et la sécurité internationales. Car la guerre à Gaza est, selon Sergueï Lavrov, annonciatrice d’un «tournant» qui se dessine entre la minorité occidentale et la majorité mondiale.

 

Les travaux de la 6ᵉ édition du Forum de coopération Russie – Monde arabe se sont tenus ce mercredi à Marrakech, après plusieurs reports pour cause de risques épidémiologiques liés à la Covid-19. Axée sur le thème central «pari du renforcement de la place de la Russie dans la région arabe et en Afrique», cette session revêt d’un intérêt stratégique au moment même où le monde connait des transformations majeures.

La présence du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, traduit en ce sens le désir de Moscou de consolider sa position dans la région, tout en portant un intérêt particulier pour le continent africain. Avec ses homologues – le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Houssam Zaki, et les délégations ministérielles des États arabes participants -, le diplomate a abordé diverses questions d’importance, dont la sécurité ainsi que des sujets liés au développement et à la coopération, sans oublier la guerre dans la bande de Gaza et les moyens d’y mettre fin le plus rapidement possible.

Il est par ailleurs de noter l’absence de l’Algérie, principal allié de la Russie dans le monde arabe et son premier client, notamment en matière d’armement. Alger a sans aucune raison «officielle», a annulé la participation de son ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, au Forum russo-arabe.

«Au nom de la délégation russe, je voudrais exprimer des mots de gratitude à Sa Majesté le Roi du Maroc, ainsi qu’à l’hôte de l’événement d’aujourd’hui, mon bon ami, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, pour l’hospitalité et l’excellente organisation du forum russo-arabe à un si haut niveau», a déclaré Lavrov.

L’importance de ce Forum s’est renforcée au cours des dernières années en tant que plateforme d’échange des points de vue et de coordination des positions au sujet des différentes questions sur les plans régional et international, en prenant en considération les intérêts et les priorités liant les parties arabe et russe dans les domaines politique, économique et commercial.

Sur la base des résultats des négociations, la déclaration finale, ainsi que le prochain plan d’action pour la mise en œuvre des principes, buts et objectifs du Forum pour les trois prochaines années, devront prochainement être approuvés.

La guerre à Gaza, en particulier

Selon le mémorandum signé au Caire, les principaux objectifs du forum, créé en 2009, sont, entre autres, de soutenir les efforts visant à établir et à renforcer la paix et la sécurité internationales. Et cette réunion se déroule «dans un contexte de détérioration sans précédent de la situation au Proche-Orient et de turbulences persistantes dans le monde», a noté Sergueï Lavrov dans son allocution.

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«La nature complexe et intégrée des défis et menaces émergents rend de plus en plus demandée une approche collective pour résoudre les problèmes afin de renforcer la paix et la sécurité dans la région et assurer son développement durable, alors même qu’elle possède le potentiel économique et culturel le plus riche», a poursuivi le diplomate russe.

Selon lui, la tâche principale consiste à mettre un terme à l’effusion de sang et à créer les conditions nécessaires pour fournir l’aide humanitaire nécessaire à tous ceux qui en ont besoin. Et de déplorer que les nombreuses tentatives pour obtenir l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution exigeant un cessez-le-feu durable se heurtent à une opposition farouche de la part des États-Unis, qui adoptent une position unilatérale et tentent d’usurper tous les processus et initiatives.

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Sergueï Lavrov trouve évident que les flambées de violence se poursuivent jusqu’à ce que l’injustice à long terme qui sous-tend le conflit soit éliminée et que le peuple palestinien exerce son droit, comme le prévoient les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et de l’Assemblée générale, de créer son propre État indépendant dans les frontières de 1967, avec sa capitale à Al Qods-Est. «Seule une approche aussi équilibrée, fondée sur le droit international, peut conduire à une paix durable», a-t-il noté.

Une position de principe s’alignant à celle des pays arabes, qui ont confirmé leur engagement à résoudre la crise sur la base d’un cadre juridique international généralement reconnu lors du sommet de la Ligue des États arabes et de l’Organisation de la coopération islamique à Riyad le 11 novembre dernier. «L’une des tâches clés et les plus urgentes est la restauration de l’unité palestinienne», a plaidé le ministre russe.

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La cause palestinienne, une priorité pour le Royaume

Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, qui préside la rencontre, a réitéré le soutien indéfectible du Maroc aux droits légitimes du peuple palestinien et sa position constante en faveur de l’Autorité nationale palestinienne en tant que seul représentant légitime des Palestiniens. La veille, lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue palestinien Riyad Al Maliki, Nasser Bourita a saisi l’occasion pour évoquer la situation à Gaza et l’évolution plus large de la question palestinienne.

La guerre à Gaza surplombe les travaux du Forum de coopération russo-arabe

Point de presse conjoint entre le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et son homologue palestinien, Riad Malki. © Ministère des Affaires étrangères via Twitter

En rappelant les positions du Maroc sur la situation à Gaza, le diplomate a souligné la responsabilité évidente de la communauté internationale. Il a dénoncé son incapacité à mettre un terme à l’agression israélienne contre la bande de Gaza, qualifiant une telle inertie d’inacceptable et d’inexplicable. Exprimant le rejet du Maroc de prendre pour cible les civils palestiniens, il a appelé à un cessez-le-feu soutenu et contrôlé, associé à l’acheminement continu et abondant d’une aide humanitaire à la population palestinienne.

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Le ministre a souligné que l’impasse politique actuelle ne pouvait qu’engendrer des crises, plaidant pour un passage «de la logique de la gestion des crises à celle d’un règlement final de la question palestinienne conformément à la légalité internationale et à l’Initiative de paix arabe». «Aujourd’hui, la conscience humaine et tous les mécanismes du droit international, ainsi que les institutions internationales compétentes, portent la responsabilité de cette situation», a-t-il déploré, expliquant que la gestion de la crise nécessitait de s’écarter des approches conventionnelles.

À cet égard, le diplomate a en outre souligné l’impératif d’une véritable pause pour «établir une paix durable qui sauvegarde les droits légitimes du peuple palestinien, ainsi que la sécurité et la sûreté de toutes les nations, y compris Israël».

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Outre son homologue palestinien, le ministre marocain a tenu plusieurs réunions bilatérales avec ses homologues des pays du Golfe, dont celui du Bahreïn, Abdellatif Ben Rachid Al-Zayani, du Yémen, Ahmed Awad Ben Mubarak et du Soudan, Ali Al-Saddiq Ali, abordant plusieurs points clés des relations entre les parties et soulignant l’importance de développer les coopérations et les partenariats.

Les pays se sont, par ailleurs, saisi de l’occasion pour réitérer leur reconnaissance de l’unité territoriale du Maroc et de la marocanité du Sahara.

La sécurité régionale, en général

Le représentant de Moscou a, par ailleurs, félicité la tendance croissante à accroître le rôle des pays du Proche-Orient dans les efforts visant à résoudre les problèmes de leur région. Une approche qui a déjà permis de parvenir à un accord sur le rétablissement des relations entre l’Iran et l’Arabie saoudite et d’accélérer le processus de normalisation globale entre la Syrie et ses voisins arabes en réintégrant la Syrie dans la Ligue des États arabes.

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«Cette dynamique positive a besoin d’être soutenue», a-t-il affirmé. Et d’appuyer : «Surtout maintenant, alors qu’il est devenu évident que certaines forces extérieures ne sont pas opposées à l’idée d’utiliser la prochaine escalade du conflit israélo-palestinien dans leurs propres intérêts. […] Leur résultat est une atteinte à l’État, des centaines de milliers de victimes, d’énormes flux de réfugiés et une forte aggravation des problèmes socio-économiques. L’objectif est clair : affaiblir les pays poursuivant une politique étrangère indépendante».

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Faisant le parallèle avec la situation en Ukraine, le diplomate russe interpelle sur le «tournant» qui se dessine entre la minorité occidentale et la majorité mondiale. Une situation qui, selon lui, indique que le monde se trouve à une croisée des chemins fatidique. En substance, la question est en train d’être résolue : sera-t-il possible de former un ordre mondial véritablement juste et démocratique, fondé sur le rôle central de l’ONU, sur le principe constitutionnel de l’égalité souveraine des États et sur un équilibre vérifié des intérêts des États ? Ou les États-Unis et un groupe d’anciennes métropoles coloniales continueront-ils à imposer leurs «règles», leur programme égoïste ?

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