Le Maroc au cœur de l’Afrique
L’une des priorités majeures du roi Mohammed VI a été de rétablir et de renforcer les relations du Maroc avec le continent africain. En 2017, le Maroc a réintégré l’Union africaine (UA) après une absence de 33 ans. Ce retour symbolise la volonté du Royaume de jouer un rôle central dans le développement du continent. Le Maroc a signé de nombreux accords de coopération économique avec des pays africains, notamment dans les domaines de l’agriculture, de la santé, de l’éducation et des infrastructures. «À l’échelle internationale le Maroc et à travers les initiatives de Sa Majesté en ouvrant l’espace atlantique aux pays du Sahel ainsi que l’inscription des pays Afro -atlantique dans la géosphère de l’atlantique consolide son rôle et son statut en tant que «state power» influent dans les relations sud sud», explique Cherkaoui Roudani, expert en géostratégie et sécurité, à LeBrief.
Les investissements marocains en Afrique se sont intensifiés, avec des entreprises marocaines telles que la Banque Centrale Populaire, Attijariwafa Bank et Maroc Telecom établissant une présence solide dans plusieurs pays africains. Par ailleurs, le Maroc a mis en œuvre des politiques d’immigration accueillantes pour les ressortissants africains, favorisant ainsi l’intégration et la coopération régionale.
Outre ces points, le Maroc opère en tant que garant de la sécurité dans la région, que ce soit d’un point de vue africain, ou européen. Le Maroc joue un rôle clé dans la gestion des flux migratoires vers l’Europe, collaborant étroitement avec les pays européens pour lutter contre l’immigration clandestine et le trafic de migrants. «La région est confrontée à de multiples défis sécuritaires, tels que le trafic de drogues, le terrorisme et diverses activités commerciales illicites. Par ailleurs, les enjeux géopolitiques compliquent la lutte efficace contre ces menaces potentielles. La situation sécuritaire en Afrique subsaharienne et sahélienne continue de se détériorer. La prolifération des attaques de groupes armés et la présence de nombreuses cellules terroristes, conjuguées à des vides géopolitiques, ont exacerbé la situation, d’autant plus que cette région constitue une profondeur stratégique pour le Royaume. Pour y faire face, le Maroc n’a ménagé aucun effort, investissant dans des infrastructures et une formation robustes pour anticiper et neutraliser les menaces», déclare Cherkaoui Roudani.
Les partenariats stratégiques en Europe
Le Maroc a maintenu des relations étroites avec l’Europe, son principal partenaire commercial. Les accords de libre-échange avec l’Union européenne (UE) ont été renforcés, facilitant ainsi les échanges commerciaux et les investissements. Le Maroc a également bénéficié de financements de l’UE pour des projets de développement socio-économique et pour des initiatives de transition énergétique, visant à faire du Royaume un leader dans les énergies renouvelables.
Les relations avec la France et l’Espagne ont été particulièrement significatives, ces deux pays étant des partenaires stratégiques du Maroc. Les échanges commerciaux, la coopération en matière de sécurité et les initiatives conjointes de développement ont renforcé les liens bilatéraux. «Face aux défis géostratégiques actuels, notamment la guerre russo-ukrainienne, le Maroc a su adapter sa politique étrangère de manière brillante et intelligente. Cette adaptation se manifeste par une diversification de ses partenariats économiques et politiques, tout en maintenant des relations solides avec l’UE. Le Maroc continue de jouer un rôle stratégique en tant que bridge state entre l’Europe et l’Afrique, facilitant des échanges économiques et sécuritaires. Outre que cette relation a un cadre institutionnel à travers l’accord d’association signé en 1996 et entré en vigueur en 2000, les relations entre le Maroc et l’UE, en dépit des soubresauts géopolitiques de l’Europe, se sont approfondies. Cet accord développé en statut avancé a jeté les bases de la coopération économique, politique et sociale, et a permis au Maroc de se positionner au niveau bilatéral et multilatéral. La coopération entre le Maroc et l’Espagne, ou encore entre le Maroc et l’Allemagne illustrent ce développement à tous azimuts», explique l’expert en géostratégie.
Les enjeux du Sahara
La question du Sahara reste un enjeu central de la politique étrangère marocaine. Le roi Mohammed VI a poursuivi une stratégie diplomatique visant à obtenir la reconnaissance internationale de la souveraineté marocaine sur cette région. En 2020, cette stratégie a obtenu un soutien de taille lorsque les États-Unis, sous l’administration Trump, ont reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara. Cette reconnaissance a été un tournant décisif, bien que contesté par quelques pays.
Lire aussi : Retour de Donald Trump, good or bad pour le Maroc ?
En 2007, le Maroc a également proposé un plan d’autonomie pour le Sahara, sous souveraineté marocaine, comme solution durable au conflit. Ce plan a reçu le soutien de plusieurs pays, renforçant ainsi la position diplomatique du Maroc sur cette question épineuse. «Le Maroc est pays qui présente des atouts géostratégiques importants pour l’ordre mondial. La vision éclairée et l’ubiquité diplomatique amorcé depuis 25 ans par Sa Majesté a permis au Maroc de consolider ses acquis stratégiques dans un environnement mondial turbulent. À cet effet, la question de l’intégrité territoriale a connu une dynamique et un soutien irrévocable par la communauté internationale. La reconnaissance américaine de l’intégrité territoriale ainsi que plusieurs puissances à l’échelle internationale va au diapason avec l’ouverture de plusieurs consulats généraux dans les provinces du sud par de plus de 30 pays à l’échelle mondiale. Dans ce sens, le Maroc continuera dans sa politique internationale favorisant le nexus développement, paix et sécurité», détaille Roudani.
Les accords d’Abraham
Le Maroc a joué un rôle actif dans les affaires du Proche-Orient, favorisant la paix et la stabilité dans la région. En décembre 2020, le Maroc a rétabli ses relations avec Israël dans le cadre des accords d’Abraham, parrainés par les États-Unis. Cette décision a été saluée par certains comme une avancée vers la paix au Proche-Orient, mais a également suscité des critiques de la part de ceux qui soutiennent la cause palestinienne.
La normalisation des relations avec Israël a permis de renforcer les échanges économiques et culturels, tout en positionnant le Maroc comme un médiateur potentiel dans les conflits régionaux. Le Maroc continue de soutenir une solution à deux États pour le conflit israélo-palestinien et a appelé à des négociations directes entre les parties concernées. «Le Maroc assume son statut en tant que havre de paix et de sécurité à l’échelle internationale. Ce statut est décliné à travers plusieurs positions et initiatives à l’échelle de l’ONU. De fait, le Maroc promeut une vision et une stratégie pour la paix au Proche-Orient. Sa Majesté en tant que Commandant des Croyants et président du Comité d’Alqods ne ménage aucun effort pour préserver l’intégrité culturelle, historique et religieuse de la ville sainte, outre le rôle prépondérant dans la cause palestinienne. Sur le plan géopolitique, le Maroc ne cesse d’appeler pour le respect des déclarations et les engagements des pays de la COP21 et de la COP22 sur les questions du réchauffement climatique. Sur la question libyenne, le Maroc défend l’intégrité territoriale de la Libye et sa souveraineté ainsi que la stabilité du pays. Ainsi, le Maroc continue d’œuvrer en collaboration avec l’envoyé spécial chargé du dossier libyen pour que les protagonistes arrivent de trouver des solutions sur la base des accords de Skhirat. Au niveau de la promotion de la Paix au niveau international, les forces royales marocaines sous l’égide des nations unies participent à plusieurs missions onusiennes en RCA et au Congo», nous explique Cherkaoui Roudani.
Renforcement des alliances stratégiques
Le Maroc a diversifié ses partenariats stratégiques, établissant des relations solides avec des puissances émergentes telles que la Chine, la Russie et l’Inde. Les accords de coopération avec la Chine ont notamment permis de renforcer les infrastructures et de promouvoir des projets dans les domaines de l’énergie et des transports. La Russie et le Maroc ont également intensifié leur coopération, notamment dans les secteurs de l’agriculture et de l’énergie.
En 2016, le roi Mohammed VI a effectué une visite historique en Russie, marquant un tournant dans les relations bilatérales. Les deux pays ont signé plusieurs accords de coopération économique, militaire et culturelle, consolidant ainsi leur partenariat stratégique.
Lire aussi : COP28 : l’Afrique au cœur des solutions climatiques
Par ailleurs, la diplomatie économique a été un pilier de la politique étrangère de Mohammed VI. Le Maroc a attiré des investissements directs étrangers (IDE) grâce à un climat des affaires favorable et à des réformes économiques ambitieuses. Les secteurs clés tels que l’industrie automobile, l’aérospatiale, le tourisme et les énergies renouvelables ont bénéficié d’investissements massifs, faisant du Maroc un hub régional pour ces industries.
Le Maroc s’est également engagé en faveur du développement durable et de la lutte contre le changement climatique. En 2016, le royaume a accueilli la COP22 à Marrakech, renforçant son rôle de leader dans les initiatives mondiales pour le climat. Le plan marocain pour les énergies renouvelables, visant à produire 52% de l’électricité nationale à partir de sources renouvelables d’ici 2030, a attiré l’attention internationale et des investissements substantiels.