Des enfants avec des smartphones © DR
Ces derniers mois sur les réseaux sociaux, de nombreuses vidéos font froid dans le dos. On peut y voir des enfants de moins de 5 ans passer d’un smartphone à un Ipad, sans la moindre hésitation. Il suffit de leur retirer cet objet connecté pour qu’ils fassent une crise sans précédent. Au lieu de s’en alarmer, la plupart des parents les filment, hilares aux larmes, face à ce qui pourrait dénoter d’un véritable malaise.
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En passant plus d’une heure par jour devant de multiples écrans, les Ipad Kids souffriraient d’un retard de langage et de développement. Pour illustrer ces propos, il suffit de remarquer que cette génération, en moyenne vers 4 ans, n’a pas atteint le langage d’un enfant d’un an seulement ! Imane Kendili, psychiatre – addictologue, professeure affiliée à l’UM6P, cheffe de service psychiatrie-addictologie de la clinique Andalouss et vice-présidente du Centre africain de recherche en santé explique à Le Brief que les écrans rendent dépendants, mais aussi moins intelligents.
Un contenu non-adapté aux Ipad Kids
Lorsqu’on scroll sur le contenu dédié aux enfants sur les réseaux sociaux, les bras nous en tombent ! Alors qu’il y a une trentaine d’années, le contenu pour enfants c’était encore des dessins animés Disney, depuis peu, la tendance change. En exemple, le ‘’Elsagate’’, montrant des femmes se déguisant en Elsa de la reine des neiges dans des postures ou des actions peu catholiques.
De mauvais messages et de très mauvaises idées sont diffusés à travers ces images, comme le fait de faire ses besoins n’importe où ! Alors qu’ils se sentaient en confiance avec ces personnages, les enfants se retrouvent face à des objets pervers, biberonnés à la testostérone. Outre les personnages de dessins-animés, la nouvelle génération d’influenceurs de moins de 15 ans, qui s’adresse à un public très très très jeune. Leur contenu ne s’arrête pas à un tuto de pâte à modeler, mais à des actions non-adaptées à cet âge.
La chaîne Youtube Charli Roblox a d’ailleurs publié une vidéo intitulée « Ma petite sœur veut voler mon copain », avec en photo de couverture, l’image d’une petite fille de 7 ans, et le message « Je n’ai que 7 ans » !
Mais ce n’est pas tout. Pour les parents confiants qui ont téléchargé l’application Youtube Kids, pensant que leur enfant naviguerait en toute sécurité, une sonnette d’alarme a été tirée. De nombreuses enquêtes ont épinglé le contenu agressif et dangereux de ces vidéos. Certaines proposent aux enfants des tutos pour «se trancher correctement les veines», ou font l’apologie du meurtre dans les écoles.
Si Youtube tente de lutter contre ce fléau, d’autres géants, comme Tik Tok, ne sauraient être retenus par de simples enquêtes ou encore des interdictions gouvernementales. La grande tendance en ce moment chez les Ipad Kids, c’est justement de scroller des heures sur des vidéos violentes, démontrant des têtes sortant de toilettes, devenant de plus en plus grandes et allant même jusqu’à détruire une ville. Sur ces vidéos, l’on peut aussi voir la mort en direct, avec un couteau enfoncé dans une tête. Si c’est difficile à lire pour vous, dites-vous que votre enfant est sans doute spectateur de ce type de contenu, car l’algorithme de ces applications n’aide pas et pousse les enfants à en consommer davantage, malgré toutes les restrictions parentales mises en place.
Si votre enfant n’a pas accès à Tik Tok, parlons d’un terrible fléau que tous les enfants marocains ont regardé au moins une fois dans leur vie :
La chaîne de dessins-animés Cocomelon
C’est un véritable succès à travers le monde avec ses 173 millions d’abonnés, la petite famille n’a pas à craindre les fins de mois. Le mouvement Cocomelon est encore plus dangereux pour les enfants, avec ses scénarios abêtissants, ralentissant le développement de l’enfant, ses coupes rapides, ses couleurs très vives, ses chansons… Une stimulation auditive et visuelle qui magnétise l’enfant à son Ipad.
Et cette méthode n’est pas utilisée que par Cocomelon. Une fois que la recette fait recette, évidemment, toute l’industrie va s’en servir. C’est le cas de l’innocente Pat Patrouille, qui, sous ses airs de politesse, de mots recherchés et soutenus, happe l’enfant aussi vite qu’un kidnappeur. Pourquoi, après cela, aurait-il envie d’aller se défouler un moment dans un parc naturel ? Alex, Rocky, Zuma, Stella et les autres sont bien plus intéressants.
Parlons aussi des jeux abrutissants ou de hasard, de la facilité qu’ont les Ipad Kids à passer une commande en ligne, de jeux ou objets dangereux, du dark web… Oui, une certaine génération ne sait même pas ce que c’est que le dark web, ou n’en a qu’entendu parler !
La santé mentale des Ipad Kids
Continuellement face à toutes ces images, au-delà de l’agressivité, l’impact est lourd, et ce, sur le long terme. «Il y a l’impact organique déjà avec le risque de tumeurs cérébrales avec les smartphones … ce qui n’est pas le sujet, mais on doit lesouligner. La dépendance comportementale est également une porte ouverte à la dépendance aux substances et le plaisir immédiat qui en découle conduit à une intolérance à la frustration marquée. Ces éléments sont les facteurs clés des troubles du comportement», déclare Imane Kendili.
Avant l’âge de trois ans, l’accès aux écrans est encore plus dévastateur. L’impact implique la sérotonine qui baisse face aux écrans. La baisse de sérotonine est décelable devant les troubles du sommeil chez les enfants à des âges précoces dont l’insomnie, les terreurs nocturnes, mais aussi l’irritabilité, l’impulsivité et les troubles du comportement dont l’agressivité.
«Quand l’enfant ne peut plus se passer de cet écran, qui passe en général de la tablette au smartphone puis plus tard aux jeux vidéo, des troubles neuropsychologiques se mettent en place. Sans scénario pessimiste, il faut garder en tête qu’un pourcentage atterrit en hospitalisation psychiatrique à l’adolescence», déclare la psychiatre.
Avec l’âge, l’envie de regarder un dessin-animé pendant des heures, se transforme en un désir de télé-réalité, à la médiocrité affligeante. Et nous ne parlons pas d’adolescents, mais bien d’enfants de moins de 10 ans. La télé-réalité peut prendre plusieurs formes. Ce ne sont pas forcément des adultes qui l’animent. De nouvelles stars de Youtube ont moins de 15 ans et montrent leur routine journalière, leurs crises face au refus, leur vulgarité, ainsi que leur manie du contrôle. De quoi animer l’envie de mimétisme de nos petits citoyens.
Pour mettre fin à ce cercle vicieux, Kendili conseille aux parents de revenir aux bases sûres, à savoir la peinture, le sport, la musique, l’art…
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