Accueil / Économie

Importations de blé tendre : l’État conditionne les subventions

Temps de lecture

Photo d'illustration © DR

Depuis le 1ᵉʳ août, les subventions accordées aux importateurs de blé tendre ont connu un important changement. Suivant les directives gouvernementales, l’Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL) applique un nouveau mode de calcul. Les importateurs bénéficient, jusqu’à nouvel ordre, d’une prime forfaitaire calculée sur la moyenne des prix de revient la moins chère parmi les origines Allemagne, Argentine, France et États-Unis. Décryptage.

L’Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL) applique, depuis le 1ᵉʳ août, une nouvelle règle pour les subventions accordées aux importateurs de blé tendre. L’office calcule désormais la prime forfaitaire sur la base de la moyenne des prix de revient la moins chère parmi les origines Allemagne, Argentine, France et États-Unis. Pour le mois d’août courant, cette moyenne a été fixée à 20,70 DH le quintal. Le gouvernement avait suspendu exceptionnellement les droits d’importation sur le blé dans le but d’encourager les importateurs à maintenir le marché local approvisionné. Cette décision intervient à la suite de conditions climatiques défavorables à l’activité agricole au Maroc. Malgré le conflit entre la Russie et l’Ukraine, qui a eu un impact sur les prix mondiaux des céréales, le pays a réussi à maintenir son stock de blé à un niveau optimal.

Lire aussi : Campagne agricole 2022/2023 : quelles prévisions ?

Diversifier les sources d’approvisionnement

Une lecture du bref communiqué publié par l’ONCIL avant la mise en application de cette nouvelle règle permet de saisir la portée de cette décision. Elle vise à inciter les importateurs de blé tendre à diversifier leurs sources d’approvisionnement. Jusqu’à présent, le Maroc a principalement importé son blé d’Europe, mais il se tourne désormais vers des fournisseurs de la Mer noire (Russie et Ukraine).

Pourtant, au mois de juin, l’ONICL avait annoncé que le Maroc prévoyait d’importer jusqu’à 25 millions de quintaux de blé entre le 1ᵉʳ juillet et le 30 septembre 2023, avec une subvention conditionnée à un prix de revient supérieur à 270 DH par quintal pour les importateurs. Cette prime était calculée sur la base de la différence entre le coût du blé étranger et le prix d’importation de référence. Le changement opéré depuis le 1ᵉʳ août permettra plus d’indépendance vis-à-vis du blé européen. Au cours de la saison 2022-2023, le Maroc est devenu la principale destination du blé de l’Union européenne, avec 4,7 millions de tonnes importées au royaume, dépassant ainsi l’Algérie qui s’est tournée davantage vers le blé russe.

Lire aussi : Les céréales ukrainiennes : l’arme de Poutine contre les sanctions, une menace pour le continent ?

Constituer un stock stratégique

Le blé constitue environ 60% des importations de céréales du Maroc, avec une majorité d’approvisionnements en provenance de l’Union européenne et des pays de la Mer noire. Cependant, les parts des importations en provenance de l’Argentine et du Brésil connaissent une augmentation, tandis que celles de l’Ukraine et de la Russie connaissent un déclin. Lors des quatre dernières années, les importations de blé en provenance d’Ukraine et de Russie représentaient respectivement environ 20% et 7% des importations totales. Toutefois, en 2022, elles ont été quasi-nulles pour l’Ukraine et inexistantes pour la Russie.

Pour protéger les producteurs locaux de la concurrence internationale, le Maroc applique une politique de droits d’importation sur le blé, révisés périodiquement en fonction de la situation de l’offre et de la demande locaux. Ces droits sont généralement fixés au niveau le plus élevé au moment de la récolte. Depuis novembre 2021, les droits d’importation sur le blé tendre et le blé dur ont été suspendus dans le but d’encourager la constitution de stocks, et cette suspension reste en vigueur jusqu’au 31 décembre 2023. En outre, le gouvernement marocain soutient également la production de blé en fixant un prix de référence pour l’achat de la production nationale. Pour l’année 2023, ce prix est maintenu à 3.000 DH la tonne, inchangé par rapport à l’année précédente, mais en hausse par rapport à la période entre 2017 et 2021 où il était fixé à 2.800 DH la tonne. Le gouvernement prévoit aussi d’accorder une prime de stockage aux agriculteurs qui décident de conserver leur grain de blé dans des installations agréées. Cette mesure vise à renforcer la constitution de stocks stratégiques pour faire face aux fluctuations des marchés internationaux et assurer une sécurité alimentaire plus solide dans le pays.

Pour rappel, les changements climatiques ont conduit à une baisse de production céréalière nationale pour la saison agricole en cours. Initialement estimée à environ 75 millions de quintaux, la production nationale de céréales a été récemment ajustée à 55 millions de quintaux. Cette révision à la baisse est attribuée aux retards de pluie survenus pendant la période agricole ainsi qu’aux températures records enregistrées dans le pays. Ces conditions climatiques difficiles ont eu un impact direct sur les cultures céréalières, affectant leur développement et entraînant une baisse significative des rendements prévus. Les retards de pluie ont perturbé les phases cruciales de la croissance des cultures, tandis que les températures exceptionnellement élevées ont nui à leur productivité. À noter enfin que le blé tendre est une denrée de base puisqu’il est utilisé pour la fabrication du pain, un produit indispensable pour les Marocains.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Quand la croissance des recettes ne freine pas le déficit

Économie - L'exécution budgétaire du Maroc a montré des signes de tensions financières, avec un déficit qui s’est creusé de 11,6 MMDH par rapport à la même période en 2023.

Mbaye Gueye - 20 décembre 2024

Le besoin de financement du Trésor en légère baisse à fin novembre

Économie - À fin novembre 2024, le besoin de financement du Trésor s’est établi à 55,9 MMDH, contre 59,2 MMDH à la même période en 2023.

Rédaction LeBrief - 20 décembre 2024

Légère hausse de l’inflation en novembre 2024

Économie - En novembre 2024, l’indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 0,8% par rapport à novembre 2023, selon le HCP.

Rédaction LeBrief - 20 décembre 2024

Tanger-Tétouan-Al Hoceima : plus de 9.700 entreprises créées au T3-2024 (OMPIC)

Économie - Selon l’OMPIC, 9.761 entreprises ont été créées dans la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima durant les neuf premiers mois de 2024.

Mbaye Gueye - 20 décembre 2024

12-18 décembre : le déficit de liquidité bancaire se creuse de 2,4%

Économie - Le déficit de liquidité bancaire au Maroc s'est creusé de 2,4%, atteignant 138,9 milliards de dirhams.

Rédaction LeBrief - 20 décembre 2024

Délais de paiement : l’amende réajustée au nouveau taux directeur

Économie - La Direction générale des Impôts (DGI) a annoncé que les factures dont le délai de retard du paiement commence à partir du 1er décembre 2024, sont passibles d’une amende pécuniaire fixée au nouveau taux directeur (TD) de Bank Al-Maghrib (BAM).

Mbaye Gueye - 20 décembre 2024

Casablanca-Pékin : RAM relance sa liaison directe

Économie - La RAM relancera sa ligne directe Casablanca-Pékin dès le 20 janvier 2025, ce qui renforce des liens entre le Maroc et la Chine.

Ilyasse Rhamir - 20 décembre 2024

Essaouira : Akhannouch préside le développement de la station Mogador

Économie - Akhannouch a présidé à Essaouira une cérémonie de signature d’une convention pour le développement de Mogador.

Rédaction LeBrief - 20 décembre 2024
Voir plus

Hard-discount toujours plus bas, mais à quel prix ?

Dossier - Le hard-discount a-t-il trouvé LA recette miracle pour proposer LA bonne affaire ? Pas sûr… la lame peut être à double tranchant.

Sabrina El Faiz - 7 décembre 2024

ANCFCC : bon cru 2020

J.R.Y - 19 mars 2021

La Chambre des représentants adopte le PLF 2025 en deuxième lecture

Économie - La Chambre des représentants a approuvé, à la majorité, en deuxième lecture, le projet de loi de finances (PLF) n°60.24 pour l’année budgétaire 2025.

Mbaye Gueye - 6 décembre 2024

She Impulse : l’AFEM révolutionne l’entrepreneuriat féminin au Maroc

Économie - L’AFEM a dévoilé, mardi 3 décembre 2024, sa nouvelle feuille de route stratégique baptisée « She Impulse : Créateur de valeurs ».

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2024

Tourisme marocain : entre traditions et nouvelles ambitions

Économie - Entre la montée en puissance du tourisme interne et l’importance accrue du tourisme culturel, le Royaume repense son approche pour s’adapter à la demande croissante.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

Pirater ou réguler : le défi BeIN Sport au Maroc

Économie, Entreprise - Face à la prolifération des serveurs IPTV illégaux, qui permettent aux utilisateurs d’accéder à ses contenus sans payer, BeIN Sport s’interroge sur les moyens de protéger ses droits.

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire