Image d’illustration. © DR
Depuis la première révolution industrielle, où le charbon et la vapeur offraient un avantage compétitif, la technologie a constamment transformé les industries, boostant les économies mondiales et redéfinissant les sociétés. L’émergence de l’électricité et du pétrole a marqué une nouvelle ère avec des innovations comme les chaînes de montage qui ont révolutionné les processus de production. La révolution numérique a introduit l’électronique et l’informatique, améliorant la connectivité et généralisant l’usage d’Internet, transformant les opérations industrielles. Aujourd’hui, la quatrième révolution industrielle, ou industrie 4.0, intègre des technologies avancées comme l’intelligence artificielle, l’internet des objets, la robotique avancée et la blockchain, révolutionnant la production, la gestion et la distribution.
Avec l’industrie 4.0, nous observons un changement de paradigme vers une approche holistique qui inclut des considérations sociales et environnementales, visant une production plus écologique et personnalisée. Cette transformation industrielle s’étend au concept plus large de l’industrie X.0, qui envisage une intégration encore plus poussée des technologies numériques dans tous les aspects de la production et de la gestion, encourageant une automatisation intelligente et une interconnexion globale. Des nations comme le Japon, l’Allemagne et les États-Unis adoptent ces nouvelles approches adaptées à leurs spécificités économiques et naturelles, illustrant l’impact des différences culturelles et socio-économiques sur la modernisation industrielle et leur position dans les chaînes de valeur mondiale.
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Préparer le Maroc pour l’industrie X.0
L’évaluation internationale révèle des insights importants pour la transition de l’industrie marocaine vers l’Industrie X.0, soulignant la nécessité pour le Maroc d’investir dans le développement des compétences, notamment en technologies numériques, et de stimuler l’innovation pour intégrer efficacement les nouvelles technologies et maintenir sa compétitivité. Le rôle du gouvernement est déterminant, nécessitant des politiques proactives pour appuyer cette transition, tandis qu’une collaboration renforcée au sein de l’écosystème industriel, impliquant entreprises, institutions de recherche et pouvoirs publics, peut accélérer ce passage et renforcer la compétitivité du secteur.
Bien que le Royaume ait adopté une stratégie de croissance sectorielle au cours des 15 dernières années pour accélérer l’industrialisation et l’intégration dans les chaînes de valeur mondiale, des défis persistants en matière de coordination avec d’autres politiques publiques, notamment dans l’éducation et la recherche scientifique, ont freiné l’exécution de ces plans. Actuellement, le pays ne dispose pas de stratégie spécifique à l’industrie future, mais face à l’adoption rapide des technologies numériques à l’échelle mondiale, il est impératif pour le Maroc de passer d’une industrie principalement orientée vers l’offshore et l’avantage du coût de production à une industrie innovante et technologiquement avancée.
Une enquête menée par l’Institut royal des études stratégiques (IRES) montre que 88% des entreprises marocaines sont conscientes de l’industrie du futur, indiquant une prise de conscience des transformations numériques et automatisées. Cette sensibilisation est essentielle pour fédérer les efforts de tous les acteurs du secteur dans le cadre d’une stratégie industrielle tangible, cohérente et adaptée aux réalités locales.
Disparités et défis de l’adoption de l’industrie X.0
L’analyse de la familiarité des entreprises marocaines avec l’industrie du futur révèle des disparités selon la taille et le secteur. Les secteurs primaire et tertiaire affichent une connaissance complète, alors que seulement 83% des entreprises du secteur secondaire déclarent connaître ce concept. Toutefois, malgré cette familiarité, seulement 15% des entreprises jugent leur niveau de numérisation élevé, ce qui souligne des lacunes en termes de ressources, de défis technologiques ou organisationnels.
D’après l’étude, 45% des entreprises ont entrepris des initiatives pour intégrer l’industrie du futur, montrant une volonté proactive de modernisation. Cependant, l’adoption complète est lente, avec seulement 6% des entreprises ayant intégré pleinement les concepts de l’industrie du futur, ce qui indique un rythme progressif d’adoption.
Les motivations pour adopter cette nouvelle industrie sont diverses et alignées avec les objectifs économiques nationaux, en particulier dans le secteur secondaire. Les entreprises cherchent principalement à accroître la compétitivité, se démarquer sur le marché, et rester pertinentes face aux pressions concurrentielles. Environ 27% des entreprises visent l’innovation et l’expansion du marché, reconnaissant l’importance stratégique de cette industrie pour leur croissance à long terme.
L’étude souligne également que 67% des entreprises marocaines disposent d’équipements ou de processus capables de réagir de manière autonome aux changements de conditions de production, indiquant un niveau relativement élevé d’intégration technologique. Cependant, 33% n’ont pas d’équipements automatiques, exposant une disparité dans la capacité technologique nécessaire pour une transition complète vers l’industrie X.0.
Bien que 65% des entreprises aient une connaissance de l’industrie 4.0, l’adoption pratique reste considérablement plus faible, mettant en lumière le fossé entre la compréhension et l’application effective des technologies avancées au sein de l’industrie marocaine.
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Stratégies de transition vers l’industrie future pour le Maroc
Pour assister le Royaume dans sa transition vers l’industrie du futur, des recommandations élaborées sur la base d’un benchmark international, de consultations avec des experts, et d’observations de terrain ont été formulées. Ces recommandations mettent en avant plusieurs axes stratégiques essentiels pour le développement industriel du pays.
Premièrement, il est impératif d’augmenter la compétitivité de l’industrie marocaine en investissant dans le développement du capital humain. Une attention particulière doit être portée à l’éducation et à la formation technique de haute qualité, alignées sur les besoins de l’industrie, à travers des programmes d’éducation technique et professionnelle destinés à préparer une main-d’œuvre hautement qualifiée.
Ensuite, l’étude recommande de se concentrer sur l’exploitation des marchés domestiques et africains en expansion. Cela nécessite la construction de canaux de distribution efficaces, le développement d’infrastructures logistiques robustes, et la consolidation des partenariats avec les acteurs commerciaux locaux. L’adoption de technologies avancées et l’utilisation d’outils d’analyse prédictive et de données du marché sont essentielles pour améliorer les processus de production et de distribution.
Il est également important de promouvoir une nouvelle génération d’industriels marocains, en encourageant l’innovation, l’utilisation durable des énergies renouvelables, et une intégration accrue dans les chaînes de valeur mondiale. Pour cela, l’élaboration d’un cadre réglementaire adapté est nécessaire pour assurer une intégration éthique et sécurisée des technologies avancées, tout en renforçant la compétitivité du pays.
Le transfert de technologie doit également être stimulé par des partenariats entre les universités, les instituts de recherche et le secteur industriel, ainsi que par la création d’instituts de recherche technologiques dédiés à la recherche appliquée pour faciliter le transfert de savoirs.
Renforcement financier et social
Pour optimiser l’impact des recommandations visant à améliorer l’industrie marocaine, il est important d’adopter des mesures financières ciblées. L’introduction d’un abattement fiscal pour stimuler les investissements dans l’immobilier industriel est proposée, libérant ainsi des capitaux essentiels pour l’innovation technologique et le développement industriel. De plus, faciliter l’accès au financement pour les entreprises est vital pour leur permettre d’investir dans de nouvelles technologies et de développer des produits innovants.
L’investissement via des fonds d’épargne collective ou institutionnelle dans des entreprises à risque positif pourrait revitaliser les flux de financement, tout en stimulant l’innovation et la croissance industrielle. En parallèle, la dimension sociale de la transition vers l’industrie du futur doit être une priorité, en assurant une distribution équitable des avantages technologiques et en renforçant les protections sociales face à l’automatisation potentielle de certains emplois. Cela comprend l’élargissement de l’assurance chômage et le soutien aux employés vers de nouvelles opportunités d’emploi, ainsi que l’abolition des barrières financières à la formation continue, notamment par la mise en place d’un fonds dédié à la montée en compétences des travailleurs.
En résumé, les initiatives suggérées englobent l’innovation technologique avancée, le renforcement du capital humain, l’élaboration de réglementations durables et éthiques, et un soutien financier robuste et pérenne. En adoptant ces stratégies, le Maroc peut non seulement transformer son paysage industriel mais aussi assurer une place compétitive dans l’économie mondiale tout en promouvant un développement inclusif et durable. La réalisation de ces objectifs dépend de la mise en œuvre efficace des mesures recommandées, qui solidifieront et augmenteront la compétitivité du «made in Morocco» sur la scène internationale.
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Rédaction LeBrief - 4 novembre 2024