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Jour 63 de la guerre à Gaza

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Des dizaines d’hommes palestiniens déshabillés et exhibés par l’armée israélienne. © DR

Les frappes israéliennes se poursuivent, et la misère et les tragédies qu’elles engendrent continuent de rendre difficile la vie des Palestiniens dans la bande de Gaza. Les personnes qui tentent de satisfaire leurs besoins fondamentaux, faisant la queue pour obtenir de l’eau ou du pain, sont ciblées. La situation est alarmante. Le Conseil de sécurité des Nations unies doit se prononcer ce vendredi sur un appel à un «cessez-le-feu humanitaire immédiat» dans la bande de Gaza, un vote à l’issue incertaine dans un contexte diplomatique tendu.

Les combats urbains se poursuivent dans les plus grandes villes de la bande de Gaza et autour de celles-ci. Dans son dernier bilan, le ministère gazaoui de la Santé fait état de 17.177 morts, dont 7.112 enfants, tués par les bombardements israéliens et plus de 46.000 blessés. Thomas White, directeur des affaires de l’UNRWA à Gaza, affirme que «l’ordre civil est en train de s’effondrer» dans l’enclave assiégée. «Les rues semblent sauvages, surtout la nuit tombée – certains convois humanitaires sont pillés et des véhicules de l’ONU lapidés. La société est au bord d’un effondrement total», a déclaré White sur X (anciennement Twitter).

Au milieu des intenses bombardements israéliens, les Palestiniens de la bande de Gaza sont confrontés à une grave crise alimentaire, le manque de camions d’aide ayant laissé beaucoup d’entre eux au bord de la famine. Et Israël et le Hamas ne sont pas près de conclure un nouvel accord sur une pause humanitaire, a déclaré à la presse le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby. Des discussions ont lieu «littéralement tous les jours» concernant un éventuel nouvel accord, a-t-il ajouté.

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L’article 99 des Nations unies invoqué

Sous pression du secrétaire général, le Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) doit se prononcer vendredi sur un appel à un «cessez-le-feu humanitaire immédiat» dans la bande de Gaza. Dans une lettre adressée mercredi aux membres du Conseil, Antonio Guterres a invoqué explicitement l’article 99 de la Charte des Nations unies qui permet au secrétaire général d’«attirer l’attention du Conseil» sur un dossier qui «pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationale».

Lire aussi : «S’il y a un enfer sur Terre, son nom est le nord de Gaza»

Une première depuis des décennies. En 1945, le rapport de la commission préparatoire des Nations unies avait souligné que cet article conférait au secrétaire général «un droit tout à fait spécial, dépassant tous les pouvoirs qui ont jamais été reconnus au chef d’une organisation internationale».

L’article 99 a été utilisé pour la première fois en 1950 au moment du début de la guerre de Corée par le secrétaire général de l’époque, Trygve Halvdan Lie. Il a ensuite été invoqué par Dag Hammarskjöld en 1960 sur la crise au Congo ou par Kurt Waldheim en 1979 à propos des otages de l’ambassade américaine en Iran.

Plus tard, en 1989, Javier Perez de Cuellar s’en est aussi servi pour essayer de mettre fin à la guerre civile au Liban. Mais, selon Stéphane Dujarric, l’actuel porte-parole du secrétaire général, la dernière véritable invocation de l’article 99 dans une lettre date de 1971, quand U Thant avait alerté le Conseil de sécurité sur le conflit indo-pakistanais.

«Avec les bombardements constants des forces armées israéliennes, et en l’absence d’abris ou du minimum pour survivre, je m’attends à un effondrement total de l’ordre public bientôt en raison des conditions désespérées, ce qui rendrait impossible une aide humanitaire même limitée» à Gaza, a écrit Guterres dans cette lettre.

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Cette démarche a suscité l’ire des autorités israéliennes. «Sa demande d’activation de l’article 99 (de la Charte de l’ONU) et l’appel à un cessez-le-feu à Gaza constituent un soutien à l’organisation terroriste Hamas», a réagi le ministre israélien des affaires étrangères, Eli Cohen, sur X, qualifiant de «danger pour la paix mondiale» le mandat du chef de l’ONU.

Suite à la lettre inédite d’Antonio Guterres, les Émirats arabes unis ont préparé un projet de résolution, qui sera soumis au vote du Conseil vendredi, a dit la présidence équatorienne du Conseil de sécurité. Le texte, très court, présenté appelle également à la protection des civils, à la libération «immédiate et inconditionnelle» de tous les otages et à «assurer l’accès humanitaire». Mais l’issue du vote reste incertaine dans un contexte diplomatique tendu. Quatre projets de résolution ont été rejetés par le Conseil dans les semaines suivant le début de la guerre.

Arrestations massives

Des dizaines de personnes ont été arrêtées par l’armée israélienne dans les zones du nord de Gaza. Sous la menace d’une arme, elles ont été déshabillées et transportées vers un lieu tenu secret, selon des témoins. Les médias israéliens ont rapporté que les images auraient montré «des suspects du Hamas se rendant aux troupes israéliennes».

«Les images que nous avons vues ce matin sont très troublantes, car toute personne a le droit fondamental à la dignité humaine. Ces images et la façon dont les gens sont traités sont très troublantes», a déclaré Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général des Nations Unies.

Parmi ces Palestiniens, des employés de l’ONU et un correspondant du service en langue arabe du New Arab, le journaliste Diaa Al Kahlout. Ce dernier ne pouvait pas déménager dans le Sud parce qu’il avait une mère âgée et un enfant handicapé.

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Les attaques israéliennes contre Gaza et le sud du Liban ont tué au moins 75 journalistes et blessé au moins 80 autres, selon le Syndicat des journalistes palestiniens. Deux journalistes palestiniens ont disparu, les maisons de 60 familles de journalistes ont été prises pour cible, 63 institutions médiatiques ont été détruites et les opérations de 25 stations de radio locales (24 à Gaza et une en Cisjordanie) ont été perturbées. De plus, trois médias ont été fermés et soumis à des restrictions. Avec l’arrestation d’Al-Kahlout, le nombre de journalistes emprisonnés s’élève désormais à 44, dont 41 en Cisjordanie et trois à Gaza.

Par ailleurs, au moins 100 hommes palestiniens ont été détenus par les forces israéliennes, déshabillés, les yeux bandés et obligés de s’agenouiller dans une rue du nord de Gaza, selon des images et des vidéos largement diffusées sur les réseaux sociaux et confirmées par l’armée israélienne. «Beaucoup d’entre eux se sont également rendus à nos forces au cours des dernières 24 heures. Les renseignements issus de leurs interrogatoires sont utilisés pour poursuivre les combats.», a commenté l’armée israélienne.

L’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme a déclaré que ces hommes avaient été «arbitrairement arrêtés» dans le nord de la bande de Gaza après que les forces israéliennes ont encerclé pendant plusieurs jours deux abris dans la ville de Beit Lahiya.

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