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Immigration en Italie : les Marocains en 3e position

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Maroc-Italie. © DR

Avec 342.469 ressortissants en 2023, les marocains représentent 7,8% de la population étrangère en Italie. Acteurs essentiels de l’économie, ils font face à des défis structurels liés à la précarité de l’emploi en plus d’inégalités sociales.

Les statistiques publiées par l’INPS (Institut national de prévoyance sociale) en 2023 révèlent que les étrangers en Italie étaient au nombre de 4,38 millions, en augmentation de 4,3% par rapport à 2022. Parmi eux, les marocains se distinguent comme la troisième communauté étrangère la plus représentée, derrière les Roumains (705.961) et les Albanais (427.717).

Bien que leur contribution au marché du travail soit importante, représentant une large majorité de travailleurs actifs, les Marocains se heurtent à des défis persistants : des écarts salariaux, une couverture sociale limitée et une répartition géographique asymétrique.

Des écarts importants malgré une participation massive

Les Marocains se distinguent par une forte participation au marché du travail : 292.976 marocains, soit 85,5% de la communauté, sont des travailleurs actifs, un pourcentage supérieur à la moyenne des étrangers non communautaires en Italie. Ces emplois se concentrent dans trois principaux secteurs :

L’agriculture : parmi les 292.720 travailleurs agricoles étrangers en Italie, une grande proportion est marocaine. Cependant, la rémunération moyenne annuelle dans ce secteur atteint à peine 9.477 euros, bien en deçà de celle des secteurs non agricoles (18.067 euros).

Les services domestiques : les travailleurs domestiques marocains, souvent des femmes, perçoivent une rémunération moyenne similaire, soit environ 9.280 euros par an.

Les secteurs industriels et de la construction : bien que mieux rémunérés (autour de 15.000 euros par an), ces secteurs restent également marqués par des emplois pénibles et des conditions de travail généralement très précaires.

Lire aussi : Migration record : un essor économique, des défis sociaux

En termes de prestations sociales, 20.205 Marocains bénéficient d’aides au revenu, soit 5,9% de la communauté. Ce chiffre, relativement bas, illustre l’accès limité aux dispositifs de soutien en raison de leur statut professionnel ou de périodes d’emploi discontinues.

Le rapport met aussi en lumière les inégalités en matière de retraites. Les retraités marocains perçoivent en moyenne 10.529 euros par an, soit bien moins que les ressortissants communautaires européens, dont les pensions annuelles atteignent 19.120 euros pour les prestations liées à la vieillesse ou à l’invalidité. Ces écarts reflètent les disparités dans les contributions sociales accumulées au cours de leurs carrières.

Une population jeune et dynamique

Un point marquant pour la communauté marocaine en Italie est sa jeunesse. En 2023, 45,6% des étrangers non communautaires ont moins de 39 ans, et cette tendance est également valable pour les Marocains. Cette jeunesse représente un atout pour le marché du travail italien, dans un pays où la population est vieillissante (2e pays le plus âgé au monde, après le Japon, soit 168,7 personnes âges pour 100 jeunes).

Cependant, cette dynamique démographique s’accompagne de défis liés à l’intégration. Les jeunes marocains, souvent nés en Italie ou arrivés en bas âge, font face à des difficultés dans l’accès à des emplois qualifiés ou à des formations professionnelles adaptées.

En termes de répartition géographique, 61,8% des Marocains résident dans le nord de l’Italie, une région économiquement prospère et riche en opportunités d’emploi. En revanche, seulement 14,9% vivent dans le sud du pays, où les opportunités sont moindres.

Lire aussi : Les médias au service des migrants

Une intégration freinée par des inégalités structurelles

Malgré leur présence essentielle dans des secteurs vitaux pour l’économie italienne, les Marocains continuent de faire face à des discriminations et à une sous-valorisation de leur travail. En moyenne, les travailleurs marocains perçoivent des salaires inférieurs à leurs homologues italiens et communautaires européens.

Par ailleurs, le taux de masculinité élevé (71,3%) parmi les Marocains reflète une migration historiquement axée sur la pénibilité de l’emploi. Cela souligne aussi le besoin de renforcer les politiques de regroupement familial et de soutien aux femmes marocaines, souvent marginalisées sur ce marché du travail.

Enfin, les transferts financiers des marocains vers leur pays d’origine restent un levier essentiel pour l’économie marocaine, mais ils témoignent également de la double pression que subit cette communauté : répondre aux besoins de leur famille en Italie et soutenir celles restées au Maroc.

Les 342.469 Marocains en Italie représentent bien plus qu’une statistique. Ils sont un réel support de l’économie italienne, contribuant à des secteurs de premier plan tout en maintenant des liens forts avec leur pays d’origine. Cependant, les écarts salariaux, les inégalités sociales et les barrières à l’intégration freinent leur épanouissement.

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