Accueil / Afrique / Politique

Initiative royale pour favoriser l’accès des pays du Sahel à l’océan Atlantique

Temps de lecture

Photo prise à l’occasion des travaux de la Réunion ministérielle. © DR

L’initiative royale visant à faciliter l’accès des pays du Sahel à l’Atlantique s’articule autour de multiples avantages économiques. Elle vise à transformer Dakhla en un pôle économique régional, à favoriser l’intégration économique au Sahel  et à attirer les investissements étrangers. De plus, elle s’inscrit dans une perspective de préparation à la future Zone de libre-échange continentale africaine. Dans sa démarche visant à renforcer les relations avec les pays d’Afrique subsaharienne, le Maroc aspire à transformer la façade atlantique, du Sahara aux limites maritimes de l’Afrique de l’Ouest, en un territoire de prospérité partagée et en une zone de commerce florissant.

L’initiative royale, annoncée lors du discours du Roi à l’occasion du 48ᵉ anniversaire de la marche verte, représente une avancée dans la politique atlantique du Royaume, symbolisant l’émergence d’une nouvelle doctrine. Cette politique vise à dynamiser l’espace sahélien, même pour les pays n’ayant pas un accès direct à l’océan Atlantique. Elle traduit une volonté d’instaurer la prospérité dans la région, rompant avec l’ancien paradigme occidental qui liait le développement à la sécurité, une approche qui s’est révélée inefficace. À présent, l’accent est mis sur la promotion de la sécurité par le développement. Cette orientation marque une étape importante dans la politique africaine initiée il y a vingt ans par le roi Mohammed VI, caractérisée par une approche agressive en matière de diplomatie économique.

Lire aussi : Marrakech : réunion ministérielle sur l’initiative d’accès à l’Atlantique pour le Sahel

Dakhla, le futur hub régional

Hicham Kasraoui, expert à l’Institut marocain d’intelligence stratégique (IMIS), souligne dans une interview accordée au site infos le 360, que les bénéfices économiques substantiels du mégaprojet marocain, en particulier pour Dakhla et le futur port Dakhla Atlantique. Selon lui, ce projet transformera Dakhla en un hub économique régional majeur, boostant sa connectivité et son rôle en tant que centre d’affaires clé pour les pays du Sahel. Il voit cette région comme une future plateforme industrielle, accueillant des initiatives maroco-sahéliennes axées sur le marché international.

Dans son rapport intitulé «Stratégie économique du Maroc en Afrique : le modèle chérifien de co-développement», publié par l’IMIS en début décembre 2023, Kasraoui met en avant que ce projet justifiera davantage, sur le plan socio-économique, les investissements marocains dans les provinces du Sud aux yeux des investisseurs et bailleurs de fonds internationaux, en raison de son impact régional. Il insiste également sur la création d’une synergie entre les divers projets d’envergure entrepris par le Maroc et ses partenaires africains, comme le gazoduc Nigéria-Maroc, soulignant ainsi leur interconnexion et leur portée continentale.

Renforcer les liens commerciaux

Le Maroc ambitionne de rassembler les États du Sahel autour d’une initiative visant à répondre aux défis de la région, notamment en favorisant une intégration régionale par le biais du commerce intra-régional, actuellement limité. Selon la Banque africaine de développement, les échanges commerciaux intra-africains représentent environ 16%, tandis que les échanges du Maroc avec le reste du continent ne s’élèvent qu’à 65 milliards de DH (MMDH) selon les données de 2022 du ministère de l’Industrie et du Commerce, constituant ainsi une part modeste de son commerce extérieur. Cependant, ces chiffres sont en hausse depuis 2001, où ils étaient de 10 MMDH.

L’Afrique de l’Ouest, représentant 58,2% des échanges marocains en Afrique, est une priorité pour le Royaume. D’où l’intérêt marqué pour le commerce maritime en tant que levier d’une révolution commerciale. Pourtant, il reste du chemin à parcourir. Le Maroc et les pays de la région doivent développer une infrastructure maritime adéquate pour que le commerce maritime soit efficace. Dans son discours lors de l’anniversaire de la Marche Verte, le Souverain a souligné l’importance de moderniser les infrastructures des États du Sahel et de les intégrer aux réseaux de transport et de communication régionaux.

Il est essentiel de disposer d’une flotte marchande robuste pour établir des routes maritimes durables. Le Maroc s’engage déjà dans cette voie, avec l’objectif de développer une économie maritime, s’appuyant notamment sur la modernisation du littoral du Sahara.

Lire aussi : L’Alliance des États du Sahel : une charte de défense mutuelle

Stimuler l’investissement étranger dans la région du Sahel

L’économiste malien, Modibo Mao Macalou, interrogé par le 360, souligne que les pays du Sahel, dépendants de l’exportation de matières premières non transformées, sont particulièrement vulnérables aux chocs extérieurs. Le Maroc, avec son expertise, pourrait jouer un rôle clé dans leur transformation économique et structurelle.

Cette intégration régionale est également susceptible de renforcer l’attrait de la région pour les investisseurs étrangers. Des acteurs économiques internationaux, tels que les États-Unis ou les Émirats arabes unis, montrent un intérêt pour investir dans ces pays, mais sont souvent réticents en raison de l’instabilité et de l’enclavement du Sahel. Une région économiquement intégrée rend les investissements plus viables du point de vue économique pour ces investisseurs étrangers.

Finalement, l’initiative royale est aussi stratégique pour préparer les pays du Sahel à intégrer la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), actuellement en cours de mise en œuvre. Selon le roi Mohammed VI, ce projet nécessite la mise en place d’infrastructures adéquates pour maximiser les opportunités économiques pour le Maroc et les pays de la région. Une fois ces infrastructures en place, elles devraient contribuer à la réussite de la ZLECAF.

La rencontre de Marrakech

La rencontre ministérielle de coordination, tenue le 23 décembre 2023 à Marrakech, représente une étape importante dans cette initiative royale pour faciliter l’accès des pays du Sahel à l’océan Atlantique. Les ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso, du Mali, du Niger et du Tchad ont exprimé leur gratitude envers le Roi et ont officiellement adhéré à cette initiative, reconnaissant son importance stratégique pour le développement du Sahel, notamment en renforçant les infrastructures et la connectivité régionales.

La réunion a également débouché sur la décision de créer des Task Forces nationales dans chaque pays impliqué. Ces groupes de travail auront pour mission de définir les modalités pratiques de mise en œuvre de cette initiative ambitieuse. Par ailleurs, les ministres se sont accordés pour finaliser rapidement des propositions à présenter au roi Mohammed VI et aux chefs d’État des pays participants.

Lire aussi : Climat au Sahel : le roi Mohammed VI appelle à une action commune

 

Dernier articles
Les articles les plus lu

Démagogie

Afrique - La Banque mondiale a révélé le 3 décembre dernier que les pays « en développement » ont déboursé 1.400 milliards de dollars au titre du service de la dette extérieure.

Abashi Shamamba - 6 décembre 2024

Le Mali émet un mandat d’arrêt contre un dirigeant sud-africain

Afrique, Économie - Les autorités judiciaires maliennes ont émis un mandat d’arrêt visant le président-directeur général de Barrick Gold, Mark Bristow.

Mbaye Gueye - 6 décembre 2024

Dette extérieure : les pays pauvres ont payé 1.400 milliards de dollars d’intérêts en 2023

Afrique, Économie - Le dernier rapport de la Banque mondiale sur la dette internationale  a révélé que les pays en développement ont payé 1.400 milliards de dollars pour le service de leur dette extérieure en 2023.

Mbaye Gueye - 6 décembre 2024

AIF 2024 : La BOAD signe un accord pour débloquer plus de capitaux

Afrique, Économie - Le président de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), Serge Ekué, a annoncé la finalisation de l’accord de formalisation de l’entrée en capital de la banque.

Mbaye Gueye - 5 décembre 2024

PME africaines : accord entre la BAD et BANK OF AFRICA

Afrique, Entreprise - Le 4 décembre 2024, à Rabat, la BAD et BANK OF AFRICA ont signé un accord de partage de risques de 50 millions d’euros, en marge de l’Africa Investment Forum.

Rédaction LeBrief - 5 décembre 2024

AIF 2024 : l’Italie accorde un financement de 400 millions d’euros à la BAD

Afrique, Économie - BAD et l’Italie ont précédé, ce jeudi, à la signature officielle du plan Mattei et de la plateforme croissance et résilience pour l’Afrique.

Mbaye Gueye - 5 décembre 2024

Namibie : Netumbo Nandi-Ndaitwah remporte la présidentielle, selon la commission électorale

Afrique, Politique - Netumbo Nandi-Ndaitwah a été élue dès le premier tour de l'élection présidentielle avec 57,31 % des suffrages.

Mbaye Gueye - 5 décembre 2024

Adesina salue l’engagement royal pour les investissements en Afrique

Afrique, Économie - Akinwumi Adesina a salué le leadership du roi Mohammed VI lors de l’ouverture de la 5e édition de l’Africa Investment Forum (AIF).

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2024
Voir plus

Nigeria : le gouvernement mise gros sur la fibre optique

Afrique, Économie - Le Nigeria a franchi une étape majeure dans sa transformation numérique en se connectant au câble sous-marin 2Africa

Redaction Afrique - 14 février 2024

AIIM clôture son quatrième fonds d’infrastructures panafricain à 748 millions de dollars

Afrique, Économie - African Infrastructure Investment Managers (AIIM) a clôturé son quatrième fonds panafricain à 748 millions de dollars.

Mbaye Gueye - 8 août 2024

Mali : le dernier convoi

Afrique, Politique - Les changements politiques au Mali sonneront-ils le glas de l’une des plus longues interventions françaises en Afrique ?

Atika Ratim - 26 octobre 2022

L’Égypte prévoit d’émettre 500 M$ d’obligations en yen japonais

Afrique, Économie -L'Égypte se prépare à émettre des obligations d'une valeur totale de 500 millions de dollars (M$) en yen japonais

Nora Jaafar - 1 septembre 2023

Le britannique Kodal veut exploiter une mine de lithium au Mali

Afrique, Économie - Kodal Minerals noue un partenariat avec le chinois Hainan Mining pour exploiter la mine de lithium Bougouni au Mali.

Mbaye Gueye - 27 mars 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire