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Inflation et salaires : le citoyen en difficulté

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Cette année, l’inflation mondiale a frappé de plein de fouet le pouvoir d’achat des citoyens. Les prix des produits alimentaires et non alimentaires continuent d’augmenter plus vite que les salaires. Ce décalage alimente la frustration des ménages, qui s’attendent à ce que le gouvernement prenne des mesures concrètes pour limiter les répercutions. En outre, les augmentations de salaires prévues ne répondent pas aux besoins actuels.

Avec en toile de fond une crise économique mondiale, engendrée par le conflit russo-ukrainien et le réchauffement climatique, les prix des produits de première nécessité deviennent trop élevés pour une grande partie de la population. D’après le directeur général de l’Organisation internationale du travail (OIT), Gilbert F. Houngbo, «éviter les séquelles et protéger les personnes plus vulnérables en augmentant le salaire minimum et en garantissant des prestations de protection sociale devraient compter parmi les réponses prioritaires à la crise économique et sociale actuelle». Cette déclaration écrite a été envoyée aux délégués de l’Assemblée annuelle de 2022 du Fonds monétaire international (FMI) et du Groupe de la Banque mondiale.

Au Maroc, le gouvernement a pris certaines mesures à cet effet dans le cadre du dialogue social qui s’est tenu le 1?? septembre dernier. S’agissant du secteur public, le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) passe à 3.500 DH nets par mois. Cette hausse, à effet immédiat, est de 5% dans les secteurs de l’industrie, du commerce et des professions libérales. De plus, l’État a approuvé une augmentation, à hauteur de 3.000 DH, des salaires des enseignants chercheurs, qui concernera trois grades : les enseignants vacataires, les maîtres de conférence et les professeurs d’enseignement supérieur. Ces indemnités vont être versées à partir du 1?? janvier 2023 et vont s’étaler sur une période de trois ans.

Lire aussi : Ce que contient le PLF 2023

Révision de l’Impôt sur le revenu (IR)

L’Impôt sur le revenu (IR) est qualifié « d’injuste » par les syndicats. Ce dernier est payé par les employés de façon systématique, à un taux élevé atteignant les 38% de leur salaire. Dans un contexte marqué par la flambée des prix et la crise économique, le projet de loi de Finance 2023 prévoit la prorogation du délai de l’exonération de l’IR pour les employés nouvellement recrutés (pour une société ayant moins de 2 ans d’activité). Ainsi, cette exonération sera effectuée sur le salaire mensuel brut plafonné à 10.000 DH, versé par les entreprises créées durant la période allant du 1?? janvier 2015 au 31 décembre 2022, dans la limite de dix salariés. En outre, cet avantage est accordé pour une période d’une année, à compter de la date de recrutement du salarié, sous les conditions suivantes : être recruté dans le cadre d’un CDI (contrat à durée indéterminé) et le recrutement doit avoir lieu durant les deux premières années à compter de la date du début d’exploitation de l’entreprise.

Par ailleurs, le gouvernement envisage de réinstaurer, en 2023, l’impôt d solidarité sur les bénéfices. L’objectif est d’assurer un meilleur financement du chantier de généralisation de la protection sociale. Cette taxe sera appliquée sur les revenus ou les bénéfices allant d’un million de DH (MDH) à moins de 5 MDH (1,5%), de 5 MDH à moins de 10 MDH (2,5%), de 10 MDH à moins de 40 MDH (3,5%) et pour les bénéfices dépassant les 40 MDH (5%).

Lire aussi : Crise économique : le moral des ménages est au plus bas

Est-ce suffisant ?

Interviewé par LeBrief, Saïd Lamani, consultant en droit du travail, explique que l’augmentation du SMIG «n’est pas suffisante comparée au niveau de vie actuel». 

La situation économique continue à mettre à mal les Marocains. «On ne peut pas motiver les travailleurs avec ces mesures qui ont été prises dans un contexte économique marqué par la cherté de vie. Il faut que le gouvernement mette en place des compensations, notamment des aides de logement, transport, santé, etc», ajoute-t-il.

D’après Ahmed. S, un concierge dans un immeuble à Casablanca qui gagne 3.000 DH par mois et préfère garder l’anonymat, les charges quotidiennes ont augmenté et le coût de la vie actuel dépassent son revenu. «Tout est devenu cher maintenant, mais je garde le même salaire depuis six ans. Plusieurs personnes touchent le même salaire que moi depuis plusieurs années, malgré les dépenses qui se sont élevées». 

Enfin, le rapporteur spécial des Nations Unies sur l’extrême pauvreté et les droits de l’Homme, Olivier De Schutter, a exhorté les gouvernements à indexer les prestations sociales et les salaires sur l’inflation. «Ce n’est pas une hyperbole de dire que si les gouvernements n’augmentent pas les prestations et les salaires en fonction de l’inflation, des vies seront perdues», dénonce-t-il.

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