Jubilé d’argent : il était une fois, la dynastie alaouite
Les Alaouites tirent leur nom de leur ancêtre Ali, le gendre du Prophète Mohammed, ce qui confère à la famille royale une légitimité religieuse. Originaires du Tafilalet, dans le sud-est du pays, les Alaouites ont progressivement étendu leur influence grâce à leur rôle de « chérifs » (descendants du Prophète) et à leur capacité à rassembler les tribus locales autour d’eux.
Le fondateur de la dynastie, Moulay Ali Cherif, a commencé à consolider son pouvoir au début du XVIIe siècle. Cependant, c’est sous le règne de son fils, Moulay Rachid, que la dynastie a véritablement pris son essor. En 1666, Moulay Rachid a réussi à unifier le Maroc, mettant fin à des décennies de fragmentation et de conflits internes. Son successeur, Moulay Ismaïl, a poursuivi cette œuvre de consolidation en renforçant l’autorité centrale et en établissant une armée puissante, composée notamment d’esclaves-soldats connus sous le nom de Guich.
Stabilité et défis au XVIIIe et XIXe siècles
Au XVIIIe siècle, le Maroc alaouite a connu une relative stabilité, bien que ponctuée par des rébellions tribales et des tentatives d’invasions étrangères. Les sultans alaouites ont su naviguer ces défis en maintenant un équilibre délicat entre les différentes factions du pays.
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Le XIXe siècle a été marqué par des pressions croissantes de la part des puissances coloniales européennes, notamment la France et l’Espagne. Le Sultan Moulay Hassan Ier a entrepris des réformes pour moderniser l’administration et l’armée, mais ces efforts ont été freinés par des ressources limitées et une résistance interne.
Une lutte pour l’indépendance
Au début du XXe siècle, le Maroc a connu une période sombre, passant sous protectorat français et espagnol, réduisant considérablement le pouvoir des sultans alaouites. Cependant, la dynastie est restée un symbole de l’identité nationale et a joué un rôle central dans la lutte pour l’indépendance.
Le sultan Moulay Youssef, puis son fils le roi Mohammed V, ont œuvré pour préserver l’autonomie marocaine face à l’occupation étrangère. Le roi Mohammed V, en particulier, est devenu une figure emblématique de la résistance marocaine. Son exil en 1953 a déclenché une vague de protestations qui a finalement conduit à son retour triomphal en 1955 et à l’indépendance du Maroc en 1956.
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Après l’indépendance, feu Mohammed V a entrepris de moderniser le Maroc tout en respectant ses traditions culturelles et religieuses. Il a initié des réformes économiques et sociales visant à améliorer les conditions de vie des Marocains et à réduire les inégalités. Sa mort en 1961 a laissé un héritage durable et a ouvert la voie à son fils, le roi Hassan II, pour poursuivre cette vision de modernisation.
Le roi Hassan II et la période des réformes
Le règne de Hassan II, de 1961 à 1999, a été marqué par des défis considérables et des réformes majeures. Confronté à des tensions internes et à des tentatives de coups d’État, feu Hassan II a gouverné d’une main de fer, consolidant l’autorité de la Monarchie. Il a également initié des réformes économiques et sociales visant à moderniser le pays.
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Feu Hassan II a joué un rôle crucial dans la diplomatie régionale et internationale, renforçant les alliances stratégiques du Maroc et jouant un rôle de médiateur dans les conflits régionaux. Il a également lancé de grands projets d’infrastructure et de développement économique et la politique de décentralisation administrative.
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Roi Mohammed VI : l’ère moderne
En 1999, le roi Mohammed VI a succédé à son père et a entrepris un programme ambitieux de réformes visant à moderniser le Maroc tout en respectant ses valeurs traditionnelles. Connu sous le surnom de « Roi des pauvres », le roi Mohammed VI a mis l’accent sur la lutte contre la pauvreté, le développement économique et les droits de l’homme.
Sous son règne, le Maroc a connu une série de réformes constitutionnelles, culminant avec la nouvelle Constitution de 2011, qui a renforcé les pouvoirs du Parlement et du gouvernement tout en maintenant le rôle central de la Monarchie. Le roi Mohammed VI a également promu des initiatives visant à encourager l’investissement étranger, à développer les infrastructures et à moderniser le système éducatif.
La dynastie alaouite, sous le règne du roi Mohammed VI, continue de faire face à des défis importants, comme la question du Sahara, ou encore la gestion de crise face à la Covid-19.
Cependant, le Maroc a également fait des progrès significatifs en matière de développement durable, avec des initiatives ambitieuses dans le domaine des énergies renouvelables, notamment le projet de la centrale solaire Noor à Ouarzazate, l’une des plus grandes au monde. Le pays s’efforce également de renforcer ses institutions démocratiques et de promouvoir une plus grande inclusion sociale.