Accueil / Sport

JO Paris 2024 : un bilan décevant mais pas surprenant

Temps de lecture

La délégation marocaine lors de la cérémonie d'ouverture des JO 2024 © DR

Deux. C’est le nombre de médailles remportées par le Maroc aux Jeux olympiques de Paris 2024. Un bilan décevant, mais guère surprenant, qui s’inscrit dans la continuité des contre-performances des dernières éditions, révélant une fois de plus les défis persistants du sport marocain sur la scène internationale.

La délégation marocaine présente à Paris a fait mieux que sa prédécesseure à Tokyo. Alors qu’à la capitale japonaise, le bilan se limitait à une seule médaille d’or remportée par Soufiane El Bakkali, cette fois-ci, le Maroc a également décroché une médaille de bronze grâce à l’équipe nationale olympique. Sur les 19 disciplines dans lesquelles le Royaume était représenté lors de ces JO, seules deux ont donc suscité notre enthousiasme. Des performances historiques, certes, mais qui ne sauraient masquer le désastre des résultats dans les autres disciplines. L’heure est au bilan.

Lire aussi : Quelque 1,73 million de touristes à Paris pour les JO

El Bakkali, le sauveur de l’athlétisme marocain

Soufiane El Bakkali était sans conteste le plus attendu parmi les athlètes marocains à Paris, et il n’a pas déçu. Déjà médaillé d’or à Tokyo, il a récidivé à la capitale française en remportant une nouvelle médaille d’or dans le 3.000 m steeple, offrant ainsi au Maroc un succès historique. Avec cette performance, El Bakkali a confirmé son statut de maître incontesté de la discipline, consolidant sa place parmi les légendes de l’athlétisme marocain.

Cependant, le bilan du Maroc en athlétisme à ces Jeux reste décevant, voire tristement maigre. Alors que cette discipline a toujours été le point fort du Royaume, fournissant historiquement le plus grand nombre de médailles olympiques, Paris 2024 n’aura vu qu’une seule médaille dans ce domaine, celle d’El Bakkali. Sur les 13 athlètes engagés en athlétisme, aucun autre, à l’exception de Mohamed Tindouft, également finaliste du 3.000 m steeple, n’a réussi à dépasser le stade des qualifications.

El Bakkali et Tindouft ont certes tenu leur rang, mais ils demeurent des exceptions dans un paysage où le manque de résultats devient une règle inébranlable depuis plusieurs éditions. D’ailleurs, cette performance d’El Bakkali peut s’expliquer par son physique parfaitement adapté, son mental d’acier et sa détermination à toute épreuve. Et c’est surtout le fruit d’un effort individuel acharné, réalisé en silence et loin des regards. Mais si El Bakkali a une fois de plus sauvé l’honneur de l’athlétisme marocain, cela ne doit pas occulter les nombreux échecs des autres compétiteurs.

Aujourd’hui, la médaille d’El Bakkali ne doit en aucun cas être l’arbre qui cache la forêt. Les Marocains réclament des comptes et veulent plus de transparence sur la gestion de la Fédération royale marocaine d’athlétisme, dirigée par Abdeslam Ahizoune depuis 2006. Le temps est venu pour une remise en question profonde et une réévaluation des stratégies, afin de redonner à l’athlétisme marocain sa gloire d’antan.

https://www.youtube.com/watch?v=ZdfEq3M7neg

Lionceaux de l’Atlas : le fruit d’une stratégie gagnante

La médaille de bronze remportée par les Lionceaux de l’Atlas est un exploit historique. Il s’agit en effet de la première médaille olympique marocaine dans un sport collectif. Ce résultat, bien que remarquable, était plus ou moins attendu, car il s’inscrit dans une logique de développement continu du football national observée ces dernières années.

Cette réussite n’est que le fruit des efforts constants déployés par le Maroc pour développer le football. Efforts qui ont déjà porté leurs fruits sur la scène internationale, avec comme exemple éclatant, le parcours exceptionnel des Lions de l’Atlas lors de la Coupe du monde 2022 au Qatar, où ils ont atteint les demi-finales. Les différentes catégories de football, notamment les équipes de jeunes, sont de plus en plus présentes dans les compétitions internationales, avec des résultats souvent très satisfaisants. Le football féminin n’est pas en reste, avec la qualification historique des Lionnes de l’Atlas pour le Mondial 2023. De plus, les clubs marocains ont brillé ces dernières années en remportant plusieurs titres continentaux.

Cette médaille de bronze de l’équipe olympique est donc le couronnement d’un travail de longue haleine et d’une stratégie bien définie. Elle vient consolider la position du Maroc sur la scène internationale, fruit d’une vision claire et d’efforts soutenus pour hisser le football national au plus haut niveau.

Lire aussi : JO 2024: Soufiane Rahimi officiellement meilleur buteur

Une réforme est nécessaire

Dans les autres disciplines où le Maroc était engagé lors de ces JO, les résultats ont été catastrophiques. Pourtant, les espoirs étaient nombreux et reposaient sur plusieurs athlètes de renom comme Fatima-Ezzahra Aboufaras en taekwondo, Khadija El Mardi en boxe, Achraf Ed-Doghmy en cyclisme, ou encore Anas Essayi (1.500m) et Abdelati El Guesse (800m) en athlétisme. Malheureusement, aucun de ces sportifs n’a réussi à répondre aux attentes des Marocains. Cette déception soulève une question essentielle : le niveau mondial était-il trop élevé pour eux, ou sont-ils simplement loin des standards internationaux, leur qualification étant peut-être due à des compétitions continentales où la concurrence était moins relevée ?

Le naufrage a été ainsi collectif, avec des contre-performances qui se sont multipliées. En exemple, le trio féminin de boxe, composé de Khadija El Mardi, Widad Bertal et Yasmine Mouttaki, n’a pas pu atteindre les demi-finales. Ramzi Boukhiam, vice-champion du monde de surf, s’est incliné dès le troisième tour. Houssem El Kord, triple champion d’Afrique d’escrime, a chuté dès son premier combat. En kayak, Mathis Soudi, médaillé de bronze aux mondiaux, a terminé 16ᵉ en demi-finale du slalom, avant d’être disqualifié en kayak cross. La taekwondoïste Fatima Zahra Abou Fares, médaillée d’or aux JO de la jeunesse en 2018, n’a pas réussi à franchir le cap des 8ᵉˢ de finale. En natation, en breaking, en skateboard… les représentants marocains se sont effondrés les uns après les autres.

Ce bilan n’est pas nouveau, il se répète à chaque édition des Jeux olympiques, et les termes utilisés pour le décrire restent inchangés : fiasco, naufrage, échec. Il est évident que l’heure est au changement. Le sport national a besoin d’une réforme profonde pour redresser la barre et retrouver sa gloire d’antan. Mais jusqu’à quand cette situation va-t-elle perdurer ? Les Marocains méritent des réponses et des actions concrètes pour redorer le blason du sport national.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Real Madrid : Youssef Lekhedim convoqué pour la première fois

Sport - Le défenseur marocain Youssef Lekhedim a été sélectionné pour la première fois par Carlo Ancelotti, en vue du choc contre l’Atalanta en LDC.

Ilyasse Rhamir - 9 décembre 2024

Achraf Hakimi, sacré Lion d’Or 2024

Sport - Achraf Hakimi, défenseur de l’équipe nationale marocaine et du Paris Saint-Germain, a remporté le prestigieux Prix du Lion d’Or 2024.

Ilyasse Rhamir - 9 décembre 2024

Coupe de la CAF : le RS Berkane brille à Durban et reste leader

Sport - La RSB a brillé lors de son déplacement à Durban, en Afrique du Sud, où elle a dominé Stellenbosch sur le score de 3 buts à 1.

Ilyasse Rhamir - 9 décembre 2024

La LNFP structure l’avenir du football marocain

Sport - La LNFP a présenté un plan ambitieux pour améliorer les conditions techniques et professionnelles entourant la couverture des compétitions.

Ilyasse Rhamir - 6 décembre 2024

Mazraoui, étoile montante de Manchester United en novembre

Sport - Noussair Mazraoui figure dans l’équipe type des cinq plus grands championnats européens grâce à une évaluation de 7,50 par la plateforme Sofascore.

Ilyasse Rhamir - 6 décembre 2024

Le Wydad de Casablanca dans le groupe de la mort au Mondial des Clubs 2025

Sport - Le tirage au sort de la Coupe du Monde des Clubs 2025 (FCWC 25) a placé le Wydad de Casablanca (WAC) dans un groupe explosif.

Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024

Coupe du Monde 2030 : la feuille de route

Économie, Sport - Le Maroc, l’Espagne et le Portugal préparent une Coupe du Monde qui marquera l’histoire. Ce projet tripartite dépasse le cadre sportif pour devenir un levier stratégique.

Farah Nadifi - 5 décembre 2024

El Kaabi et Rahimi parmi les meilleurs buteurs 2024

Sport - L'IFFHS a intégré trois figures marocaines, Ayoub El Kaabi, Soufiane Rahimi et Samir Hadji, dans son classement des meilleurs buteurs mondiaux pour l’année 2024.

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2024
Voir plus

Les quarts à la loupe

Saïd - 9 juillet 2019

Le journalisme sportif au féminin

Sport - L’Hebdo MC reçoit Houyam Benhamou, journaliste sportive, qui a été senior media officer pour la confédération africaine de football.

Atika Ratim - 6 juin 2022

Maroc-Argentine : la réaction d’Oudéa-Castera après l’envahissement de terrain

Sport - La ministre française des Sports a qualifié l'envahissement de terrain de "petite intrusion bon enfant".

Hajar Toufik - 26 juillet 2024

Rennes accélère pour Hakim Ziyech

Sport - Le Stade Rennais a intensifié ses efforts pour recruter Hakim Ziyech lors du mercato hivernal. Le club a pris contact avec l’entourage du joueur.

Ilyasse Rhamir - 16 décembre 2024

Casablanca : UFC GYM inaugure son premier centre au Maroc

Sport - UFC GYM ouvre son premier centre au Maroc à Viva Park, Bernoussi, offrant des programmes de fitness et de sports de combat.

Chaima Aberni - 23 mai 2024

Coupe arabe de Futsal : le Maroc file en demi-finale

Sport - La sélection marocaine de Futsal a arraché son billet pour les demi-finales de la Coupe arabe, qui se tient en Arabie saoudite. Les Lions de l’Atlas se sont imposés (3-0), ce vendredi 24 juin, face à la Libye.

Hajar Toufik - 24 juin 2022

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire