Accueil / Économie

Investissements : le Fonds Mohammed VI sur les starting-blocks

Temps de lecture

Réunion du conseil d'administration du Fonds Mohammed VI pour l’Investissement © DR

Le Maroc a franchi une étape significative en établissant le Fonds Mohammed VI pour l’Investissement, un fonds souverain opérationnel qui vient compléter son arsenal d’instruments d’investissement. Cette initiative s’inscrit dans le contexte des réformes destinées à stimuler la reprise économique post-pandémie. Comment fonctionne ce fonds ? Éléments de réponse

Lancé officiellement, il y a quelques mois, le Fonds Mohammed VI pour l’investissement a été pensé en adéquation avec les réalités économiques et sociales du Maroc. Il s’inscrit en complémentarité avec la nouvelle Charte de l’investissement. Il vise à être un acteur clé de la dynamique économique, en contribuant à la création de richesses et d’emplois. Ce fonds novateur aspire à accélérer la cadence des investissements et à encourager le rôle du secteur privé. Il ambitionne aussi à favoriser la croissance économique et la création d’emplois, ainsi qu’à faciliter la transition vers une économie numérique et écologique. Son objectif est de maximiser son impact sur les plans économique, social et environnemental.

Lire aussi : FM6 pour l’investissement : zoom sur les nouveaux mécanismes dévoilés par Benchaâboun

Succès du 1ᵉʳ AMI

Le 8 mai dernier, le Fonds a lancé son premier appel à manifestation d’intérêt (AMI) pour sélectionner des sociétés de gestion de fonds sectoriels ou thématiques. Après plus de deux mois, cette première initiative s’est clôturée le 13 juillet, suscitant un fort intérêt tant au niveau national qu’international. Au total, 46 candidatures ont été déposées, couvrant un large éventail de secteurs, dont 24 provenant de soumissionnaires locaux, 17 d’internationaux et cinq de consortiums mixtes. Selon un communiqué du Fonds Mohammed VI publié le 14 juillet, les candidatures «couvrent un large spectre de secteurs et thématiques, incluant notamment l’industrie, la promotion des petites et moyennes entreprises, l’agriculture, le tourisme et plusieurs autres thématiques innovantes». Actuellement, ces dossiers sont soumis à un processus de sélection rigoureux en plusieurs étapes :

  • une étape de présélection sur la base notamment de la stratégie d’investissement proposée, de l’expérience de l’équipe de gestion et la qualité des performances réalisées dans la gestion de fonds similaires ;
  • une étape de sélection sur la base de la capacité des soumissionnaires présélectionnés à mobiliser des fonds auprès d’autres investisseurs ;
  • une étape de négociation de la documentation juridique et de contractualisation.

Lire aussi : FM6I : le premier recrutement de sociétés de gestion est lancé !

Une panoplie de mécanismes

Le fonds proposera aux acteurs économiques divers mécanismes de financement adaptés à leurs besoins, tant pour soutenir leur développement au Maroc qu’à l’échelle internationale. Il contribuera à renforcer leur compétitivité, à accélérer la transition vers une économie verte et durable, et à les aider à se conformer aux normes et régulations internationales.

À l’origine doté d’un capital de 45 milliards de DH (MMDH), le Fonds Mohammed VI pour l’Investissement prévoit de mobiliser des ressources supplémentaires de 120 à 150 MMDH au cours des cinq prochaines années. Son action s’articulera autour de deux axes : une approche directe pour les projets d’envergure ou stratégiques, et une approche indirecte via des sous-fonds thématiques ou sectoriels.

En intervenant en amont dans des projets d’importance stratégique, le Fonds s’assurera de leur viabilité économique et contribuera à optimiser leur modèle d’affaires. En aval, il participera au financement et à la structuration de ces entreprises en tant qu’acteur majeur, tout en préservant la participation marocaine dans les entreprises étrangères, un objectif crucial pour la souveraineté nationale.

Le Fonds sera un acteur clé dans la réduction de la perception du risque par les investisseurs et jouera un rôle de partenaire tout au long du cycle de vie des projets en facilitant la coopération entre investisseurs privés et autorités publiques.

Dans une approche indirecte, le Fonds Mohammed VI pour l’Investissement mettra en place des sous-fonds thématiques ou sectoriels, contribuant ainsi au développement d’une industrie de capital-investissement et renforçant son impact sur l’économie nationale. Cela impliquera de renforcer les capacités des sociétés de gestion, aussi bien en termes de volume de fonds gérés qu’en matière d’expertise, de gouvernance et de transparence.

Le fonds s’engagera à être le principal investisseur dans les sous-fonds proposés, contribuant ainsi à financer la croissance des entreprises, à gérer les risques et à apporter expertise, ressources et réseau de contacts pour renforcer leur efficacité opérationnelle, leur compétitivité et leur rentabilité.

Lire aussi : Réunion du conseil d’administration du Fonds Mohammed VI pour l’Investissement

L’indispensable implication des banques

En complément, le fonds, dirigé par Mohamed Benchaâboun, envisage de mettre en place un produit de dette subordonnée, associé à un crédit bancaire. Ce produit innovant, semblable à des quasi-fonds propres, vise à encourager les entreprises à réaliser leurs projets d’investissement en réduisant la nécessité de fournir des fonds propres selon les exigences du système bancaire.

Bien que prometteuse, la réussite de cette initiative dépendra de la mobilisation de toutes les parties prenantes, notamment les banques pour la distribution de prêts, les investisseurs institutionnels qui rejoindront le Fonds dans un véhicule dédié, ainsi que la société de gestion chargée de gérer ce produit pour le compte du fonds et de ses partenaires.

Lire aussi : Investissement : le Maroc injectera 150 MMDH dans le Fonds Mohammed VI

Le Fonds Mohammed VI pour l’Investissement a pour ambition d’être un modèle de gouvernance, d’efficacité et de transparence. Son déploiement nécessitera la mobilisation des institutions financières et des investisseurs. L’objectif est de mener à bien ses opérations et contribuer au développement des secteurs productifs de l’économie nationale. Cela propulsera ainsi le Maroc en tant que leader continental en matière de capital-investissement.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Quand la croissance des recettes ne freine pas le déficit

Économie - L'exécution budgétaire du Maroc a montré des signes de tensions financières, avec un déficit qui s’est creusé de 11,6 MMDH par rapport à la même période en 2023.

Mbaye Gueye - 20 décembre 2024

Le besoin de financement du Trésor en légère baisse à fin novembre

Économie - À fin novembre 2024, le besoin de financement du Trésor s’est établi à 55,9 MMDH, contre 59,2 MMDH à la même période en 2023.

Rédaction LeBrief - 20 décembre 2024

Légère hausse de l’inflation en novembre 2024

Économie - En novembre 2024, l’indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 0,8% par rapport à novembre 2023, selon le HCP.

Rédaction LeBrief - 20 décembre 2024

Tanger-Tétouan-Al Hoceima : plus de 9.700 entreprises créées au T3-2024 (OMPIC)

Économie - Selon l’OMPIC, 9.761 entreprises ont été créées dans la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima durant les neuf premiers mois de 2024.

Mbaye Gueye - 20 décembre 2024

12-18 décembre : le déficit de liquidité bancaire se creuse de 2,4%

Économie - Le déficit de liquidité bancaire au Maroc s'est creusé de 2,4%, atteignant 138,9 milliards de dirhams.

Rédaction LeBrief - 20 décembre 2024

Délais de paiement : l’amende réajustée au nouveau taux directeur

Économie - La Direction générale des Impôts (DGI) a annoncé que les factures dont le délai de retard du paiement commence à partir du 1er décembre 2024, sont passibles d’une amende pécuniaire fixée au nouveau taux directeur (TD) de Bank Al-Maghrib (BAM).

Mbaye Gueye - 20 décembre 2024

Casablanca-Pékin : RAM relance sa liaison directe

Économie - La RAM relancera sa ligne directe Casablanca-Pékin dès le 20 janvier 2025, ce qui renforce des liens entre le Maroc et la Chine.

Ilyasse Rhamir - 20 décembre 2024

Essaouira : Akhannouch préside le développement de la station Mogador

Économie - Akhannouch a présidé à Essaouira une cérémonie de signature d’une convention pour le développement de Mogador.

Rédaction LeBrief - 20 décembre 2024
Voir plus

Hard-discount toujours plus bas, mais à quel prix ?

Dossier - Le hard-discount a-t-il trouvé LA recette miracle pour proposer LA bonne affaire ? Pas sûr… la lame peut être à double tranchant.

Sabrina El Faiz - 7 décembre 2024

ANCFCC : bon cru 2020

J.R.Y - 19 mars 2021

La Chambre des représentants adopte le PLF 2025 en deuxième lecture

Économie - La Chambre des représentants a approuvé, à la majorité, en deuxième lecture, le projet de loi de finances (PLF) n°60.24 pour l’année budgétaire 2025.

Mbaye Gueye - 6 décembre 2024

She Impulse : l’AFEM révolutionne l’entrepreneuriat féminin au Maroc

Économie - L’AFEM a dévoilé, mardi 3 décembre 2024, sa nouvelle feuille de route stratégique baptisée « She Impulse : Créateur de valeurs ».

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2024

Tourisme marocain : entre traditions et nouvelles ambitions

Économie - Entre la montée en puissance du tourisme interne et l’importance accrue du tourisme culturel, le Royaume repense son approche pour s’adapter à la demande croissante.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

Pirater ou réguler : le défi BeIN Sport au Maroc

Économie, Entreprise - Face à la prolifération des serveurs IPTV illégaux, qui permettent aux utilisateurs d’accéder à ses contenus sans payer, BeIN Sport s’interroge sur les moyens de protéger ses droits.

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire